12 mars 2011

Le capitalisme : un système où le cynisme le dispute à l’odieux

La grande vague de Hosukaï
C’était hier midi. La nouvelle venait de tomber du tremblement de terre au Japon et du tsunami qui s’en est ensuivi. On ne parlait pas encore des conséquences sur le parc nucléaire nippon. France à Terre annonçait les titres.

« Mais avant, on passe par la Bourse de Paris pour prendre les dernières nouvelles des marchés… Bonjour Truc machin, quelles sont les nouvelles à midi ? ». « Les nouvelles sont plutôt bonnes. L’indice se maintient autour du seuil des 4.000 points ; le CAC 40 résiste bien malgré le Crédit agricole qui perd 1%, etc… Un coup d’œil sur les monnaies : Le Yen est en baisse de 2%, consécutivement au tremblement de terre qui vient de se produire et qui forcément inquiète les investisseurs, mais l’Euro reste stable. Etc... Ici Truc machin en direct de la Bourse, à vous les studios…»

L’idée qu’une poignée de salauds, disséminés un peu partout dans le monde, à l’affut du moindre coup, puissent ainsi spéculer sur la monnaie d’un pays en plein drame, et tirer profit de la détresse d’un peuple frappé par le destin, ajoutant ainsi à leurs difficultés en anticipant sur le coût humain et financier qu’il entraînera, me révulse.

Comme est inadmissible que les mêmes, ne pouvant plus spéculer sur le marché de l’immobilier nord-américain ruiné par la crise précédente, se rabattent aujourd’hui sur les matières premières : le pétrole, les métaux : l’acier, le cuivre etc., les produits alimentaires : le blé, le maïs, le sucre, etc., condamnant ainsi inexorablement à la famine des millions de gens à travers le monde dans les pays déjà les plus pauvres.

La première mesure de salubrité publique que prendrait un véritable gouvernement de gauche serait de nous libérer sur les chaînes publiques de la dictature de ces bulletins qui nous informent heure par heure de la hausse et de la baisse des cours des entreprises, de l’indice de confiance de n’importe quel ménagère américaine selon le pied qu’elle a mis par terre en se levant. Comme si la vie de millions et de millions de nos concitoyens ne tenait qu’au fil de cette information anxiogène. C’est insupportable !

Qui sont-ils ceux-là qui affament ainsi les peuples que la violence du désespoir pousse à se révolter ? C’est ce que nous verrons prochainement. Mais ils ne sont pas toujours dans des buildings climatisés à vitres teintées, à l’autre bout du monde. Pas besoin d’aller à New York, à Londres ou à Francfort, ou encore à Paris. Ils sont parfois nos voisins. On peut même en rencontrer au coin de sa rue. Nous en reparlerons prochainement.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

PS : Mon dégoût a été identique. Michel Denisot anime le grand journal de Canal Plus. Comme les autres, il fait son ouverture sur le séisme japonais. Il a invité trois personnes dont un restaurateur parisien originaire de Tokyo. Des membres de la famille sont concernés par la tragédie. Mais la pub commande tout. Interruption des témoignages, du récit de la catastrophe. Quel que soit le contexte, l’argent doit rentrer. Le tunnel dure plusieurs minutes. On reprend le fil du drame comme si de rien n’était. Dur, dur.

J.-C. H.

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