2 février 2010

L'ANRU Maison rouge de Louviers, un pari perdu d'avance

En l'absence de Mme Baudet, adjointe à l'urbanisme, aucun élu de la majorité n'a pu répondre à la question de Christian Renoncourt : pourquoi le chantier du lotissement privé (à La Roquette) est-il interrompu ?

Le dossier ANRU (rénovation du quartier Maison rouge) conduit par la municipalité est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire. D'abord, pour être exhaustif, on demande à l'adjointe à l'urbanisme d'être présente à la réunion du conseil municipal dont l'ordre du jour comporte l'examen d'un avenant à la convention initiale. Mme Baudet (absente hier soir ?) est quand même la mieux placée et la plus compétente pour défendre des options urbanistiques que le maire, c'est visible, ne maîtrise pas très bien.

Je suis sûr qu'elle aurait assumé avec franchise le changement de pied constaté dans un avenant qui modifie profondément (et non légèrement) la construction besogneuse d'un dossier vital pour l'avenir du quartier et la vie des habitants. Mme Baudet ne serait pas allée chercher une soi-disante «demande» des habitants du quartier pour justifier l'implantation de la crèche, du centre social et du centre de loisirs sur la plaine des Fougères de la responsabilité exclusive de la municipalité.

Qui peut croire à pareille sornette ? A-t-on déjà vu les habitants d'un quartier fort dépourvu en équipements publics exiger que ceux qu'on leur propose soient réalisés ailleurs ? Aujourd'hui, le maire se fait plus prudent : Il dit avoir répondu « en partie » à la demande des habitants. On appréciera ce « en partie », il permet toutes les interprétations.

En réalité, plusieurs facteurs se conjuguent pour ce recul en ordre dispersé. Face à la situation financière de la ville, la municipalité cherche à faire des économies. « L'enveloppe globale des investissements demeure la même » assure le maire. Il a raison mais les dépenses de fonctionnement ne seront pas du tout identiques : le futsal, les équipements de la plaine des Fougères entreront dans le cadre d'équipements mutualisés pour le gardiennage, l'entretien, la maintenance…là sont les économies.

Ensuite, il est évident que le coût de location des bâtiments provisoires destinés à l'accueil des enfants devient lourd et que l'urgence commande d'y mettre fin (1). Fallait-il pour autant confondre vitesse et précipitation ? Franck Martin, ancien correspondant sportif de La Dépêche, devrait savoir faire la différence. Et plutôt que d'accabler une opposition de Gauche lucide sur les inconvénients des solutions qu'il propose, il aurait dû exiger de ses experts architectes-urbanistes une réflexion plus aboutie et moins verbeuse. Synergies, porosité, interface, optimiser, dysfonctionnement, désenclavement, dynamique territoriale…tous ces termes visent à masquer une réalité bien plus concrète : on fait ce qu'on peut avec les moyens du bord.

Il aurait fallu cinq longues années pour s'apercevoir que le diagnostic originel comportait nombre d'erreurs ? Et quelques mois pour corriger le tir ? L'opposition de Gauche a voté contre un dossier mal engagé et contre un pari perdu d'avance. Les habitants de Maison rouge méritent mieux.

(1) L'incendie criminel de la crèche Beaulieu a engendré deux conséquences : la location de nouveaux locaux (provisoires) et l'équilibre apparent du budget 2010 grâce à la recette provenant du remboursement par la compagnie d'assurance. Le but actuel de la manœuvre est de mieux faire financer la crèche par l'ANRU.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si j'en crois le Maire, les habitants du quartier se sont beaucoup investi dans le projet en participant à de nombreuses réunions auxquelles les élus n'étaient pas les bienvenus - soi-disant pour ne pas politiser le débat. Comme si les choix urbanistiques n'étaient pas des choix hautement politiques dans la première acception du mot. Dans ces conditions, il est pour le moins surprenant qu'aucun d'entre eux ne soit venu hier soir assister au conseil alors que la décision prise les concerne au premier chef.
Reynald Harlaut

Jean-Charles Houel a dit…

Un commentateur patenté me demande de proposer en deux jours ce qu'il n'a pu réaliser en cinq ans avec des cabinets d'études, des fonctionnaires attachés, des experts départementaux, régionaux, nationaux.
Quel aveu de faiblesse ! Les dossiers, ça se travaille et pas seulement la veille du conseil municipal. Urban act est sûrement très compétent mais la ville aurait tort de tout déléguer…décidément, la délégation devient une obsession municipale !