7 mars 2018

Pour la liberté de la presse et les droits des journalistes, tous au Trocadéro samedi !


En 1976-77, les journalistes (SNJ) de Paris-Normandie se sont battus contre Robert Hersant.©jean-Charles Houel
Samedi 10 mars, le Syndicat national des journalistes fêtera ses 100 ans. Cent ans de combat collectif et de conquêtes sociales, loi de 1935 donnant un statut à la profession, convention collective dès 1937, obligation d'affilier les journalistes rémunérés à la pige à la sécurité sociale (1963 !) puis loi Cressard (1973), lutte contre les concentrations, défense de la liberté de la presse...
Samedi 10 mars, à l'occasion du Centenaire du SNJ, le syndicat organise un grand rassemblement sur l'Esplanade des Droits de l'Homme (Paris Trocadéro), à partir de 14 heures. Il appelle tou-te-s les journalistes à se joindre à son rassemblement.
Il reste tant à faire. Pour lutter contre la précarité qui gangrène la profession, affaiblit les collectifs de travail et asservit les rédactions. Pour renforcer la protection du secret des sources des journalistes, libérer la presse du secret des affaires et des procédures-bâillons. Pour protéger les journalistes, la presse, les médias, de leurs propres turpitudes. Pour lutter contre les ennemis de la liberté qui prônent la haine des journalistes et des médias, et voudraient les mettre au pas, quand des confrères et consoeurs sont assassiné-es pour leurs écrits à deux heures de Paris. Il reste tant à faire !
Samedi, rejoignez-nous au Trocadéro !



6 mars 2018

L'augmentation de la CSG : un député LREM invite les retraités à « se ressaisir » et à la fermer !


Eric Alauzet, le député LREM.
Un député LRM du nom de Eric Alauzet (ancien acupuncteur) invite les retraités à se montrer discrets voire silencieux après la hausse de la CSG qui ampute leur pouvoir d’achat. Qu’ils fassent donc profil bas, intime-t-il ! Ce député sait que ces foutus retraités vont avancer le même argument : « on a trimé toute notre vie, cette retraite on ne l’a pas volée, c’est dur de voir son montant diminuer. » Tout cela après le gel du point pendant plusieurs années. L’honorable parlementaire défend cette hausse de la CSG afin de venir en aide à ceux qui entrent dans la vie active ou tout au moins tentent d’y entrer. Un peu de solidarité et de désintéressement siérait…pour le moins. Tel est le message qu’on doit faire entrer dans nos petites têtes de retraités grincheux.

A l’Assemblée nationale, ils sont nombreux celles et ceux qui pensent comme lui, comme le président et comme le gouvernement. Ils pensent grosso modo : « On ne vous a pas pris en traître puisqu’on vous avait prévenus pendant la campagne. » Ceux qui ont voté Macron savaient donc qu’ils se feraient hara-kiri…mais il y a loin de la virtualité et d’une promesse de campagne à une feuille de paie réelle et 1,7% de pension en moins. Eric Alauzet, rapporteur du budget de la sécurité sociale a ajouté : "S'ils ont travaillé toute leur vie, ça ne suffit pas comme argument au moment où il faut trouver de l'argent pour renflouer les caisses de l'État. Il faut que les retraités se ressaisissent et comprennent que ces mesures accompagnent ceux qui travaillent."

Vais-je me ressaisir sachant que je suis de ceux qui subissent la hausse de la CSG ? D’ailleurs que veut dire le député quand il nous demande de nous ressaisir ? Le député nous invite-t-il à retrouver notre sang-froid, comme si on en manquait, à retrouver notre calme…comme si on l’avait perdu ! Se ressaisir a un autre sens dans l’esprit du député : vous devriez être contents de vous montrer solidaires, même forcés par la loi, car on prend l’argent là où il est ! Le député ajoute : les retraités d’aujourd’hui ont une retraite « dorée ». Qu’ils se la ferment avant même qu’ils l’aient ouverte. Pour mémoire l'augmentation de 1,7 % de la CSG concernera les pensions annuelles au-dessus de 11018 euros (une personne seule) ou 16 902 euros pour un couple. J'avais une autre conception des retraites dorées.

