10 décembre 2009

Débat sur l’identité nationale en préfecture : Manoeuvre de diversion et logique xénophobe !

Un des débats initiés par M. Besson, Ministre du chiffre et des expulsions, a lieu ce jeudi 10 décembre à Bobigny dans le salon d’honneur de la préfecture. La Ligue des Droits de l’Homme et sa Fédération de Seine Saint-Denis ne participeront pas à cette initiative. Par principe, nous sommes favorables au débat. A sa liberté, à sa pluralité, à son utilité. C'est pourquoi nous refusons le « grand débat sur l'identité nationale » organisé par le pouvoir : parce qu'il n'est ni libre, ni pluraliste, ni utile.

Il n'est pas libre car c'est le gouvernement qui le met en scène, qui pose les questions et qui contrôle les réponses. Il n'est pas pluraliste car sa formulation réduit d'emblée notre diversité nationale à une identité unique. Il n'est pas utile car cette manoeuvre de diversion est une machine de division entre les Français et de stigmatisation envers les étrangers. Accepter que l'Etat entende définir à notre place ce qui nous appartient, dans la variété de nos itinéraires, de nos expériences et de nos appartenances, c'est ouvrir la porte à l'arbitraire, à l'autoritarisme et à la soumission. La République n'a pas d'identité assignée, figée et fermée, mais des principes politiques, vivants et ouverts. C'est parce que nous entendons les défendre que nous refusons un débat qui les discrédite.

De plus ce débat est orchestré par un ministère qui associe gestion de l’immigration et défense de « l’identité nationale », un ministère dont l’action et le discours renforcent les stéréotypes xénophobes qui font de l’étranger une menace, un ministère dont les priorités sont la gestion policière des flux migratoires et la politique du chiffre bien plus que l’accueil et l’intégration.

La LDH ne saurait donc cautionner en aucune manière cette prise en charge officielle de la « lepénisation des esprits ». Elle serait par contre la première à participer à un débat public sur les moyens que devrait se donner l'Etat pour renforcer les politiques publiques en faveur de l'ensemble des populations les plus défavorisées (école, logement, santé…), en Seine Saint-Denis et ailleurs. Elle est partie prenante de tout ce qui contribue à promouvoir une France de la liberté des opinions, de l'égalité des droits et de la fraternité des peuples.

Communiqué de la Ligue des droits de l'homme de Seine-Saint-Denis, le 10 décembre 2009

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