André Azoulay.©JCH |
André Azoulay, président de
l’Institut Pierre Mendès France et Jean-Pierre Rioux, Inspecteur général de l’Education
nationale (et historien) sont d’accord sur un point : il faudra bien un
jour, organiser un colloque sur Pierre Mendès France et son ouverture au monde.
En introduction et conclusion du colloque organisé, lundi, à l’Assemblée
nationale à l’occasion du 65e anniversaire de la constitution du
gouvernement Mendès France en 1954, les deux orateurs ont constaté que l’aura
de PMF dépassait largement le cadre hexagonal. Non pas seulement celle de sa
personne (rayonnante comme on sait) mais celles de ses leçons politiques et de
sa pratique du pouvoir érigées en modernité. Pierre Mendès France, au FMI, à la
Banque mondiale, au gouvernement, a toujours considéré que la France, l’Europe,
l’Asie, le Moyen Orient, les Amériques, ne faisaient qu’un et qu’un dirigeant
responsable ne pouvait se recroqueviller sur son pré carré…fût-il hexagonal !
En homme des Lumières, PMF imaginait un monde de paix, d’échanges et de droits
de l’homme universellement respectés.
La parole mendésiste
Le colloque d’hier était consacré à « la parole mendésiste » tout au long de sa vie jusqu’en 1982. Pierre Mendès France a parlé aux Français en utilisant toute la palette des moyens de diffusion de son époque. Ses interventions radiodiffusées (ex : les radioscopies de Jacques Chancel), ses émissions de télévision (exemples : face à face, A armes égales…) ses débats mémorables (avec Michel Debré, Georges Pompidou et Alexandre Sanguinetti notamment) ses livres, ses lettres, ses discours, autant de médias que Pierre Mendès France utilisa avec compétence et succès pour n’atteindre qu’un objectif : bien informer les Français pour qu’ils comprennent les politiques conduites ou souhaitées et, qui sait, les convaincre de le suivre sur le chemin qu’il proposait.
Le colloque d’hier était consacré à « la parole mendésiste » tout au long de sa vie jusqu’en 1982. Pierre Mendès France a parlé aux Français en utilisant toute la palette des moyens de diffusion de son époque. Ses interventions radiodiffusées (ex : les radioscopies de Jacques Chancel), ses émissions de télévision (exemples : face à face, A armes égales…) ses débats mémorables (avec Michel Debré, Georges Pompidou et Alexandre Sanguinetti notamment) ses livres, ses lettres, ses discours, autant de médias que Pierre Mendès France utilisa avec compétence et succès pour n’atteindre qu’un objectif : bien informer les Français pour qu’ils comprennent les politiques conduites ou souhaitées et, qui sait, les convaincre de le suivre sur le chemin qu’il proposait.
PMF était un débatteur redoutable.©JCH |
Une intelligence supérieure
Des différentes lectures et extraits d’émissions télévisées choisies par les conférencier(e)s hier, les images sélectionnées par Manuela Dubessy, documentaliste à l’INA, nous montrent un PMF d’une intelligence supérieure, d’une vivacité d’esprit redoutable pour ses adversaires d’un soir ou ses intervieweurs amicaux. Pierre Mendès France était la séduction même induite par ses compétences, ses capacités et aussi, reconnaissons le, son intransigeance qui en faisait un personnage unique parmi tant d’autres. Si lui avait raison, économiquement parlant, certains autres, même à gauche par facilité et une certaine lâcheté aussi, se glorifiaient politiquement.
Des différentes lectures et extraits d’émissions télévisées choisies par les conférencier(e)s hier, les images sélectionnées par Manuela Dubessy, documentaliste à l’INA, nous montrent un PMF d’une intelligence supérieure, d’une vivacité d’esprit redoutable pour ses adversaires d’un soir ou ses intervieweurs amicaux. Pierre Mendès France était la séduction même induite par ses compétences, ses capacités et aussi, reconnaissons le, son intransigeance qui en faisait un personnage unique parmi tant d’autres. Si lui avait raison, économiquement parlant, certains autres, même à gauche par facilité et une certaine lâcheté aussi, se glorifiaient politiquement.
