Cela fera bientôt deux mois que deux journalistes de France 3 et leurs accompagnateurs sont aux mains de leurs ravisseurs afghans. Que sait-on d'eux ? Qu'ils sont en vie et, dit-on, en bonne santé. Ces deux journalistes avaient l'intention de se rendre dans une région réputée dangereuse pour y exercer leur métier et sortir des sentiers battus. Ils ont évidemment pris des risques et sont, aujourd'hui, dans la situation de Florence Aubenas et de tant d'autres hommes et femmes de presse kidnappés et menacés dans leur vie même au nom de l'idée qu'ils se font d'un métier ô combien nécessaire.
Alors qu'on ne sait évidemment rien des tractations engagées par le gouvernement français et la direction de la chaîne de télévision pour obtenir leur libération, on entend le général chef d'état-major des armées françaises indiquer que les recherches et autres actions ont coûté, jusqu'aujourd'hui, 10 millions d'euros à l'Etat et que les journalistes feraient bien d'intégrer cette notion économique et financière avant de prendre des décisions somme toute «contestables»… Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, avait tenu des propos similaires il y a quelques semaines. Autrement dit, ces aventuriers de journalistes coûtent très (trop) cher quand ils veulent décrocher des informations non censurées, non expurgées, non contrôlées.
C'est franchement honteux de la part du chef d'état major des armées d'avoir tenu des propos pareils. Comme l'a dit Jean-Michel Apathie, que je n'apprécie pas toujours, il aurait pu attendre que ces journalistes soient libérés et de retour en France avant de parler. Alors qu'on ignore ce que vont advenir les deux journalistes et leurs accompagnateurs, il est franchement lamentable d'engager une polémique sur leur conduite professionnelle et sur ses conséquences financières. Après tout, dans l'esprit du général, leur vie ne vaut peut-être pas plus que celle des fantassins qu'on envoyait se faire tuer en première ligne !
1 commentaire:
Tout cela procède de la logique d'anéantissement des structures et des valeurs qui fondent notre république entreprise par la bande de voyous qui nous gouvernent. Démolition de tout ce qui constitue les contre-pouvoirs et les corps intermédiaires entre le président de la République et les citoyens. Mépris total de la représentation nationale. Remplacement dans les faits du Premier ministre par le secrétaire général de l'Élysée, n'ayant aucune légitimité pour s'adresser aux Français comme il s'y emploie couramment. Mainmise sur les principaux médias, notamment la télévision, soit par l'entremise de leurs propriétaires pour les châines privées, soit en ayant à nouveau le pouvoir de nommer les présidents de chaînes publiques. Formidable régression. Faveurs et prébendes accordées aux amis-patrons et à la bande du Fouquet's, etc. etc.
Reynald Harlaut
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