Avant d'être député, François Loncle était journaliste à la télévision. Il a présenté le journal télévisé à maintes reprises et a donc côtoyé tous les journalistes de ce qui était la première chaîne voire la chaîne unique pendant longtemps. Il devint l'ami de Maurice Séveno et leur vie fut souvent une aventure partagée. Voici pourquoi Stanislas, le fils de Maurice Séveno, a demandé à François Loncle de dire quelques mots lors de la cérémonie d'obsèques organisée à la semaine dernière Paris en présence de la famille et de nombreux amis.
« Sous le ciel bleu et le soleil de
Normandie, dans le paisible cimetière de Trouville, face à la mer, nous avons
samedi matin, la famille et quelques amis, dispersé comme on dit les cendres de
Maurice Séveno, notre Maurice, Momo comme l'appelaient Dominique Merlin, Adolphe Drhey et ses bons
copains. Maurice était devenu en quelque sorte partout et nulle part, mais nous
savions tous et vous tous ici qu'il est désormais dans nos cœurs pour toujours.
Après 93 ans d'une belle et pleine
vie, mais huit années d'effacement douloureux pour lui et tous ceux qui
l'aimaient, un grand journaliste, un authentique personnage, un homme épatant
nous a quittés....Quel rayonnement, quelle carrière, quelle aventure que le
parcours de Maurice Séveno ! On ne peut pas tout raconter bien sûr, mais tout
de même...
Au sortir d'actes de Résistance
dans le Tarn où il combat et s'évade, Maurice entre à la radio (RDF) en 1944.
Il y rejoint Pierre Sabbagh, Claude Darget, Jacques Sallebert, Raymond Marcillac
et d'autres qui le côtoient dans la célébrité. Puis c'est la télé, rue Cognacq
Jay. En 1949, il participe au premier journal télévisé (vu par moins de 1000 téléspectateurs)
avec Pierre Tchernia, Pierre Dumayet, Georges Sabbagh et une poignée de futures
vedettes de ce qu'on appelait alors le petit écran.
Mais Maurice ne s'éternise pas. Au
delà de la télé, il y a la vie, la liberté à laquelle il tenait tant. Il devient attaché de presse du Lido,
compose des chansons avec Boris Vian, travaille aux cotés d'Eddy Barclay, puis
retourne à la radio (France Inter, Europe numéro 1, Radio Luxembourg) , avant
de retrouver la télévision, où avec Léon Zitrone, Georges De Caunes, Jean Lanzi,
il devient présentateur vedette du journal de 20h00.
Le 22 Novembre 1963, à 20 heures précise,
on lui apporte une dépêche au moment même
ou il ouvre le journal comme présentateur unique. Une ligne: Attentat
contre Kennedy. En moins
d'une demie heure c'est une incroyable dramatique qui se joue et que Maurice
Seveno maitrise parfaitement. 20h29 : le Président
Kennedy est mort.
C'est la belle époque de la télé,
celle d'autres grands journalistes, François de Closets, Frédéric Pottecher,
Emmanuel de La Taille, Mario Beunat et tant d'autres, celle aussi du service
des sports avec Roger Couderc, Thierry Roland, Robert Chapatte, François Janin,
Michel Drucker.....Ce sont aussi les magazines d'infos auxquels Maurice participe comme grand reporter: Ecouter
Voir, 5 Colonnes à La Une, avec Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère,
puis Panorama.
C'est précisément la censure exercée
par le gouvernement le 10 Mai 1968 à l'encontre d'une séquence de Panorama
devant relater la révolte étudiante qui déclenche la longue grève de l'ORTF du
21 Mai au 19 Juillet. Incroyable mouvement civique, comme le qualifie justement
François de Closets, qui aboutira à une vraie libération des ondes, un an plus
tard grâce au Premier ministre Jacques Chaban Delmas, puis en 1981 avec les
lois Fillioud que j'ai eu l'honneur de voter. Mais tout cela au prix du
licenciement de 102 journalistes de la radio et de la télévision.
Maurice, président de l'Union des Journalistes
de Télévision, a eu un rôle majeur dans ce combat à la fois cruel et
victorieux. Exclu de l'ORTF, Maurice travaille alors à Télé Monte Carlo puis
RTL, écrit des livres ( Télé Mon
Aventure, La Vie Traversée). Il joue au cinéma grâce à François Truffaut
(notamment dans le superbe film "La Nuit Américaine") et Claude
Lellouch. Il crée ensuite la structure audiovisuelle du Parti Socialiste
UNITELEDIS avec Jean Pierre Locatelli . Il conseille François Mitterrand lors
des campagnes présidentielles de 1974 et 1981, siège au conseil municipal de
Trouville et réintègre la télévision pour deux années sur France 3. Il entre à
mon cabinet du Ministère de La Ville et du Plan en 1992.
Maurice Séveno était fier et heureux
d'avoir été fait et décoré Chevalier de La Légion d' Honneur par le Président François
Mitterrand à l'Elysée. Puis la vie continue, ses passions, ses loisirs (les
courses hippiques, le vélo) et ultime bonheur, la naissance de ses petits
enfants....Je terminerai par une invitation, un conseil, regardez sur internet
un document INA (lien ci joint)
http://www.ina.fr/video/I00004312/pierre-tchernia-presente-l-equipe-du-journal-televise-de-1949-video.htmlextrait d'une émission réalisée en 1971, en public et en direct, où Pierre Tchernia célèbre l'anniversaire du premier journal télévisé de 1949...on y voit Maurice ovationné. Cher Maurice je ne veux pas oublier une chose : nous avons beaucoup, énormément ri avec toi. »
François Loncle
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