François Ruffin (capture d'écran) |
Certes, François Ruffin
demeure le débatteur iconoclaste peu sensible aux règles conventionnelles comme
dirait Pierre Lescure. Qu’il siège à l’Assemblée nationale, tende le micro aux
personnes qu’il rencontre, réponde aux questions des journalistes de France 5,
l’adversaire farouche d’Emmanuel Macron, demeure un orateur insatiable et
impitoyable. Se revendiquant d’une gauche anticapitaliste, amateur de la lutte
des classes et des rapports de force, acceptant des doutes, une fragilité et
une sensibilité à fleur de peau, François Ruffin est apparu terriblement humain
et solidaire. Si l’on peut parler
de mépris de classe de la part de certains à l’égard des gilets jaunes, on peut
sans se tromper évoquer le mépris qu’éprouve François Ruffin à l’égard d’Emmanuel
Macron dont la seule qualité serait, selon lui, « l’art de la séduction. » C’est déjà cela mais c’est peu.
François Ruffin revendique
une œuvre, un statut d’artiste, avec films et livres au bilan, un amour immodéré
des gens faibles, des modestes, des gens qu’on ne reconnaît pas, dont l’amour
propre est sans cesse agressé et il n’omet pas de souligner que lui, François
Ruffin, a déjà songé à quitter volontairement notre monde, quand le sens qu’il
y donne, penche vers l’absurde absolu ou l’irrespect total des personnes…« J'avais le sentiment d'être une merde » avoue-t-il. Il y
a chez lui de la sincérité, une clarté intellectuelle et militante, une forme
de sectarisme, sans doute, qui lui permet de demeurer installé fermement sur
ses valeurs et ses principes de vie.
Ruffin ne sait pas (ne veut
pas ?) cultiver pas l’art du compromis. Il fonce, les yeux grands ouverts contre
un monde qu’il juge injuste, inégalitaire, brutal. Il ne reconnaît aucune
qualité intellectuelle à Emmanuel Macron qui serait, au fil du temps, passé de l’école de la Providence d’Amiens
à l’ENA et à l’Elysée par des portes dérobées. Sur ce point, François Ruffin
devrait être économe de son mépris. On ne devient pas Président de la République
sans un minimum de background, comme disait Philippe Pontet, ancien député de l’Eure. Directeur
d’un journal — Fakir — pendant 20 ans, François Ruffin demeure un journaliste
curieux, talentueux, attaché à un territoire et à ses habitants. Il se désole
de déplorer la fermeture des services publics et celle des usines. Il reconnaît
ne pas avoir la stature d’un Président de la République et quand on évoque
devant lui le Brexit, il souhaite des solutions équilibrées car « il n’est pas
un spécialiste de la politique étrangère. »
Finalement, Ruffin est un être
torturé, tout le temps dans l’empathie. Il sait faire pleurer les dames ce qui
démontre un charme certain et une volonté de ne pas blesser. Du moins ceux et
celles qu’il préfère. Les autres ? Il ne veut même pas les connaître.
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