10 novembre 2018

Macron ou l'art de se mettre dans le « pétr(a)in »


Emmanuel Macron a l'art de se mettre dans le « pétr(a)in ». Attention aux questions des journalistes. Les insolents, les malpropres, quel manque de respect à l’égard de sa majesté Manu Premier. Voilà qu’un gratte papier impertinent interroge le président au débotté et l’interpelle sur le traitement actuel réservé à Pétain, le traître, le collabo, le condamné à mort gracié par le général De Gaulle en raison de l’âge de l’impétrant et des services rendus pendant la première guerre.

Journal du 12 décembre 1918.
Le président de la République assure qu’avant de se livrer à des « choix funestes », Pétain fut « un grand soldat. » Pétain, c’est quand même l’ancien ambassadeur de France en Espagne, l’ami de Franco,  celui qui haïssait les parlementaires, les francs-maçons, les juifs, les syndicats ouvriers, les communistes, celui qui, à la fin de la guerre, apporta un concours moral à la Milice de triste souvenir, celle qui assassina Georges Mandel, Jean Zay et tant de résistants et de Français libres. Ce fut aussi l’homme de Sigmaringen après avoir été celui de la rencontre de Montoire où il posa avec Hitler pour la photo des actualités.

Grand soldat ? Le pire c’est que c’est vrai. Autrement dit, Macron a historiquement raison mais politiquement tort. Les actes commis pendant la seconde guerre mondiale effacent le talent militaire du général, commandant des forces Françaises elles mêmes placées sous la férule du maréchal Foch, commandant en chef des armées alliées (française, britannique, américaine, australienne etc.).

Pétain dont le nom est associé à la bataille de Verdun (en 1916 et pendant plusieurs mois avec une victoire défensive de l’armée française et des centaines de milliers de morts français et allemands) est quand même un fieffé réactionnaire, prompt à accuser le front populaire de tous les maux et prompt aussi à sacrifier les juifs étrangers réfugiés en France, d’abord, avant de livrer aux nazis ensuite 75 000 juifs français dont seulement 3000 survécurent aux camps de la mort. Un chef d’Etat français n’évoque pas le nom de Pétain sans précautions et sans avoir pesé chaque mot au trébuchet. Il se doit de (parfois) refuser les micros tendus et de (toujours) surveiller son langage.

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