8 décembre 2015

La poussée du FN est aussi une victoire pour Daech


Gilles Kepel (à droite) avec Marc-Antoine Jamet. (photo JCH)
Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe, affirmait récemment dans un entretien pour un quotidien national, que parmi les objectifs des commanditaires des attentats commis à Paris et ailleurs en France auparavant, figure en bonne place la montée du Front national. S’il dit vrai, les résultats du vote de dimanche dernier ont de quoi satisfaire les adeptes de Daech et de son calife.

Comment Gilles Kepel explique-t-il ce jugement ? Simplement. Pour Daech l’islamophobie est un élément essentiel de la radicalisation de certains jeunes d’origine maghrébine. Plus le Front national monte, plus les jeunes musulmans se sentent rejetés, ostracisés puisque le programme du FN fait peu ou prou de l’Islam un adversaire à combattre. Les récentes déclarations de Marion Maréchal Le Pen sur la djellaba et ou les assertions plus anciennes de sa tante sur les prières de rue montrent bien que le vote FN est en grande partie un vote anti-Islam. Ce vote a donc pour but de diviser la société française, de créer un climat de guerre civile et ainsi de favoriser le développement de comportements utiles au recrutement des djihadistes violents.

D’ailleurs, les électeurs(trices) interrogé(e)s à la sortie des bureaux de vote conforte cette théorie. Un grand nombre d’entre eux ont voté FN pour assouvir leur haine, montrer leur colère, afficher leur peur des musulmans quels qu’ils soient. C’est si vrai que tous les chiffres de participation démontrent une très forte présence des partisans des dames Le Pen et de ce qu’elles représentent, bien supérieurs aux électorats de la gauche et dans une moindre mesure, à ceux de la droite dite républicaine.

Ces attitudes islamophobes se retrouvent également dans l’électorat sarkozyste amateur de la fameuse ligne Buisson. C’est bien pourquoi je souhaite beaucoup de plaisir aux électeurs de gauche du nord et du sud de la France qui vont devoir choisir entre la peste et le choléra. D’un côté, les Le Pen, de l’autre des Estrosi dont les déclarations récentes ne dépareraient pas dans un bréviaire frontiste.

Je suis de ceux — minoritaires sans doute — qui auraient souhaité le maintien des listes de gauche au second tour. Pour deux raisons : d’une part le retrait de ces listes n’empêchera pas l’élection des Lepénistes et, d’autre part, je suis de ceux qui jugent indispensable la présence d’élus d’opposition de gauche dans les assemblées pour connaître les dossiers et en contester le contenu (si besoin) et en défendre d’autres par obligation morale ou politique. En démocratie, la politique de la chaise vide est un non sens absolu.

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