Le coup de la solidarité destinée à culpabiliser les retraités, on connaît. Plutôt que de se lancer dans des demandes de contrition à forme religieuse, Eric Alauzet aurait mieux fait de se taire et laisser le gouvernement justifier son choix. Les récentes élections partielles ont montré que les retraités — justement — avaient rechigné à voter LREM. La leçon de cette histoire : il faut que les efforts soient partagés. Si une catégorie de la population se sent exclusivement visée, elle rue dans les brancards. Et pourtant, nous ne sommes pas de mauvais chevaux. Retraite dorée ou pas.

5 mars 2018

La « haine » de Jean-Luc Mélenchon à l'égard des médias sera-t-elle contagieuse ?


Le style de Jean-Luc Mélenchon, c’est ce qui fait son succès d’ailleurs, est franc, brutal, non critiquable…de son point de vue. Sur son blog, récemment, il a appelé à la « haine » générale contre les médias qu’ils jugent inféodés au pouvoir de l’argent — ce qui n’est pas tout à fait faux —  et soumis au pouvoir politique, ce qui n’est pas démontré. Le mot haine est un mot fort. Quand un homme politique aussi intelligent que lui l’emploie, c’est qu’il a une stratégie : valider une théorie complotiste à vocation populiste. Le président des insoumis, très chatouilleux en matière de vocabulaire, ne l’a évidemment pas choisi au hasard. Il s’agit pour lui de constituer des bataillons de militants, le couteau entre les dents, prêts à agresser tout ce qui bouge dans le monde de la presse. Mais la haine est plus du ressort des tripes que de la raison. La haine, c’est le carburant du pauvre. C’est un sentiment négatif, défensif, un aveu d’impuissance. La haine c’est aussi la colère des faibles.

Que Jean-Luc Mélenchon se sente « isolé » dans le monde des médias est une évidence. Il se sent traqué, attaqué, diffamé. Comment pourrait-il en être autrement quand un leader politique important (3e à la présidentielle !) vous abreuve d’insultes caricaturales ! Pour avoir porté sur lui, un temps, un regard bienveillant, mon opposition à son égard est devenue aussi tenace que réfléchie. Au fil des années, j’ai vu avec quel mépris, quelle condescendance, quelle arrogance ils traitaient tous ceux et toutes celles qui ont vocation d’informer pour le meilleur souvent et pour le pire parfois. Jeunes, vieux, hommes, femmes, service public, chaînes privées, personne ne trouve grâce aux yeux de Mélenchon, guidé qu’il est par son seul discours, raidi par sa personnalité « exceptionnelle », animé par sa seule vérité. Au point même que son entourage est devenu une phalange d’admirateurs béats, copiant les tics du maître, reprenant les mots du gourou, nourrissant le flot de la subjectivité anti-médias. Dans ce domaine Alexis Corbière (qu’on voit sur tous les plateaux pourtant) mérite la palme d’or.

Face à ce mur d’hostilité, Jean-Luc Mélenchon croyait avoir trouvé la parade. En suscitant la création d’un « média » (1) forcément différent, forcément militant, animé par des proches ou des supporteurs, il pensait sortir enfin de la pensée « unique » et atténuer les effets du soi disant Mélenchon-bashing. Il imaginait trouver parmi les millions de Français qui ont voté pour lui en mai dernier un public attentif. Mais, patatras, on apprend que des dissensions internes à la rédaction, des comportements autoritaristes, des prises de position étranges (sur la Syrie notamment) mettent à mal l’apparente unanimité des journalistes invités à la fête.

Noël Mamère a quitté le navire très tôt. Des personnalités, peu suspectes d’être des agents du pouvoir actuel, retirent leur soutien. Gérard Miller, la cheville-ouvrière du projet, a du mal à se dépêtrer des contradictions mises au jour. Autrement dit, informer n’est pas une sinécure. Il ne suffit pas de rassembler quelques amis (même compétents) pour devenir crédibles. Il ne suffit pas de créer un média pour qu’il devienne fréquentable. Bien des partis — dont le PS — ont cru que disposer de son propre outil d’information pourrait suffire à faire oublier le bruit de fond. Avec le temps, on sait que c’est peine perdue. Mélenchon est en train de l’apprendre à ses dépens.

(1) Ce média nouveau genre a même trouvé le moyen d’annoncer que le candidat insoumis de la législative partielle de Guyane faisait la course largement en tête cette nuit. En réalité, il finit second à 8 % derrière le candidat sortant de la République en Marche favori du second tour. Méfions-nous des « vérités » provisoires et des fake news.