Ce n’est ni l’histoire d’un
train qui arrive en retard ni celle d’un autre qui part en avance. C’est
l’histoire d’une commande de rames de TER (train express régional) effectuée
par la SNCF auprès des sociétés Alstom et Bombardier mais de rames trop larges
pour accéder à certains quais. Le Canard enchaîné de ce jour se régale, et nous
avec, de cette « comédie dramatique » (1) un peu chère puisqu’elle va coûter
plusieurs dizaines de millions d’euros à RFF (Réseau ferré de France) contraint
de rogner des quais trop étroits pour accueillir ces wagons modernes, confortables mais mal calculés.
Comment en est-on arrivé à
cette situation ubuesque et pourtant bien réelle. J’entendais ce matin sur une chaîne
de radio d’informations en continu un technicien de RFF. Les fabricants ont
respecté les contraintes du marché passé entre les sociétés privées et
l’établissement public et commercial…en repoussant les marges autorisées au
maximum de leurs capacités. Autrement dit — c’est du moins le prétexte mis en avant — pour
construire des rames contenant plus de passagers, les techniciens de RFF ont oublié de mesurer la
largeur des quais existants ou de rappeler leurs dimensions. Certes, tous les quais ne sont pas concernés. On
parle d’un sixième de la totalité des quais soit 1300 quais dont 300 ont déjà été
élargis. Les sommes en jeu ne sont pas dérisoires mais qu’est-ce que 50
millions d’euros pour des sociétés comme celles-là ? J’ai cru comprendre
que ce discours avait les faveurs de RFF. Il peut sembler choquant…car il
l’est.
Je me mets à la place du Secrétaire d’Etat aux transports, Frédéric Cuvillier. Il rit jaune. Et les
présidents de régions (les clients de la SNCF) ont annoncé la couleur : «
nous ne paierons pas un centime des travaux nécessités par cette grosse bévue.
» Au-delà de l’erreur manifeste d’appréciation, il est légitime de s’interroger
sur la manière dont a été constitué le dossier d’appel d’offres. Les ingénieurs
auteurs de la rédaction du cahier des charges ont nécessairement indiqué les
cotes des rames à construire. C’est basique. Alors, sur quels éléments se
sont-ils appuyés ? J’imagine qu’une enquête a été ouverte dès qu’on s’est
rendu compte de la boulette. D’ailleurs, si le Canard enchaîné en parle
aujourd’hui, la connaissance de la « connerie » remonte à plusieurs mois
puisque des travaux ont déjà été réalisés. On peut comprendre que ni RFF ni la
SNCF ne se soient vantés de cet exploit. Mais comme tout se sait, mieux vaut en
rire qu’en pleurer.
(1) D’après l’expression du
secrétaire d’Etat aux transports.
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