26 janvier 2019

Les socialistes de l'Eure préparent surtout les élections municipales de 2020


Ils animent le Parti socialiste dans l'Eure et la région. ©Jean-Charles Houel
Grande surprise en entrant ce matin dans la salle polyvalente d’Aviron. Il existe encore des militants socialistes ! Et si, sur le plan national, l’union de la gauche demeure utopique, aux plans départemental et local, l’intelligence collective prend le pas sur les querelles de chapelles ou les revendications égocentriques. Ce matin, à l’occasion de la cérémonie de vœux de la fédération de l’Eure du PS, plus de cent personnes représentant le PS, le PRG, le PC et EELV, ont écouté avec attention les différents discours préparés par la vieille et la jeune gardes. Timour Veyri, premier secrétaire fédéral a retrouvé Marc-Antoine Jamet, Jean-Louis Destans, Janick Léger et Nicolas Mayer Rossignol (1) certains d’entre eux aspirant à jouer à nouveau  un rôle important dans leur zone d’influence.

L’élection d’Emmanuel Macron semblait avoir ringardisé la gauche sociale-démocrate et les partis de gauche réformistes. La révolte sociale en cours, en coagulant des colères parfois contradictoires, remet les « vieux » partis dans le jeu politique. Leur retour, plus rapide que prévu doit faire face à un obstacle majeur : l’émiettement des forces républicaines et de progrès. Pour les orateurs PS il est mortifère de laisser se développer le face à face entre les nationalistes, souverainistes, populistes (RN et DLF)et La République en Marche. La droite modérée ayant choisi cette dernière, la France insoumise courant derrière les gilets jaunes, il y aurait un passage (étroit) pour une gauche responsable même si le quinquennat Hollande n’a pas laissé que des bons souvenirs dans le peuple se reconnaissant en elle.

Comme le dit Einstein s’« il n’existe ni passé, ni présent, ni avenir », occupons-nous donc, sans nostalgie, des affaires les plus urgentes : la démocratie participative et représentative, la justice sociale, le consentement à l’impôt, le maintien et la création de services publics…dont le coût doit être sans cesse expliqué (et légitimé !) auprès des citoyens. Jean-Louis Destans et Janick Léger au département, Nicolas Mayer-Rossignol à la Région, Marc-Antoine Jamet, à la mairie de Val-de-Reuil, ont prouvé et prouvent encore qu’une conception progressiste de l’action politique apportent un plus en qualité de vie. Avec Jean-Louis Destans, il y avait des projets, des investissements, un département de l’Eure lisible et visible. Avec Nicolas Mayer Rossignol, la Haute-Normandie se distinguait par ses innovations. Avec les Européennes dans le viseur et surtout, les municipales, il n’est pas écrit que Evreux, Louviers, Les Andelys resteront dans le giron de la droite fût-elle centriste.

La crise déclenchée par les gilets jaunes ouvre les yeux sur la précarité, la pauvreté, les injustices. J’ignore s’il faudra attendre la fin du grand débat pour que l’exécutif adopte les décisions qui s’imposent. Timour Veyri lance en tout cas un appel pour que les socialistes participent au grand débat et exigent le retour de l’ISF, une augmentation des bas salaires, un effort pour l’éducation et la formation. Bien le moins pour la gauche.

(1) Jean Louis Destans, ancien député et président du conseil général, Nicolas Mayer-Rossignol, ancien président de la Région Haute-Normandie, Janick Léger, présidente du groupe PS dans l’actuel conseil départemental, Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et président de la commission des finances du conseil régional.

23 janvier 2019

(Petite) Affaire Portier-Leroy : Quelle mouche a piqué le préfet de l'Eure ?


Capture d'écran.
Eric Portier est le fils de Pierre Portier. Il n’est pas aussi connu que son père mais cela ne devrait pas tarder. Actuellement, il vend des casseroles et, soit dit en passant, pourrait bien s’en être accrochée une nouvelle aux fesses. En réussissant son pari intime de réussir un selfie avec Emmanuel Macron à Grand-Bourgtheroulde, lors du débat organisé dans l’Eure à l’intention des maires de Normandie, il a mis un élu important du territoire dans l’embarras. Pensez donc, il s’est prévalu du « parrainage » de Bernard Leroy pour passer les filtres nombreux destinés à empêcher les gilets jaunes et les éventuels terroristes d’atteindre le Président de la République.

A la question « Connaissez vous ce monsieur ? » posée par un responsable de la sécurité à Bernard Leroy flanqué d’Eric Portier, le maire du Vaudreuil a répondu « oui » puisque c’est vrai. Fallait-il pour autant en conclure, comme l’a fait un peu vite le préfet de l’Eure Thierry Courderc, que Bernard Leroy s’est montré complice d’une atteinte gravissime aux règles de sécurité…qu’il n’est d’ailleurs pas chargé d’appliquer. Sinon à quoi serviraient les services de l’Etat ?

Le préfet, très colère, en a fait tout un fromage demandant, dans un premier temps — excusez du peu — la démission de Bernard Leroy de ses fonctions électives ! Comme si un préfet pouvait imposer une solution aussi brutale qui reviendrait à mépriser le suffrage universel. Évidemment, le président de la CASE (agglomération Seine-Eure) n’a pas pris la demande au sérieux. Mais comme il ne souhaite pas jeter de l’huile sur le feu, bien lui en a pris de « choper » la grippe qui l’a cloué au lit pendant quatre jours, sans portable ni réseau.

