« Nous avons lutté contre les frondeurs, nous avons
soutenu le gouvernement de Manuel Valls, nous nous situons tous dans une
optique de progrès, de social-démocratie et de réformes, et non pas dans une
optique d'illusions et de rêves pour 2050", explique le député François Loncle. « Je ne soutiendrai pas le revenu universel, je ne soutiendrai pas le
49.3 citoyen, je ne soutiendrai pas le discours ambigu sur la laïcité de Benoît
Hamon. » (référence France Info)
C’est clair et net. François
Loncle et un certain nombre de députés PS annoncent, en ce jour de vote du
second tour de la primaire citoyenne, qu’ils ne rejoindront pas Benoît Hamon si
celui-ci gagne ce soir. Donc qu’ils ne le soutiendront pas lors de la prochaine
campagne présidentielle. Cette déclaration entre en contradiction avec la
charte signée par les candidats à la primaire citoyenne mais les politiques ne
sont pas à un renoncement près. Certains d’entre eux seraient même disposés à
signer un texte appelant à rejoindre le mouvement « en Marche » d’Emmanuel
Macron. Ils accompagneront ainsi Alain Minc, Jean-Marie Cavada, Corinne Lepage, Bernard
Kouchner, j’en passe et des meilleurs.
Soutien de Martine Aubry
On verra, dès ce soir, si
cette menace n’a qu’un objectif : effrayer les électeurs d’Hamon invités à
rallier Valls, ou si ces affirmations sont plus sérieuses. Certes, François
Loncle ne s’est jamais présenté comme un apparatchik du PS si bien que sa
longue mandature depuis 1981 (avec interruption de 1993 à 1997) impliqua
forcément des mises à distance parfois judicieuses. Il appela à voter Aubry au
premier tour de la primaire de 2011 par exemple. Pour justifier ce choix, il
énuméra la liste des erreurs du premier secrétaire d’alors du nom de François
Hollande. Mais au second tour, il joua le jeu et soutint le président actuel…comme
de nombreux Français.
Soutien de Jérôme Cahuzac et DSK
A dire vrai, je ne suis pas
surpris de cette prise position du député de Louviers. Depuis plusieurs années,
François Loncle se situe dans cette frange de parlementaires « loyalistes » à
tout crin, ceux qui ont voté comme un seul homme la déchéance de nationalité ou
le CICE sans contreparties. Lors des affaires qui ont pourtant ruiné la
confiance des Français à l’égard du pouvoir socialiste, François Loncle a
longtemps soutenu Jérôme Cahuzac ainsi que Dominique Strauss-Kahn, voyant dans
le premier cas une cabale organisée par Médiapart (1) et dans le second un
complot ourdi par les Sarkozystes. On sait que la vérité était bien différente.
Un cheminement cohérent ?
Sa prise de position
d’aujourd’hui n’est finalement que l’aboutissement d’un cheminement cohérent
depuis 1978 quand François Mitterrand imposa son parachutage à Louviers contre
les socialistes locaux. Logique avec lui-même le député de Louviers qui se
représentera peut-être aux prochaines législatives, a donc décidé de taper fort
sur le programme de Benoît Hamon même si certaines de ses critiques sont
injustes. Constater, comme le fait le favori du second tour de la primaire, que
l’interdiction d’entrée des femmes dans des cafés est un fait ancien en France —
que Benoît Hamon considère par ailleurs comme inadmissible (2) — et le rend donc
ambigu à l’égard de la laïcité est un procès indécent. Benoît Hamon a eu
l’occasion depuis de faire litière de cette accusation et de montrer un
attachement indéfectible à la loi de 1905. Quant au revenu universel, les
débats en cours et à venir démontreront qu’il ne s’agit pas pour Benoît Hamon
de faire l’éloge de la paresse mais de tenir compte d’un réel bien tenace et
d’une raréfaction du travail humain dû aux technologies avancées. Après tout,
si Valls et Hamon sont finalistes c’est bien qu’ils ne sont pas d’accord sur
tout, non ? Les démêlés de François Fillon avec la justice, les emplois
fictifs du FN à Strasbourg, tous ces événements immoraux voire illégaux
concourent à faire de la prochaine présidentielle, une élection mystère. Qui
sera le ou la candidat(e) préféré(e) des Français ? Un candidat de gauche
a-t-il encore une chance de l’emporter ? Comme dirait Manuel Valls : « rien n’est écrit »
(1) Mediapart est une très belle entreprise de presse
qui compte 130 000 abonnés. Indépendante des puissances d’argent et de la
publicité, elle comptera bientôt plus de 80 salariés en CDI.
(2) Malek Boutih a osé assurer que Benoît Hamon était
un ami des « frères musulmans ». Le finaliste de la primaire a préféré se
moquer de cette affirmation polémique totalement infondée.
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