17 décembre 2010

« Le président » Georges Frèche, un film sur le cynisme en politique et sur la solitude du pouvoir


J'irai voir « le président », film documentaire d'Yves Jeuland, retraçant la carrière de Georges Frèche, ancien maire de Montpellier et ancien président de la Septimanie (1)…ou plutôt de la région Languedoc-Roussillon, décédé au mois d'octobre dernier. J'ignore encore dans quelle salle je devrais me rendre car si le film est bien projeté cette semaine sur les écrans à Paris, je ne l'ai pas aperçu dans les programmations régionales.

Pourquoi faut-il aller voir ce film dont nous avons abondamment entendu parler ? Parce qu'il exemplaire des dérives des hommes de pouvoir. Georges Frèche a appartenu au Parti socialiste avant d'en être exclu. J'ose penser qu'il y trouvait une résonance avec des valeurs collectives partagées. Mais cela, c'était au début de sa carrière. A une époque où pour se lancer dans la vie politique, il fallait obligatoirement passer par la case Parti. A une époque où il pratiqua la politique de manière intelligente ce qui lui fit perdre, disait-il, trois élections importantes. « Durant les 25 autres campagnes, je leur ai raconté des histoires de cul et des galéjades, et j'ai gagné sans interruption. » Le cynisme dans toute sa splendeur.

Il faut aller voir ce film pour constater combien les entourages des «imperators» sont intoxiqués voire drogués par la faconde des chefs. La bande annonce du film permet d'entendre le directeur de cabinet de Frèche alors qu'il s'adresse à l'équipe de campagne lors des dernières élections régionales : « vous devez mentir, gonfler les chiffres…» des propos inimaginables dans la bouche d'un homme de gauche !

On comprend mieux, dès lors, pourquoi Frèche a régné sur sa région et dans sa ville si longtemps. On comprend mieux aussi pourquoi son état de santé l'a conduit à se libérer des bienséances et des règles communes de la vie en société. Pourquoi il a lâché des propos orduriers sur les harkis ou l'équipe de France de football. Cet homme seul, perdu pour la cause, aigri, ne roulait que pour lui et par lui. Le pouvoir rend fou quand il devient la seule obsession de ceux qui le possèdent. Et qui sont prêts à tout pour ne pas le perdre.

(1) Agrégé de lettres classiques, Georges Frèche brillait par sa culture. Elle l'avait amené à vouloir changer le nom de sa région en Septimanie, province des royaumes barbares du Ve au XIe siècles. Elle recouvrait à peu près le Languedoc-Roussillon actuel.

Aucun commentaire: