(photo RH) |
Comme
chacune et chacun d’entre nous croient le savoir, l’arbre qui, par excellence, symbolise
la Normandie est le pommier. Mais cela, comme tant d’autres choses, c’était au bon
vieux temps, celui des archaïques et des attardés. C’était sans compter sur la
modernité dont ne cesse de se revendiquer à Louviers notre maire. Et depuis
quelques années, en matière d’arbres, la modernité, c’est l’olivier. L’avez-vous
remarqué ?
Depuis que les bobos s’en sont emparés, c’est hyper-tendance de
planter des oliviers partout. Et surtout n’importe où. Pour ceux qui, dans
notre merveilleux monde libéral, ne savent plus quoi faire de leur argent et
qui veulent tout, tout de suite, des entreprises se chargent, à prix d’or, d’aller
chercher en Espagne principalement, des oliviers centenaires qu’on extrait du
sol avec leurs racines et la terre autour, à grand renfort de moyens
techniques, pour les ramener et les planter dans leur jardin. Qu’importe par
conséquent de piller ainsi l’Espagne puisque c’est pour se faire plaisir. Et
posséder dans son jardin normand un olivier centenaire pour épater ses amis,
quelle classe folle !
En cela
me répondrez-vous et vous n’aurez pas tort, ils ne font que suivre le mauvais
exemple que donna François Mitterrand en acceptant que soient transplantés
depuis la forêt de Bord jusqu’au patio central de la Bibliothèque nationale de
France à Paris, des pins adultes de plus de vingt mètres de haut sensés lui
rappeler la clairière landaise de Latche. Que n’aurait pas fait l’architecte courtisan
Dominique Perrault pour séduire le monarque républicain et remporter le
concours !
Soit, mais
revenons à nos oliviers. En dépit du réchauffement de la planète, le climat de
notre Normandie n’est pas encore celui de la Provence. Certains le déplorent,
mais c’est ainsi. Les hivers y sont plus rudes et le froid plus intense.
Qu’importe ! Soyons modernes ! Trois oliviers de taille respectable –
et de prix sans doute à l’avenant – nous narguaient depuis quelques années,
installés sur le parterre aménagé devant l’église Notre-Dame comme s’il
s’agissait de la Bonne Mère. Ne manquait que le chant des cigales dans des
haut-parleurs de l’Union commerciale pour que l’illusion fût parfaite. Que
vouliez-vous qu’il leur arrivât ? Ce qu’il devait leur arriver. La vague
de froid de cet hiver leur a été fatale. N’ayant reçu aucune protection, ils
ont gelé et nous montrent à présent un feuillage brun entièrement grillé.
Bilan de cette
lumineuse installation. Sauf à croire qu’ils vont ressusciter, il va falloir
arracher les arbres morts et les remplacer. Réfléchissons-y ! Quelle sorte
d’arbres pourrait accueillir cet emplacement remarquable qui n’a pas encore été
essayée ? Des palmiers ? Des orangers ? Quoi d’exotique, qui ferait
moderne et nous débarrasserait de la traditionnelle fleur printanière et délicate
du pommier, tellement ringarde ? Bien sûr, c’est d’une solution radicale
dont nous avons besoin. Ce qu’il nous faut, c’est une sorte d’arbres à
croissance lente de telle manière qu’ils n’auront pas besoin d’être écrêtés. Condition
indispensable dans notre cité où le mot est tabou. Vos suggestions sont les
bienvenues. À vos plumes !
Reynald
Harlaut
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