17 octobre 2013

« La France ne peut accueillir toute la misère du monde mais elle doit prendre sa part. »


A l’heure où j’écris ces lignes, je ne connais pas les conclusions de l’enquête administrative diligentée par le Premier ministre sur l’interpellation et l’expulsion de Léonarda, cette jeune Kosovare, fille de parents sans papiers, eux-mêmes expulsés dans leur pays d’origine il y a quelques jours. Que cette enquête exonère le préfet ou Valls ou qui que ce soit d’autre d’une responsabilité directe ne changera rien au fait que les faits condamnent ceux qui les ont accomplis. Le Réseau éducation sans frontières, sollicité par les enseignants du collège de Léonarda, a rendu publiques les conditions de l’intervention de la police lors du voyage scolaire auquel participait la jeune fille. Il ne fait aucun doute que l’application stricte d’un arrêté de reconduite à la frontière ne peut se justifier s’agissant de quelqu'un vivant en France depuis près de cinq années, ne parlant que le Français, ne connaissant que la France, n’ayant aucun lien avec son pays d’origine. Certains, nombreux à gauche, jugent totalement scandaleuse cette interpellation-expulsion et ils ont raison. Ce n’était pas la peine de virer Sarkozy et ses méthodes si c’est pour avoir un succédané (damné ?) de gauche accomplissant les mêmes actions particulièrement en contradiction avec les valeurs et les principes auxquels on se réfère quand on est de gauche.
Qu’on ne me parle pas d’angélisme ou de culture de l’excuse ! Qu’on ne me parle pas de laxisme ou de laisser-faire ! Ce vocabulaire est bon pour Estrosi et Hortefeux. Quand on est de gauche, on l’est par choix, par un jugement libre, on l’est pour appliquer des politiques forcément différentes de celles de la droite extrême. La droitisation des esprits aurait-elle corrompu notre logiciel pourtant programmé en fonction de la déclaration des droits de l’homme et d’une certaine idée de la vie en société. Qu’un Coppé, qu’un Ciotti, qu’un Sarkozy, qu’un Le Pen expulsent une jeune fille de 15 ans au-delà de nos frontières, ce serait ignoble mais conforme à leur vision du monde. Qu’un gouvernement de gauche soit complice (jusqu’à preuve du contraire) de cette ignominie a de quoi nous inquiéter et nous blesser.
J’entends déjà le chœur des bonnes âmes : Et vous qu’avez-vous à proposer en matière de politique migratoire ? Michel Rocard avait trouvé la réponse adaptée : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde mais elle doit prendre sa part. » Quand on sait que sous Hollande, 30 000 personnes sont expulsées de France, chaque année, il serait bien qu’on nous dise quelle part la France est prête à prendre pour éviter qu’une famille ayant passé près de cinq années dans notre pays soit jetée sous les ponts de Pristina.

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