Des quotidiens d’information
comme Le Monde et Libération ont créé au sein de leurs rédactions des équipes
chargées de contrôler les affirmations des hommes et des femmes politiques.
Pendant des années, les vedettes médiatiques telles que Nicolas Sarkozy ou
Jean-Marie Le Pen ont sans cesse asséné des arguments, des chiffres, des
statistiques présentés comme autant de vérités définitives alors qu’un peu d’investigation
aurait mis à mal ces affirmations. La plupart du temps, ces « ténors » de la télévision
font peu de cas de la vérité des faits obsédés qu’ils sont par leur course à la
notoriété et à la « petite phrase ».
Les décodeurs, donc, puisque
tel est leur nom, vérifient aujourd’hui systématiquement les déclarations des
candidats aux primaires de gauche, de droite, du centre, du FN, des Verts ou
celles des membres du gouvernement. Ils sont conduits à analyser chaque phrase,
chaque assertion de ceux et celles qui ont vocation à représenter le peuple et
donc à lui dire la vérité. C’est évidemment très théorique dans la mesure où
les généralités, la langue de bois et les faux semblants composent le plus
souvent le menu quotidien des candidats. Les Mendès France ne sont pas pléthore.
Deux exemples suffisent à
illustrer la nécessité de ce travail de contrôle et d’investigation. Le
procureur de la république, au vu du dossier établi par les trois juges d’instruction
de l’affaire Bygmalion, affaire du dépassement du plafond des comptes de
campagne de Sarkozy en 2012, propose le renvoi en correctionnelle de l’ensemble
des protagonistes dont l’ancien président de la République alors candidat. Me
Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, a émis quelques remarques considérées comme «douteuses»
par les décodeurs du journal Le Monde. Considérant ces remarques une par une, ces
derniers démontrent, preuves à l’appui, que l’avocat prend des aises avec la vérité
des faits et expliquent « pourquoi c’est faux ». Me Herzog est ainsi ridiculisé
et le citoyen Sarkozy confondu.
Idem avec une mise au point
de Manuel Valls. Les mêmes décodeurs ont enquêté pour savoir si la contestation
(par le premier ministre) d’un article du New York Times était justifiée ou
non. Elle ne l’est pas. M. Valls a pris bien des libertés avec la vérité et ce
n’est pas à son honneur surtout quand il s’agit de répondre à un article de
presse. Dans ces cas là, l’expérience prouve que les contradicteurs des
journalistes ont intérêt à vérifier plutôt deux fois qu’une la teneur de leurs
réponses. Visiblement Manuel Valls a tiré plus vite que son ombre mais ce n’est
pas la première fois.
On le voit, les politiques ou
leur entourage (1) pratiquent l’art de l’enfumage avec une facilité déconcertante.
L’existence des réseaux sociaux, la mémorisation aisée de leurs anciennes « vérités
» comparées à celles d’aujourd’hui, devraient contraindre les discoureurs à plus de précautions et plus de
respect pour les citoyens que nous sommes. Nous disposons, avec une presse indépendante,
d’outils nouveaux et incontestables. Fini de dire n’importe quoi pour gagner
des voix.
(1) Les juges d’instruction
disposent d’un délai d’un mois pour prendre leur décision : non lieu ou
renvoi devant le tribunal correctionnel. Voilà pourquoi les Ciotti et consorts
mettent la pression sur ces juges pourtant indépendants.
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