12 avril 2012

Chronique d’une mort annoncée : l'olivier craint surtout le gel


(photo RH)

Comme chacune et chacun d’entre nous croient le savoir, l’arbre qui, par excellence, symbolise la Normandie est le pommier. Mais cela, comme tant d’autres choses, c’était au bon vieux temps, celui des archaïques et des attardés. C’était sans compter sur la modernité dont ne cesse de se revendiquer à Louviers notre maire. Et depuis quelques années, en matière d’arbres, la modernité, c’est l’olivier. L’avez-vous remarqué ? 

Depuis que les bobos s’en sont emparés, c’est hyper-tendance de planter des oliviers partout. Et surtout n’importe où. Pour ceux qui, dans notre merveilleux monde libéral, ne savent plus quoi faire de leur argent et qui veulent tout, tout de suite, des entreprises se chargent, à prix d’or, d’aller chercher en Espagne principalement, des oliviers centenaires qu’on extrait du sol avec leurs racines et la terre autour, à grand renfort de moyens techniques, pour les ramener et les planter dans leur jardin. Qu’importe par conséquent de piller ainsi l’Espagne puisque c’est pour se faire plaisir. Et posséder dans son jardin normand un olivier centenaire pour épater ses amis, quelle classe folle !

En cela me répondrez-vous et vous n’aurez pas tort, ils ne font que suivre le mauvais exemple que donna François Mitterrand en acceptant que soient transplantés depuis la forêt de Bord jusqu’au patio central de la Bibliothèque nationale de France à Paris, des pins adultes de plus de vingt mètres de haut sensés lui rappeler la clairière landaise de Latche. Que n’aurait pas fait l’architecte courtisan Dominique Perrault pour séduire le monarque républicain et remporter le concours !

Soit, mais revenons à nos oliviers. En dépit du réchauffement de la planète, le climat de notre Normandie n’est pas encore celui de la Provence. Certains le déplorent, mais c’est ainsi. Les hivers y sont plus rudes et le froid plus intense. Qu’importe ! Soyons modernes ! Trois oliviers de taille respectable – et de prix sans doute à l’avenant – nous narguaient depuis quelques années, installés sur le parterre aménagé devant l’église Notre-Dame comme s’il s’agissait de la Bonne Mère. Ne manquait que le chant des cigales dans des haut-parleurs de l’Union commerciale pour que l’illusion fût parfaite. Que vouliez-vous qu’il leur arrivât ? Ce qu’il devait leur arriver. La vague de froid de cet hiver leur a été fatale. N’ayant reçu aucune protection, ils ont gelé et nous montrent à présent un feuillage brun entièrement grillé.

Bilan de cette lumineuse installation. Sauf à croire qu’ils vont ressusciter, il va falloir arracher les arbres morts et les remplacer. Réfléchissons-y ! Quelle sorte d’arbres pourrait accueillir cet emplacement remarquable qui n’a pas encore été essayée ? Des palmiers ? Des orangers ? Quoi d’exotique, qui ferait moderne et nous débarrasserait de la traditionnelle fleur printanière et délicate du pommier, tellement ringarde ? Bien sûr, c’est d’une solution radicale dont nous avons besoin. Ce qu’il nous faut, c’est une sorte d’arbres à croissance lente de telle manière qu’ils n’auront pas besoin d’être écrêtés. Condition indispensable dans notre cité où le mot est tabou. Vos suggestions sont les bienvenues. À vos plumes !

Reynald Harlaut

Aucun commentaire: