6 juillet 2014

Plaidoyer pour Daniel Mermet et Alain Veinstein écartés du service public radiophonique


Olivier Poivre d'Arvor, le directeur de France-Culture (photo JCH)
Mathieu Galet, le nouveau directeur de radio-France, semble animé d’un grand de besoin de jeunisme. Cela passe, malheureusement, par l’éviction des anciens quel que soit, semble-t-il, l’attachement des auditeurs à des animateurs et des émissions bien ancrées dans l’esprit public. On assiste, sans trop de remous d’ailleurs (1), à la suppression dans la grille de rentrée de France-Inter, par exemple, d’émissions aussi emblématiques que celle de Daniel Mermet « là-bas si j’y suis ».
Je souhaite m’arrêter un instant sur cette suppression dont les raisons ne sont pas aussi simples ni bonhommes qu’il y paraît. Daniel Mermet est de ceux qui remuent les consciences, posent les bonnes questions, soulèvent les vrais problèmes. Autrement dit, Daniel Mermet fait de la politique et c’est bien ce qui est en cause dans la volonté de la direction de la radio de faire taire l’animateur et tous ceux et toutes celles qui lui faisaient confiance. L’intérêt de l’émission de Mermet, au-delà de l’originalité de l’animateur, tenait dans ce qu’elle était ouverte aux gens et au monde. Avec lui pas de frontières, pas de barrières sociologiques ou ethniques. En compensation, on lui aurait proposé une émission au rythme…de l’oubli et tard dans la soirée. Ce qu’il a jugé (et nous avec) inacceptable.
Comme le rendez-vous d’Alain Veinstein sur France-Culture qui durait depuis trois décennies. Olivier Poivre d’Arvor a même refusé de diffuser la dernière émission d’un monsieur fort respectable, au prétexte qu’il s’agissait d’une introspection d’un homme blessé, Veinstein lui-même. L’auditeur, selon OPDA n’aurait que faire des sentiments personnels de ceux qui ouvrent les micros. Je crains que M. Poivre d’Arvor ne fasse fausse route. Nous sommes intéressés par la vie et le vivant et donc par la subjectivité des producteurs et des hommes et femmes de radio. Quoi de plus intéressant à écouter que les blessures même narcissiques d’un homme qui tient le micro à minuit depuis des lustres. J’ose dire qu’il s’agit d’un devoir de la part de cet homme-là de nous dire à sa façon pourquoi on le prive de parole et d’interlocuteur puisque tout son art tenait dans la rencontre avec quelqu’un. Il a protesté contre la censure de sa dernière causerie. Je le soutiens.
Il faut, bien sûr, permettre à des talents naissants de s’exprimer. Il est du devoir des responsables d’un service public de jouer le renouvellement et la surprise. Faut-il pour autant sacrifier des emblèmes ou des symboles d’un art radiophonique qui ne s’acquiert pas en un jour ?
(1) Une pétition de soutien à Daniel Mermet circule. Signons-la tous.

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