13 août 2010

« Nicolas Sarkozy, le voyou de la République »

Marianne fait le buzz. Le titre de l'hebdomadaire et l'éditorial de Jean-François Kahn continuent de faire couler encre et salive. Surtout à l'UMP d'ailleurs au sein de laquelle les ministres, les sous-ministres et les apparatchiks ont rassemblé des éléments de langage pour attaquer ce journal en particulier et les journalistes en général.

De quoi s'agit-il ? Jean-François Khan prend d'abord ses précautions. Il affirme que Sarkozy n'est ni pétainiste ni xénophobe. On peut d'ailleurs ne pas être d'accord avec lui sur ce point. Il ajoute, ensuite, que l'actuel chef de l'Etat n'est doté d'aucun sens moral et qu'il est prêt à tout pour garder le pouvoir. Autrement dit, le président de la République française n'a ni valeurs ni principes et JFK s'appuie, notamment, sur le fait que personne n'est gêné quand le ministre du budget est en même temps trésorier de l'UMP. D'où des conflits d'intérêts renouvelés et des légions d'honneur distribuées à hue et à dia.

Quand on le compare aux autres présidents de la République de la Ve, il est évident que Nicolas Sarkozy ne fait pas le poids. Qu'il s'agisse du général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Valéry Giscard d'Estaing, de François Mitterrand ou de Jacques Chirac (tous avec leurs qualités et leurs défauts) chacun d'entre eux incarnait la fonction présidentielle. Ils savaient prendre une distance et une hauteur leur permettant d'assurer un certain prestige à la nation. Et surtout lequel d'entre eux aurait osé s'attaquer à l'article premier de notre constitution qui ne fait aucune distinction entre les Français.

Alain Juppé lui-même, sur son blog (1) affirme que les propositions nouvelles de déchéance de la nationalité française vont trop loin. Qu'elles sont inutiles compte tenu de l'arsenal existant. Il cite à propos Montesquieu quand il écrit : « Quand il n'est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire. » Voilà qui devrait faire réfléchir ceux qui au gouvernement trouvent normal et banal de diviser les Français et de stigmatiser (encore et encore…) les Français « d'origine étrangère ». J'avoue d'ailleurs que j'ignore de qui il s'agit. Qu'est-ce qu'être un Français d'origine étrangère ? Ne le sommes-nous pas tous ? Le président et son épouse eux-mêmes ?

Que dire, enfin, du refus de Matignon (Fillon quoi…) de permettre aux malades toxicomanes de bénéficier de lieux ciblés, sécurisés, ainsi que de soins adaptés et d'un suivi psychologique, projet soutenu par Roselyne Bachelot ? Ce refus est minable. Ce gouvernement propose de fait une répression tous azimuts et nous conduit vers une guerre civile froide mais réelle. Tout bien réfléchi, Jean-François Kahn a raison de nous alerter, de nous prévenir, de nous conduire à réfléchir plus encore. Sarkozy est bien le voyou qu'il décrit. N'en déplaise, sur ce point, à Alain Juppé.

(1) http://www.al1jup.com/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sur l’amoralité et la vulgarité du personnage, on pourrait à l’envi, multiplier les exemples. Qu’il s’agisse d’inviter la « bande du Fouquet’s » aux frais du contribuable le soir de sa victoire à la présidentielle, des vacances sur le yacht du milliardaire Vincent Bolloré dont on n’imagine pas un seul instant aucun des précédents présidents de la République faire de même, de s’auto-augmenter son traitement de président de la République de plus de 170% à peine élu, de son intervention auprès de l’actionnaire de Paris-Match afin d’obtenir la tête de son patron de l’époque le journaliste Alain Génestar coupable de crime de lèse-majesté, de la tentative – même avortée –de faire nommer le prince Jean à la tête de l’Établissement public d’aménagement de la Défense (EPAD), qu’il s’agisse encore du séjour au Mexique dans la villa d’un milliardaire dont tout indique qu’il serait lié au crime organisé, de la nomination au rang de Grand-croix de la Légion d’Honneur du milliardaire belge Albert Frère pour services rendus lors de la privatisation de Gaz de France au bénéfice du groupe Suez, qu’il s’agisse enfin du fameux « Casse toi, pauv’ con ! » lancé à un visiteur du salon de l’Agriculture qui refusait de lui serrer la main, la liste non exhaustive ne cesse de s’allonger. Elle fait honte aux Français. Elle donne de la France à l’étranger une image déplorable. Et à Jean-François Kahn, raison de le qualifier ainsi. Quant aux réactions de M. Frédéric Lefebvre et de Mme Nadine Morano, en matière de vulgarité, elles sont paroles d’experts.

Reynald Harlaut