Nous dénonçons ici régulièrement les dérives du pouvoir sarkozyste. Comme ces conflits d’intérêts dont l’affaire Woerth est un cas d’école. Comment peut-on être ministre du Budget chargé de traquer l’évasion fiscale – sport pratiqué par les Français les plus riches – et dans le même temps être trésorier de l’UMP, parti politique de droite défendant les intérêts des mêmes, et recevoir d’eux des dons ? À qui fera t-on croire que ces généreux donateurs n’espèrent pas en retour une certaine indulgence du fisc à leur égard ? Il n’y a que cet histrion de Frédéric Lefebvre, le comique troupier du gouvernement, pour oser s’indigner qu’on puisse imaginer cela et tenter de nous faire avaler la couleuvre.
Les Français dans leur immense majorité ne sont pas dupes de cette manière de faire de la politique en mélangeant tout : intérêt général et intérêts privés, en faisant argent de tout, en profitant de tout : ministres qui mènent grand train sur le dos du contribuable qu’on s’apprête à saigner à blanc. Tel le secrétaire d’État au Grand Paris Christian Blanc et ses 12.000 euros de cigares ; telle Christine Boutin et ses 9.500 euros par mois pour un rapport fumeux ; tel Jean Sarkozy qui devait prendre la direction de l’EPAD, etc. La liste devient longue comme un jour sans pain.
Raison de plus pour ne pas s’exonérer de dénoncer certaines pratiques à l’échelon local lorsqu’elles viennent du personnel politique réputé être à gauche ou plutôt se définissant comme tel. Deux exemples nous sont fournis par l’actualité dans lesquels se trouve impliqué Franck Martin, maire de Louviers, président de l’Agglomération Seine Eure et conseiller régional.
Maire de Louviers, Franck Martin, a fait des indemnités d’élu qu’il perçoit son affaire personnelle et fait voter par son conseil municipal, lors de la dernière séance du lundi 28 juin, l’attribution de son écrêtement d’indemnités pour cause de cumul des mandats à sa compagne adjointe au maire Ghislaine Baudet. Du balkanysme pur sucre. Il est d’ailleurs si fier de son exploit que dans la vidéo retransmettant la dernière séance du conseil municipal, il a censuré en la faisant purement et simplement disparaître, la partie du débat ayant trait à cette délibération. Bel exemple de démocratie, de transparence et de courage politique.
« À l’école de Sarkozy et de Balkany, Franck Martin, l’escamoteur, fait d’énormes progrès. Même cynisme, même absence d’éthique sinon de morale, mêmes méthodes tordues : je fais mes mauvais coups en douce, à la veille des vacances, quand la vigilance des citoyens se relâche, en fin de séance, après avoir usé de tous les artifices pour faire traîner les autres délibérations en longueur. À la rentrée, en septembre, ils auront déjà oublié, pense-t-il. Le maire de Louviers doit savoir que cet « arrangement » pour contourner la loi et conserver le bénéfice de ces 1.425 euros d’indemnités, il va désormais devoir le traîner sans cesse comme un boulet jusqu’à la fin de son mandat, tout comme Sarkozy, avec le bouclier fiscal, la soirée avec la bande du Fouquet’s et le séjour sur le yacht de Bolloré.
Président de l’Agglomération Seine Eure, la CASE, Franck Martin, à force de manœuvres et d’intrigues auprès d’Alain Le Vern, président de région et de Jean-Louis Destans, président du conseil général, est parvenu à se faire placer en position éligible sur la liste socialiste aux dernières régionales. Situation ubuesque puisque le Parti socialiste est dans son opposition au conseil municipal. En conséquence de quoi, Michel Ranger a perdu le siège qu’il espérait «regarnir» au conseil régional. Mais, auparavant, Michel Ranger, conseiller régional, avait été élu en 2008 président du Syndicat mixte de la base de plein-air et de loisirs de Léry-Poses, présidence qui n’est pas qu’honorifique et bénéficie d’une rémunération. En toute logique et dans le respect des statuts prévoyant que seul un élu pouvait assurer la présidence du Syndicat mixte de Léry-Poses, Michel Ranger aurait dû s’en retirer. Le Syndicat mixte est dans les compétences de la CASE. Franck Martin le sait bien, lui qui toujours à l’affût d’un fromage, avait déjà jeté son dévolu dessus en 2005 et tenté de se faire élire à cette présidence. Mis en minorité lors du vote par les délégués territoriaux, il avait vu Ghislaine Raud, à l’époque maire de Poses, lui ravir la place. Il s’était alors vengé sur les délégués félons en leur retirant leur délégation. Histoire de leur apprendre à bien se tenir et leur rappeler, lui le suzerain, la place des vassaux.
