Il est difficile d’écrire
sur la mort d’un adversaire politique. Trop de complaisance confinerait à l’hypocrisie
et un ton par trop agressif ne siérait pas au respect dû à ceux et celles qui
disparaissent. Adversaires politiques, nous le fûmes cependant, sans concession, sans
compromis. Et les disputes entre nous, par journaux interposés, furent épiques autant que convaincues.
Élu au sein de la
municipalité Proust dès 1983, Alain Lantenois avait la charge des finances et
il en devint l’adjoint jusqu’en 1995 lors de la défaite de son équipe. Après la
gestion Fromentin, le nouvel argentier trouva matière à polémiques. Tous les maires nouveaux s’appuient, en effet, sur des
audits qui les arrangent. Dans ses interventions, Alain Lantenois mettait de la
passion, de la fougue, habitué qu’il était à diriger une entreprise importante
de la région de Gaillon (la CFPI) et à imposer un style qui admettait difficilement la
contestation.
Politiquement, Alain
Lantenois sans appartenir à ma connaissance à un parti (?) était très
clairement favorable au RPR devenu UMP. Ce gaulliste convaincu, comme Odile
Proust d’ailleurs, ne ratait pas une occasion de célébrer le souvenir de l'homme de la France libre.
Au plan local, ses accrochages verbaux avec
Ernest Martin, d’abord et Franck Martin, ensuite, ont fait vibrer les murs de l’Hôtel
de ville. Il m’arriva même, comme journaliste, d’être poursuivi pour
diffamation devant le tribunal correctionnel d’Evreux pour avoir osé, dans un article, comparer
Alain Lantenois à « un Pinochet au petit pied » dans l’affaire du Drugsport et
du musée Wakévitch dont l'inauguration fut marquée par quelques incidents. Le tribunal n’accepta ni ma bonne foi, ni la vérité des
faits que j’avais cru pourtant établir. Je fus condamné à lui verser 1000
francs de dommages et intérêts sous la forme d’un chèque que jamais il n’encaissa.
Il préférait donc les victoires symboliques à la recherche du profit immédiat.
Dernier sur la liste de François-Xavier
Priollaud, lors des dernières élections municipales lovériennes, pour marquer
le lien entre la droite ancienne et la droite nouvelle, Alain Lantenois se
contentait du rôle du sage, prodigue en conseils, d’autant que sa compagne,
Marie-Dominique Perchet occupe le poste d’adjointe en charge des
Affaires Générales, de la Politique Sociale, du Logement et de la Démocratie
Municipale.
Atteint d’un cancer depuis
plusieurs mois, Alain Lantenois est décédé à l’âge de 81 ans. Une cérémonie
religieuse aura lieu à l’église Notre-Dame mercredi.
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