Il faut s’interroger (pas trop longtemps tout de même) sur ce qui poussé le préfet à adopter un style péremptoire et faire sa sortie de route allant même jusqu’à justifier ses absences futures si, par malheur, il se trouvait dans la même pièce que Bernard Leroy. Sans être psychanalyste, métier sérieux s’il en est, j’en ai déduit que les démêlés judiciaires du préfet dans l’affaire de l’adhésion de la communauté « Eure-Madrie-Seine » à l’agglomération Seine-Eure au cours de laquelle il a été condamné par la justice administrative à une injonction limitée à 30 jours (1) pour signer la fusion, y était sans doute pour quelque chose. Ce n’est pas tous les jours que le plus haut représentant de l’Etat dans le département se voit ainsi contredit dans ses intentions. Et comme M. Couderc n’est pas le Roger du même nom…

La leçon de cette histoire de cornecul ? Qu’Eric Portier aurait certainement gagné à se montrer plus discret plutôt que de revendiquer auprès de la presse locale  la diffusion des selfies (2) qu’il possède en compagnie de Sarkozy, Hollande, Obama…et Macron. La question ne se serait pas posée de savoir comment il avait pu franchir les différents barrages anti-gilets jaunes. Eric Portier avait même demandé à François Loncle, ancien député, de pouvoir l’accompagner. Le parlementaire honoraire, connaissant bien les pratiques des services de sécurité, n’est pas tombé dans le piège. Un piège bien innocent en vérité, qui ne méritait sans doute pas autant de tapage médiatique, dans lequel je prends plaisir à plonger à mon tour.
(1)  Cette injonction datant d’octobre 2018 n’a été respectée que très récemment.
(2)  La mode des selfies n’est souvent qu’un reflet d'états d’âmes narcissiques.
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21 janvier 2019

La valeur argent, objectif de vie, est un frein au développement des idées vraiment de gauche

Même les Gilets jaunes font de la pub pour Nike !
Une auditrice attentive de l’émission de France Culture « la Fabrique de l’histoire » (du 17 janvier dernier) consacrée au Comité d’action de gauche de Louviers m’a fait part de son regret. Aucun mot, me reproche-t-elle, n’a été consacré aux gilets jaunes qui, selon elle, utilisent aussi les outils de la démocratie participative. Je me dois d’indiquer que lors de l’enregistrement de l’émission, je n’ai pas omis d’insister sur le besoin de reconnaissance témoigné sur les ronds points et d’une recherche de dignité face à l’arrogance de certains de nos gouvernants.

La journaliste de France Culture, responsable des choix éditoriaux, n’a pas souhaité retenir mon propos mais je ne saurais le lui reprocher. Cette « Fabrique de l’histoire » en restaurant la crédibilité d’une aventure partagée pendant près de vingt ans dans la ville de Louviers a montré que la démocratie participative était avant tout une entreprise collective au service d’objectifs communs. Elle a aussi rappelé que cette démocratie de base ne peut qu’exister — dans le système actuel — qu’avec le soutien d’élus éclairés et courageux.

Le mouvement des gilets jaunes a pris naissance contre la taxe carbone et finalement contre le consentement à l’impôt. Il est vrai que l’optimisation fiscale et la fraude fiscale — celles des riches le plus souvent — créent une injustice révoltante. Pour autant, à Louviers, ce consentement à l’impôt était justifié par la redistribution directe aux citoyens-contribuables sous la forme de services publics « gratuits ». Les Lovériens, les plus jeunes notamment, avaient un accès libre aux équipements sportifs, culturels, éducatifs, de mobilité, les dépenses de fonctionnement étant assurées par les quatre taxes (foncier bâti, non bâti, taxe professionnelle et taxe d’habitation). Ces quatre taxes visant à imposer plus lourdement les propriétaires et les plus riches. Le Dr Martin, alors maire, déclarait « que les citoyens ne rechignent pas pour payer l’eau ou le service des eaux usées alors que la culture, par exemple, devrait être une simple option. »En mutualisant les dépenses, c’était une façon de redistribuer les richesses.

Je reconnais qu’il existait d’importantes réticences des forces politiques situées à droite mais même au parti socialiste (celui de 1971 et d'Epinay) il s’est trouvé des hommes et des femmes pour coller des affiches sur les murs de Louviers disant : « la gratuité ça coûte cher ! » Voilà pourquoi aucun accord ne fut possible avec les partis de gauche traditionnels lors des élections de 1977 qui virent le CAG (Comité d’action de gauche) emporter les 27 sièges à pourvoir. Alors pourquoi la droite est-elle revenue au pouvoir à Louviers en 1983 ? Parce que les campagnes électorales fondées sur la « gabegie » « les impôts trop élevés » trouvent toujours des électeurs pour protester contre l’impôt et ce qu’ils appellent « le gaspillage ». Tant que la valeur argent demeurera un objectif de vie (au-delà du nécessaire s’entend) le combat des idées vraiment de gauche aura bien du mal à progresser.