Tokyo-Paris en classe affaires
Le principal responsable du
vol Tokyo-Paris à 350 000 euros au bénéfice du Premier ministre n’est pas
Edouard Philippe lui-même. A ce niveau, l’intendance n’est pas assurée par les
ministres eux-mêmes mais par les petites mains (ou les grands pieds en l’occurrence)
dont le travail consiste à faciliter les déplacements de personnalités
forcément surbookées. Je m’interroge sur le haut niveau d’amateurisme constaté
dans cette affaire qui, si elle ne met pas en cause le fonctionnement des
institutions pose tout de même un problème moral voire financier quand des
efforts sont demandés aux Français qui ne peuvent que s’indigner face à une
dépense pareille !
L’argent public devient
rare. Les élus sont donc invités, quel que soit leur niveau, à faire profil bas
qu’il s’agisse de leurs frais ou de leurs privilèges ou de leurs avantages. On
ne connaît pas toutes les délibérations des conseils municipaux de France ou de
Navarre, dans des grandes ou des petites villes et des villages aussi où des
élus pas suffisamment scrupuleux se font voter des remboursements de frais, des
indemnités surcotées parfois au mépris de la loi. Il s’agit bien sûr d’une
minorité. Mais quand j’entends que, depuis son élection comme maire de Béziers,
Robert Ménard (droite extrême) a dépensé 570 000 euros en frais d’avocat pour
représenter la ville dans différentes instances, on est en droit de
s’interroger sur la qualité de son action et sa vigilance à respecter le droit.
« Ce ne sont pas des bêtes »
Et encore, devrait-on se
soucier plus qu’on ne le fait du sort des animaux dont on sait maintenant
qu’elles sont, comme les hommes, susceptibles de souffrances et de douleurs. En
déclarant « ce ne sont pas des bêtes », un militant humaniste du sud de la
France veut tout simplement affirmer que les réfugiés, migrants, exilés, quel
que soit le nom qu’on leur donne, doivent être traités avec dignité, respect de
la personne, dans la tradition d’accueil de la République.
Je sais. Il y a les textes
et l’application des textes. Sous la 4e République et même après, on
a vu tant de gouvernements invoquer la loi sans jamais avoir l’intention de
l’appliquer. Un principe constitutionnel, ce n’est pas rien. Il encadre notre «
vivre ensemble » comme on dit, et a évidemment vocation à être concrétisé dans
notre quotidien. Le gouvernement actuel semble plus qu’hésitant sur la
conduite à tenir à l’égard des étrangers en situation irrégulière. Ils — et
elles — viennent d’Afghanistan, de Syrie, d’Erythrée, du Sahel, pour échapper
aux guerres, au terrorisme, à la pauvreté, alors même que les réfugiés
climatiques vont devenir de plus en plus nombreux. Notre société a le devoir de
les traiter autrement que comme des délinquants ou des parias. Michel Rocard
avec sa célèbre formule : « La France ne peut accueillir toute la misère
du monde mais elle doit en prendre sa part » indique le chemin à suivre. Reste
à déterminer la grosseur de la part.
Trump a tout faux
Trump a été élu grâce à la
loi électorale américaine mais pas parce qu’il a obtenu le plus de voix.
Hillary Clinton l’a même devancé de trois millions de suffrages et a donc gagné
au sens démocratique. Depuis son élection, Trump a tout faux. Pas seulement
parce qu’il ment à temps complet ce qui est très grave quand même mais parce
que les décisions qu’il prend sont marquées du sceau de la xénophobie ou de la
protection des riches. Sans oublier ses agressions permanentes contre les
scientifiques, chercheurs, élus, citoyens convaincus que le réchauffement
climatique est une plaie pour l’humanité.
Les élections de mid-term de
l’automne prochain seront décisives pour empêcher qu’il continue de nuire. Si
le Sénat retrouve une majorité démocrate, si la chambre des représentants vire
au bleu, alors les Américains pourront souffler un peu. Certes, il faudra
encore tenir deux ans et espérer une prise de conscience de la part des
électeurs-trices qui choisiront en 2020. On l’a vu en 2016, rien n’est écrit. Peut-être
le vote des femmes sera-t-il décisif après le tsunami contre les agresseurs et
violeurs ? Car Trump est mis, lui aussi, en cause pour des propos, des
comportements, des actes que la morale et la loi réprouvent. Son attitude à l’égard
d’Hillary Clinton lors des débats publics demeure inqualifiable.
Rajoy tiendra-t-il jusqu’en 2020 ?
Mariano Rajoy a perdu son
pari et va devoir réviser sa façon de faire de la politique. Les résultats des
élections régionales de Catalogne ont donné une courte victoire aux séparatistes
si bien que la situation globale n’a guère évolué après le scrutin. Parmi les
raisons qui ont suscité le rejet du Parti populaire et la victoire en voix et de
la droite unioniste de Ciudadanos, l’intervention policière brutale du pouvoir
espagnol lors du référendum de l’automne a joué un rôle important. J’ai encore
en mémoire les images choquantes de ces hommes armés cognant pour cogner et
humiliant pour humilier alors qu’un problème politique doit se traiter politiquement.
Dans une Union européenne
démocratique qui n’est pas l’Europe des régions, il va de soi que toutes les
tentatives de scission portent atteinte aux valeurs et aux aspirations des
fondateurs de l’Union. Le projet se voulait un projet de paix, d’abord et de
développement ensuite, sans oublier le droit, la liberté d’expression, la
liberté de penser et de s’opposer. Défendre une langue, une culture, une
histoire ne doit en aucun cas s’avérer un combat égoïste. La Catalogne est
riche, les Flandres sont riches, l’Ecosse a du pétrole et est donc riche, le
haut Adige est riche. Faut-il chercher là le sentiment nationaliste ?
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