Le général de Gaulle en Irlande après la défaite de 1969… |
En entendant François Ruffin
affirmer dernièrement dans l’émission 28 minutes sur Arte, que ceux qui critiquent les résultats des
referendums visent, ni plus ni moins, qu’à remettre en cause la validité du
suffrage universel et qu’en le contestant c’est faire preuve d’une arrogance
antidémocratique, j’ai explosé intérieurement. Lui, François Ruffin, considère
que les referendums sont l’expression légitime des colères du peuple et que ce
processus électoral ne mérite pas tant d’opprobre. D’ailleurs ne vient-il pas d’affirmer
qu’au « populisme de droite, il fallait opposer le populisme de gauche. » Merci
beaucoup mais le théâtre politique est déjà rempli de ces histrions fanatiques
ivres de ce que d’aucuns appellent l’ère post-vérité. La vérité des faits et des
événements ne vaut plus rien. Ce qui compte, c’est la rumeur. Vive Trump, Vive
Farage, Vive Grillo, Vive Poutine, Vive Le Pen ! Vive Ruffin !
Le referendum est-il l’outil
démocratique absolu tel que vanté, notamment, par tous ces populistes de droite
et de gauche ? Sur le papier, c’est vrai, le referendum peut apparaître
comme la forme la plus aboutie de l’expression populaire. Le général De Gaulle
a même souhaité en faire un outil de gouvernance. Il en a été lui-même victime en
1969 lors de ce fameux referendum sur la régionalisation perdu comme chacun
sait par l’homme de la France libre. Il s’agissait d’une autre époque, sans
doute, pourtant les Français répondaient déjà, non pas à la question, mais à
celui qui la posaient. Si c’était à refaire, j’en connais qui modifieraient leur
vote de l’époque puisque dans le texte du général le Sénat devait disparaître
et que personne, depuis, n’a osé revenir sur sa suppression au fond pas si
contestable que cela.
Dans un référendum, si la
question peut s’avérer complexe, la réponse est très simple : c’est oui ou
c’est non. C’est blanc ou c’est noir. Dans une démocratie présidentialo-parlementaire,
le referendum met en prise directe le chef de l’Etat et le peuple,
court-circuitant, de fait, les corps intermédiaires que sont les parlementaires,
les partis politiques, les associations. Posons nous donc la question de savoir
pourquoi les Le Pen et autres Wilders (aux Pays-Bas) réclament à cors et à cris
un referendum pour exiger la sortie de l’Europe ? Parce qu’ils pensent éviter
le lent et patient travail d’explications permettant d’informer le peuple mais
surtout parce qu’ils sont convaincus (exemples le Brexit et le referendum
italien) qu’il est plus facile de mentir et donc de tromper les électeurs(trices).
Le referendum est devenu un moyen d’efficacité pour un discours simpliste « qui
parle aux tripes » comme le dit si bien Beppe Grillo. Les tenants du Brexit ont
menti et c’est grâce à leurs arguments fallacieux qu’ils ont gagné. Quant à l’élection
de Trump, s’il ne s’agissait pas d’un référendum, on ne peut pas dire que la vérité
y ait trouvé son compte.
François Ruffin que j’ai
connu plus avisé, devrait réfléchir à cette évidence. Avec le referendum, les
bonimenteurs et les menteurs peuvent plus aisément tromper les peuples. Voilà
pourquoi il convient d’être circonspect à l’égard de cet outil qui a toutes les
apparences de la démocratie sans avoir très peu de ses avantages : quand
la démocratie parlementaire prend le temps des consultations, le referendum est
brutal, pervers, rapide et surtout définitif. Au Parlement, une loi peut être
modifiée voire supprimée…pour remettre en cause un référendum, il faut en
organiser un autre. C’est forcément plus compliqué.
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