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Raquel Garrido sur France 5. ©JCH
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Chez les Staliniens, les
vieilles habitudes ne meurent jamais. Quand vous n’êtes pas dans la ligne, vous
êtes puni ou banni. Et parfois, dans le pire des cas, on vous trucide (1). Ainsi,
depuis des décennies, les dirigeants de mouvements se réclamant peu ou prou de la
tendance communo-stalinienne ont pris pour habitude de mettre en accusation
ceux et celles qu’ils accusent de sortir de la ligne définie par «le bureau
politique» souvent réduit à la parole d’un leader charismatique, parfois, et
autoritaire, toujours. Il est évident que la majorité des mélenchonistes — les
membres du clan — répondent à cette définition.
Ainsi, Mme Raquel Garrido, députée
de Seine-Saint-Denis, qui a osé protester contre certaines positions et déclarations
de Jean-Luc Mélenchon, ancien sénateur socialiste et ancien député de
Marseille, et chef de LFI, vient de se voir mise au ban du groupe LFI de l’Assemblée
nationale pour une durée de quatre mois. Ces quatre mois de pénitence vont l’empêcher
d’intervenir au nom du groupe mais connaissant Mme Garrido, j’imagine que sa
liberté de parole et de ton ne sera pas bridée notamment dans la salle des
quatre colonnes du Palais Bourbon là où les journalistes interpellent les élus.
Quelle est la nature des
reproches faits à Mme Garrido ? Elle est de ceux et celles qui exigent un
respect de la démocratie interne et de la délibération collective. Elle dit
tout haut ce que nombre d’adhérents de LFI pensent. Elle met en cause un
fonctionnement pyramidal du groupe LFI au sein duquel seuls quelques privilégiés
triés sur le volet ont le droit de s’exprimer ou de faire connaître des désaccords
de ligne ou de programme. Mme Garrido n’est pas seule. Clémentine Autain, François
Ruffin, Alexis Corbières ou Danièle Simonnet ont souvent considéré que la démocratie
ne rime pas avec purge et que le parti ne se résume pas aux foucades et
provocations du leader maximo.
Par ailleurs, il faut être
bien naïf pour penser que la démocratie interne d’une association, d’un groupe,
d’un parti ou d’un mouvement politique est un long fleuve tranquille. Les différences
symbolisent la vitalité et la richesse à condition d’être d’accord sur les grands
principes. Les positions et les déclarations récentes de Jean-Luc Mélenchon sur
le Hamas (qu’il a refusé de qualifier de terroriste) ou les attaques
personnelles contre Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale,
favorable, selon lui, au massacre à Gaza, ont choqué au Palais Bourbon mais
aussi chez ceux qui luttent contre l’antisémitisme. Raquel Garrido, invitée de France
5, ce soir, a appuyé là cela fait mal. Elle a rendu publique une vision
majoritaire chez les Français : Le 7 octobre fut l’œuvre criminelle de
terroristes du Hamas et Israël doit mettre en place un cessez le feu toutes
affaires cessantes. Pour sauver de nombreuses vies et pour tracer un chemin
vers la paix.
(1) On n’en est pas là en
France.