6 janvier 2016

Un état fort n'est pas forcément un état policier


Un état fort. C’est ainsi qu’Alain Juppé nous décrit la France qu’il imagine une fois parvenu au pouvoir c’est-à-dire à la présidence de la République. Porté par les flots déchainés des sondages, Alain Juppé, maire de Bordeaux, ancien Premier ministre, ex-exilé au Canada, blogueur devant l’éternel, sort, à petit feu, les livres qui valent projet présidentiel.

Alain Juppé.
Un état fort, donc. Et en lisant attentivement les mesures qu’il compte faire adopter par un futur parlement à ses bottes dans lesquelles il continue de se tenir droit, Alain Juppé ne va pas rassurer les électeurs de gauche dont certains, aujourd’hui, ont un faible pour lui. Si ses propositions économiques à venir sont du même tonneau que ses motivations en matière de sécurité, de justice, de police et de répression, les syndicats de salariés et quelques autres ont du mouron à se faire.

Alain Juppé est malin. Il est contre la déchéance de la nationalité qu’il juge inutile mais déclare qu’il voterait la proposition Hollande s’il était député. Il propose également de supprimer la circulaire actuelle sur les migrants, de cogner contre les parents de délinquants en leur coupant les vivres, de supprimer les réductions de peine, de revenir aux peines plancher…etc.etc. Alain Juppé est bien un homme de droite. Il pense à droite et n’a donc que très peu de différences idéologiques avec Sarkozy.

Il se trouve que les propositions de modification de la loi pénale avancée par Manuel Valls collent parfaitement avec l’état policier souhaité par la droite ; La mise sur la touche du juge judiciaire au bénéfice des procureurs devrait soulever les foules. Qu’on puisse pénétrer chez vous à deux heures du matin et fouiller votre véhicule sans discernement c’est-à-dire sans contrôle d’un magistrat indépendant du pouvoir ne laisse pas d’inquiéter. Il s’agit ni plus ni moins de maintenir l’état d’urgence sous une forme plus policée mais pas moins policière. Je ne doute pas que les associations de défense des droits de l’homme et des garanties attendues d’une démocratie mature vont se mettre en branle pour stopper les dérives en cours.

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