Je lis le journal Le Monde
depuis 1968. Je suis devenu au fil du temps un abonné aussi fidèle qu’exigeant.
J’apprécie les articles de la plupart des journalistes politiques de ce
quotidien du soir même si j’en critique parfois des nuances qui m’échappent. Raphaëlle
Bacqué et Ariane Chemin sont des femmes de presse extrêmement respectables et
leur compétence littéraire et factuelle saute aux yeux des hommes et femmes du
métier habitués à les lire. C’est la raison pour laquelle je me permets de m’étonner, pour le
moins, de la page qu’elles ont commise dans l’édition datée de ce samedi.
Qu’y lit-on sous leur
signature ? Un article en forme d’enquête, de scoop devrais-je dire, nous
décrivant par le menu l'affliction, les étonnements, l’impuissance de François
Hollande et de son entourage — au cours de la nuit précédant la mise en vente en
kiosque du journal Closer — face à la publicité accordée à la liaison imaginée ou
réelle entre le président et Julie Gayet.
Très franchement, je ne m’attendais
pas à lire dans Le journal de référence les émois et les épanchements sincères
ou non des protagonistes involontaires de ce coup médiatique. Je me pose une
question : à quoi sert cet article ? Si c’est pour nous apprendre que
Mme Valérie Trierweiler a été conduite à l’hôpital par une des amies du couple
présidentiel, touchée qu’elle fut par la révélation des amours clandestins de
son concubin…si c’est pour nous faire savoir que Jean-Pierre Mignard, avocat, a
suggéré au président de ne pas porter plainte contre Closer…si c’est pour nous
indiquer que le pupitre de François Hollande lors de sa conférence de presse
quelques jours plus tard, penchait à gauche et que le Hashtag indiquant
@Elysee.fr était l’œuvre d’un amateur en communication…alors là, honnêtement, j’ai
eu l’impression de lire un article de presse Pé-ople, comme dirait Arnaud
Montebourg.
La presse quotidienne d’information
va mal en France. Excepté le journal La Croix, tous les autres supports perdent
des lecteurs. Libération est au bord du dépôt de bilan, Le Monde, en 2013, a vu
sa diffusion baisser sensiblement. Si la rédaction en chef de ce journal considère
que la ligne éditoriale doit intégrer, dorénavant, ces bruits de couloir (vrais
ou pas d’ailleurs) alors là, je considèrerai que le niveau général baisse lui
aussi au détriment de celui des autres articles d’investigation dont ceux de
Mme Gurrey (dans Le Monde également) si injustement mise en cause par NKM à Paris. Je souhaite ardemment
que ce choix ne soit pas définitif.
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