Le trader Jerôme Kerviel est
passé, cette semaine, devant la justice. Mais cette fois à sa demande et pour
solliciter un suris à statuer suite aux déclarations récentes d’un commandant
de police et d’une procureure de la République enregistrée à son insu. Jérôme
Kerviel considère depuis toujours qu’il a été victime d’une erreur judiciaire.
Il ne nie pas avoir fait perdre 5 milliards d’euros à la Société générale mais
jure qu’il était couvert par sa direction au courant de ses prises de
positions. Ce que cette dernière conteste. Cette direction n’a jamais voulu
reconnaître qu’elle connaissait les méthodes, les pratiques et les risques
encourus par la banque du fait des agissements d’un trader jusque là veinard.
L’instruction, suite à la
plainte de la Société générale, et selon toute vraisemblance n’a pas été
conduite à charge et à décharge. Une policière attachée à la direction des
affaires financières de la police judiciaire, a expliqué les difficultés qu’elle
a dû affronter pour accéder à certaines pièces et certains documents du fait du
refus de la Société générale. C’est d’autant plus troublant que l’enregistrement
clandestin de la procureure-adjointe confirme que la direction de la Société générale
a pollué l’enquête de manière à ne faire valoir que la thèse des dommages subis
et non à faire apparaître les rôle réel des protagonistes. Me Koubi, l’avocat
de Jérôme Kerviel, ne lâchera rien. S’il peut apporter la preuve du
comportement de certains dirigeants de la grande banque française, il ne s’en
privera pas. Une justice équitable est-elle possible en France en 2016
quand une grande banque « too big to fail » (1) est mise en cause ? C’est
tout l’enjeu des futures confrontations devant les juges.
S’agissant des banques, le
Point nous apprend que 38 000 comptes cachés appartenant à des Français ont été
découverts au sein de la banque UBS…en Suisse. La liste aurait transité par l’Allemagne.
Le journal affirme que Bercy pourrait (au conditionnel donc) récupérer 12
milliards d’euros. Mais Bercy fait le mort ou plutôt le sourd. Aucun ministre
ne veut confirmer une information très sensible. Les dirigeants d’UBS nient.
Ils affirment avoir fait le ménage. Il ne fallait quand même pas attendre un
mea culpa de la part d’hommes et de femmes habitués aux cachoteries et aux
contre-vérités.
Il faut absolument que les
dirigeants du gouvernement français soient aussi sévères que les Américains.
Eux ont réussi à attendrir suffisamment la chair des banques suisses.
Jean-François Copé nous fait
le coup du retour après 18 mois de diète médiatique sans qu’il ait stoppé une
seconde d’être présent à la mairie de Meaux ou à l’Assemblée nationale. Il
se présente comme une victime. Victime expiatoire dans l’affaire Bygmalion à l’origine
de son éjection de la tête de l’UMP et du financement de la campagne de Nicolas
Sarkozy en 2012 (2), victime des médias, victime de la haine de certains de ses
compagnons (?) et aussi — ce qu’il ne dit pas — victime de lui-même. Ses
saillies sur le pain au chocolat ont laissé un souvenir amer. Il les regrette…sincèrement ?
Il n’empêche que Jean-François
Copé fait son grand show sur la scène publique avec des confidences à la télé,
des propos humbles à la radio et des petits secrets racontés dans son livre qui
lui sert de viatique. Le livre, c’est pratique et ça peut rapporter gros.
Sarkozy s’y met aussi tout comme Juppé, Fillon, Le Maire bientôt, tous
candidats à la primaire « de la droite et du centre » comme ils disent. Si tous
les politiques se mettent à raconter (ou à faire raconter) leurs états d’âme on
n’a pas fini d’alimenter le pilon.
Faut-il prolonger l’état d’urgence
comme va, dit-on, le demander François Hollande ? Le péril justifiant
cette situation d’exception est-il réellement imminent ou ne s’agit-il que d’un
risque permanent avec lequel notre démocratie va devoir s’habituer à vivre. La Ligue
des droits de l’homme lutte avec efficacité et crédibilité contre l’état d’urgence
ad vitam aeternam. Ses avocats ont saisi les juridictions ad hoc pour éviter
que la France soit pointée du doigt par les institutions européennes chargées
de veiller au respect des droits et des libertés. Ne nous résignons pas. Ne
nous habituons pas à vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Attendons avec impatience et
raison de connaître la liste des députés de la nation prêts à vendre leur âme
pour constitutionnaliser la déchéance de nationalité. La liste des supporteurs
de cette incongruité extravagante pour qui se dit de gauche évidemment sera rendue
publique. Nous y serons donc attentifs.
(1) Expression anglaise
signifiant « trop gros pour faire faillite ».
(2) Affaire Bygmalion :
« connais pas ! » ose assurer Sarkozy dans son prochain livre ! Qui
le croira ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire