30 octobre 2017

« Si tu ne crois pas celle-là, je t'en raconterai une autre » ou les fables d'Eric Woerth


Un ami aime à me répéter une phrase clé quand le mensonge est évident : « si tu ne crois pas celle-là, je t’en raconterai une autre. » Prenons M. Eric Woerth, l’actuel président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. On ne peut pas dire que l’homme présente mal. Au contraire, il a cette élégance innée des habitants de Chantilly et des admirateurs des courses de chevaux de haut niveau. Mais c’est un homme de parti. Qui dit parti, dit partisan. Et souvent, malgré une éducation sans doute exemplaire autant que morale, il peut arriver que les objectifs à atteindre exonèrent les plus convaincus d’entre eux du minimum de…sens commun.

Éric Woerth, une première fois, a été mêlé à l’affaire Bettencourt. Il a fallu le silence maîtrisé de certains témoins pour empêcher les juges d’instruction de le traduire devant le tribunal correctionnel faute de preuve, autrement dit faute d’aveu de ceux ou celles qui ont fait passer les enveloppes kraft remplies de billets ou qui ont vu les manigances. M. Woerth s’est vanté d’avoir été blanchi. Et donc d’être innocent. C’est plus compliqué que cela quand on lit les attendus de l’ordonnance dans laquelle les juges n’épargnent pas les copains de Sarkozy puisque finalement le bénéficiaire potentiel était bien le candidat Sarkozy.

Alors quand j’ai entendu, il y a 48 heures, M. Woerth, ancien trésorier de l’UMP, affirmer qu’en 2007, « si certains membres de l’équipe de campagne avaient été payés en liquide, c’est parce que des donateurs anonymes avaient adressé cet argent au parti par la poste ! » j’ai éclaté de rire. Car de quoi s’agit-il ? De l’affaire du financement libyen de la campagne, encore lui, de Sarkozy. Les juges chargés d’instruire cet éventuel délit remontent lentement mais sûrement jusqu’aux protagonistes de ce qui serait un véritable scandale d’Etat, d’autant plus que Sarkozy a été élu ! Qui croira, en effet, que des sommes importantes en espèces ont transité par notre réseau postal ? Qui va gober une affirmation pareille ? Éric Woerth, habitué à se sortir de situations scabreuses, n’a trouvé que cette solution pour expliquer l’inexplicable. Si ça marche, chapeau l’artiste ! Mais les juges ne sont pas tous dupes.

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