Malgré toutes les précautions
sémantiques prises par le gouvernement, la déchéance de la nationalité pour les
binationaux coupables de crimes terroristes, qu’ils soient nés en France ou
ailleurs pourrait être inscrite dans notre constitution. Cette proposition choque
plus d’une conscience et en révolte bien d’autres.
En reprenant à son compte
lors de son discours devant le congrès réuni à Versailles, une antienne du
Front national et de nombre d’élus de la droite dite forte, François Hollande n’escomptait
pas un avis favorable du Conseil d’Etat. La juridiction chargée de conseiller
le gouvernement lui a tendu un piège en le laissant libre de choisir ou non
cette opportunité et comme le Président de la République n’a pas voulu se dédire,
il pris le risque de se faire maudire.
Le plus important n’est pas
tant la mesure elle-même qui ne visera que quelques individus, de toutes façons
perdus pour la nation. Le plus important et le plus déplorable aussi, c’est le
choix de donner du crédit à une opinion jusqu’à maintenant réservée à celles et
ceux qui attaquent sans cesse la République et la démocratie même en termes
voilés.
Avec la déchéance de la
nationalité retenue comme proposition constitutionnalisable, François Hollande
contribue à la dédiabolisation du FN et de ses propositions. Ainsi ce parti d’extrême
droite, réputé pour ses idées xénophobes, serait capable de convaincre des gens
de gauche du bienfondé de leurs objectifs ! C’est gravissime. Ça l’est
encore plus quand on sait que cette déchéance, éventuellement inscrite comme
une menace dans notre loi fondamentale, ne jouera aucun rôle dans les choix des
djihadistes convertis ou en passe d’être radicalisés.
La presse étrangère la plus
respectable se moque même de notre président. Il Manifesto titre : « François
Le Pen ». C’est dire en quelle considération il tient le président de la République
française. Si à droite, les Wauquiez et Sarkozy applaudiront, à gauche les
supporteurs de Christiane Taubira seront malheureux pour elle et les couleuvres
qu’elle se voit contrainte d’avaler par kilos. Peut-elle demeurer dans ce
gouvernement ? Si le président et son premier ministre préfèrent s’appuyer
sur les 94 % de Français favorables à cette mesure inquiétante, c’est leur
droit. Mais nous, nous avons le devoir de clamer haut et fort que nous ne
sommes pas d’accord et que l’avenir nous donnera raison. Christiane Taubira, elle, fait
face à sa conscience. Et à ses contradictions.
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