Cette
fois, Hervé Morin débarque pour de vrai en Normandie. Il avait, disait-on, un
boulevard, son trajet a bien failli finir en cul de sac. Un peu plus de 4000
voix sur plus d’un million de suffrages l’ont conduit à la tête de la grande
région normande dont il connaissait surtout les plages où il avait, naguère,
débarqué. C’est donc la seconde invasion du maire d’Epaignes à la tête de
troupes dont les principales tâches seront de réduire le chômage, d’offrir des
formations aux jeunes et de lutter contre l’insécurité, certaines de ces
compétences n’ayant d’ailleurs rien à voir avec les attributions régionales.
Si je lis
bien les premières déclarations du nouveau futur président (il sera élu le 4
janvier 2016) le siège du conseil régional s’installera à Caen (conformément
aux promesses faites pendant la campagne) mais des bureaux et des directions
continueront d’occuper les bâtiments rouennais. Ainsi, comme le dit le soldat
Morin, la droite a maintenant les rênes de nombreuses villes sauf Le Havre,
Rouen, Caen, Cherbourg (excusez du peu), des cinq départements normands et de
la Région. Elle n’aura donc aucune excuse si elle échoue puisque les
oppositions de gauche et de l’extrême droite n’auront pas les moyens de
contrarier la gestion de la majorité.
Il aura
donc fallu attendre les dernières minutes du dépouillement régional (à Louviers
ce n’était pas triste) pour connaître le nom du vainqueur. Malgré une remontée
sensible de toute la gauche, Nicolas Mayer Rossignol a dû lâcher prise dans la
dernière ligne droite, coiffé qu’il fut, sur le fil. C’est dommage car NMR
était un bon président. Elu, il aurait donné de l’ampleur à son projet
–écolo-socialo-solidaire — et affirmé qu’il était à la fois une forte
personnalité et une belle personne. Il est
jeune, il est doué. Il saura rebondir plus rapidement qu’on ne le croit.
Au niveau
national, je reconnais que les faits me donnent tort. Je ne souhaitais pas le
retrait des listes de gauche dans le nord et en PACA. Le résultat positif est
que le FN a été sévèrement battu mais la gauche disparaît des enceintes
régionales pour six années ! Le prix à payer par toute la gauche pour éviter le
pire est d’autant plus élevé et injuste qu’en cas de duel FN-gauche, la droite
ne se serait pas mobilisée en sa faveur. NKM, hostile au ni-ni, le paie cher
aujourd’hui puisque Sarkozy fait le ménage et vire tous ceux et toutes celles
qui mettent en cause sa stratégie. Avec l’arrivée de Wauquiez au conseil
national de l’ex-UMP, on voit que la manif pour tous n’a pas fini d’influencer
la droite extrême. Pécresse en île-de-France, aura su en profiter également.
Le FN (1) conteste
le soi-disant système. Ledit système (16 millions
d’électeurs-trices) ne supporte pas de voir le FN diriger le pays ou les
régions. Donc le «système» se défend et il a bien raison. Nous sommes des millions à
droite et à gauche à ne pas accepter que les héritiers de la Révolution
nationale de sinistre mémoire prennent le pouvoir en France. Question de morale, d’éthique et de
République. Que deviendraient la liberté, l’égalité, la fraternité avec des
gens qui « promettent de pourrir la vie du gouvernement à chaque minute de
chaque jour ? » Au passage je dénonce les hold-up sémantiques du FN. De même
qu’il a voulu annexer à son seul profit le drapeau tricolore et la
Marseillaise — peine perdue — ses militants se revendiquent «patriotes», eux les enfants de
Maurras et de Pétain ! « Les nationalistes
cherchent toujours à masquer sous des sentiments patriotiques, leurs velléités belliqueuses.
» C’était vrai pour Roger Martin du Gard, cela reste toujours vrai aujourd’hui.
(1) Le FN a recueilli 6 820 000 suffrages.
On étale les enveloppes sur les tables…(photo JCH) |
A Louviers, le dépouillement se fait de manière originale. Au lieu de cacheter les enveloppes par centaines on étale les bulletins sur les tables (voir photo) au risque de les voir subir, qui un vol, qui une destruction, sans se soucier d'appliquer le code électoral dont je rappelle les contraintes ci-après : « Les enveloppes contenant les bulletins
sont regroupées par paquets de cent. Ces paquets sont introduits dans des
enveloppes spécialement réservées à cet effet. Dès l'introduction d'un paquet
de cent bulletins, l'enveloppe est cachetée et y sont apposées les signatures
du président du bureau de vote et d'au moins deux assesseurs représentant, sauf
liste ou candidat unique, des listes ou des candidats différents. » A ma connaissance, on ne procède pas ainsi et c'est bien dommage.
De même l'usage voulait que les citoyens suivent les opérations des scrutateurs des huit bureaux de la ville au fur et à mesure des centaines de bulletins dépouillés…la municipalité actuelle a décidé de stopper ce système pourtant pratique et très démocratique. Il permettait en effet aux Lovériens de suivre en direct l'évolution des scores des listes ou des candidats. Quel changement…
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