Cependant, il existait dans le pacte conclu entre ces grands seigneurs qui nous gouvernent localement, une clause secrète. C’était que, comme lot de consolation, Michel Ranger conserve la présidence du Syndicat mixte. Que croyez-vous qu’il advint ? À la dernière séance du conseil communautaire, Franck Martin a fait voter par l’assemblée des délégués qui s’est exécutée, la modification des statuts du Syndicat mixte, permettant ainsi à Michel Ranger d’en conserver la présidence. L’engagement est honoré. Les comptes sont apurés.
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais en ces circonstances, en adoptant certains comportements du pouvoir en place, ces braves gens ne seront sûrement pas les mieux placés pour critiquer dans les prochains mois l’équipe de bras cassés qui gouverne notre malheureux pays. Les citoyens du canton de Louviers-Nord devront s’en souvenir lorsqu’ils iront voter aux prochaines cantonales (1) de mettre leur bulletin dans l’urne. Nous saurons leur rafraîchir la mémoire en temps utile. »
Reynald Harlaut
Parti de Gauche
(1) NDLR : il va de soi, qu'en ce qui me concerne, j'appelle d'ores et déjà mes amis et les électeurs du canton nord de Louviers à voter pour Leslie Cléret, la conseillère générale sortante. Elle est socialiste, elle a un bilan, elle est honnête et elle est franche ce qui lui vaut quelques fois des reproches mais je préfère ces personnes-là.
Jean-Charles Houel
6 commentaires:
Monsieur Ranger ne bénéficie il pas par ailleurs d'un salaire de complaisance au Conseil Général de l'eure depuis qu'il n'est plus conseiller régional pour compenser?
Salaire de complaisance n'est pas le mot puisqu'il est membre du cabinet et fournit un travail normalement rémunéré.
@Jean-Charles
je reprendrais les mots du camarade
Harlaut;michel Ranger a eu un lot de consolation et pour la petite histoire la terrible descente 1er
fédéral de l'Eure;vice-président de
région et plus rien sinon la gamelle alimentaire et on s'étonne que les français soient dégoutés de la politique
bonnes vacances
max de beuzeville
Et encore en ce qui concerne le maire de Louviers on ne sait toujours pas ce qui le pousse à confier la gestion de l'eau de l'agglo à Veolia.
On sait que le GIP Marité a confié à la fondation du patrimoine la collecte et la gestion de la souscription publique pour le renflouage du fameux trois-mats.
On sait que la fondation du patrimoine est en partie financée grâce aux dons généreux de Veolia. Mais il n'y a que les mauvaises langues qui y verront un conflit d'intérêts.
Mais il faudra bien que les lovériens sachent la vérité un jour. Car après avoir subit une augmentation des impôts de près de 15% en 2 ans, il ne manquerait plus que lovériens continent de payer 20% à 25% de plus leur facture d'eau par rapport à une régie publique pour que le premier magistrat de la ville navigue tranquillement en eaux troubles pour pêcher la morue à bord de son fameux trois-mats.
Pour revenir sur le scandale de l'écrêtage des indemnités du maire et de la crise que subissent les lovériens, citons Beaumarchais : "On ne s'intéresse guère aux affaires des autres que lorsqu'on est sans inquiétude sur les siennes."
Percevant 1602 € nets par mois de VdR, comme maire et 1542 € nets par mois à la région dont je suis pourtant VP (alors que Martin non), sommes dont je
reverse 10% au PS, je ne comprends pas comment on peut atteindre 9500 €.
voici un site
http://carrefourlocal.senat.fr/themes/aspects_financiers/index.html
et les indemnités des maires varient en fonction du nombre d'habitants dans la commune, donc MAJ ne gagne probablement pas la même chose que F Martin, et n'oubliions pas que F Martin est aussi Président de la CASE, et pas MAJ.
Sylvia Mackert
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