20 mai 2013

C'est bien la même chair, c'est bien le même sang…par Philippe Kuntz


Philippe KUNTZ a ajouté un nouveau commentaire : 
« Bonjour Jean-Charles, mille fois merci pour la pertinence de ce constat que le mariage pour tous est bien la victoire de l'amour sur la haine et que les positions de l'UMP sont caricaturales et incohérentes en la matière. Je tiens à dénoncer ici, celle qui me paraît le plus insoutenable, tellement elle est vicieuse : celle d'Hervé Mariton, maire UMP de Crest, rapportée dans le Parisien / Aujourd'hui en France du dimanche 19 mai.
Laissera-t-on sans réponse cette fanfaronnade d'Hervé Mariton qui entend, à l'occasion de la célébration de mariages homosexuels en sa mairie, engager une franche discussion avec les intéresses : « en leur souhaitant beaucoup de bonheur, en leur offrant un bouquet de roses et de résédas et en leur disant que ce n'est pas la meilleure manière de mener leur projet » ?
Tout d'abord il faut rappeler à M. Mariton qu'il est normal qu'un officier d'état civil applique la loi de la République (toute la loi et rien que la loi) et qu'il est naturel qu'il souhaite, en son nom, beaucoup de bonheur aux jeunes marié-e-s. Mais il faut aussi rappeler à M. Mariton qu'un officier d'état civil n'est ni un juge, ni un directeur de conscience et qu'à l'occasion d'une cérémonie dont il a la charge, il doit se contenter de s'être assuré de la volonté matrimoniale des futurs conjoints, pas de vérifier qu'elle était en accord avec la sienne !
Le plus choquant reste son allusion subliminale au subtil et sublime poème de Louis Aragon, "la Rose et le Réséda", écrit en 1943 à l'occasion d’événements particulièrement dramatiques et dans un contexte historique bien précis : celui de la Résistance. Et compte tenu de ce contexte, toute comparaison avec le débat démocratique qui a abouti en 2013 à la loi sur l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe est particulièrement déplacée. Sans doute M. Mariton aurait été mieux inspiré en relisant cet autre merveilleux poème de Jean Claude Massoulier, écrit en 1966 et mis en musique par Jean Ferrat : « Maria ». Et de bien méditer sur le sens de sa conclusion avant d'aller jouer au directeur de conscience en cérémonie républicaine :

Si vous lui parlez de la guerre
Si vous lui dites liberté
Elle vous montrera la pierre
Où ses enfants sont enterrés

Maria avait deux enfants
Deux garçons dont elle était fière
Et c'était bien la même chair
Et c'était bien le même sang.

Monsieur Mariton, quand vous marierez des couples homosexuels en votre belle mairie de Crest, n'oubliez pas, dans la salle, la présence discrète des parents pour qui les enfants, rouges ou blancs, pratiquants ou pas, hétérosexuels ou pas, sont des enfants dont ils sont fiers... et que c'est bien la même chair et que c'est bien le même sang. »


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