Françoise Chapron.©JCH |
L'Express au service de PMF
On ne le sait sans doute pas suffisamment mais Pierre Mendès France fut un « grand » homme de presse. Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber ont lancé avec ses conseils « l’Express » (1) magazine qui, s’il existe toujours, a considérablement modifié son orientation. Le magazine devait servir de tremplin vers le pouvoir, ce que les circonstances (la guerre d’Algérie) et le choix de Guy Mollet (par René Coty) pour la présidence du Conseil en 1956 empêchèrent. Présent au premier rang des invités, Lakhdar Brahimi, ne comprend toujours pas pourquoi la victoire des mendésistes aux élections de 1956 n’a pas permis à PMF de retrouver la présidence du Conseil : « peut-être, constate-t-il avec regret, le sort de l’Algérie et les relations entre la France et ce pays auraient-ils été très différents. » PMF n’était-il pas l’un des premiers décolonisateurs ? Non seulement il avait ramené la paix en Indochine (et les hommes en France qui mouraient là-bas) mais il avait conduit la Tunisie vers l’indépendance et aidé à mettre fin au protectorat au Maroc. A l’évidence, Pierre Mendès France n’aurait pas laissé au général De Gaulle le soin de prendre le pouvoir le 13 mai 1958 (comme l’on sait) mais il aurait, lui le partisan du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, rapidement compris que seule l’indépendance de l’Algérie devenait possible. Ajoutons l’édition des « Cahiers de la République » dont Emeric Bréhier, ancien député, connaît l’histoire sur le bout des ongles. De la splendeur des années soixante aux contradictions des années soixante-trois au moment choisi par Laurence Soudet (présente hier) et PMF pour relancer les Cahiers…quelle histoire !
On ne le sait sans doute pas suffisamment mais Pierre Mendès France fut un « grand » homme de presse. Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber ont lancé avec ses conseils « l’Express » (1) magazine qui, s’il existe toujours, a considérablement modifié son orientation. Le magazine devait servir de tremplin vers le pouvoir, ce que les circonstances (la guerre d’Algérie) et le choix de Guy Mollet (par René Coty) pour la présidence du Conseil en 1956 empêchèrent. Présent au premier rang des invités, Lakhdar Brahimi, ne comprend toujours pas pourquoi la victoire des mendésistes aux élections de 1956 n’a pas permis à PMF de retrouver la présidence du Conseil : « peut-être, constate-t-il avec regret, le sort de l’Algérie et les relations entre la France et ce pays auraient-ils été très différents. » PMF n’était-il pas l’un des premiers décolonisateurs ? Non seulement il avait ramené la paix en Indochine (et les hommes en France qui mouraient là-bas) mais il avait conduit la Tunisie vers l’indépendance et aidé à mettre fin au protectorat au Maroc. A l’évidence, Pierre Mendès France n’aurait pas laissé au général De Gaulle le soin de prendre le pouvoir le 13 mai 1958 (comme l’on sait) mais il aurait, lui le partisan du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, rapidement compris que seule l’indépendance de l’Algérie devenait possible. Ajoutons l’édition des « Cahiers de la République » dont Emeric Bréhier, ancien député, connaît l’histoire sur le bout des ongles. De la splendeur des années soixante aux contradictions des années soixante-trois au moment choisi par Laurence Soudet (présente hier) et PMF pour relancer les Cahiers…quelle histoire !
Robert Frank (à gauche) et Jean-Pierre Rioux. |
Christian Delporte,
professeur à l’Université de Versailles-Saint-Quentin, avait la charge de clore
les interventions savantes. Il l’a fait avec brio, détaillant par le menu ces
fameuses causeries du samedi soir, calquées sur Roosevelt, le vrai inventeur de
la formule. PMF restera, quoiqu’il en soit, le promoteur français de cette démocratie
participative (on l’appellerait ainsi aujourd’hui) qu’il inspira à Louviers où
le Comité d’Action de Gauche du docteur Martin (2) prit le pouvoir en 1965 sur
des bases programmatiques assurément (pas totalement) mendésistes.
Après l’important succès de
ce colloque, le conseil d’administration de l’Institut Pierre Mendès France doit
se pencher sur de nouveaux projets toujours fondés sur l’action et la pensée
mendésistes. L’ouverture au monde — introduction de ce billet — de l’ancien président
du Conseil de la République serait un thème excellent : national autant qu’international.
L’histoire du Mendésisme est loin
d’être terminée.
(1) Et ce n’est pas Jean
Daniel et le Nouvel observateur qui y trouveront malice. Ce journal fut
toujours très favorable à Pierre Mendès France et à la gauche réformiste.
(2) Lire « La politique à la
ville » d’Hélène Hatzfeld. Edité aux PUR.
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