6 mai 2018

La fête à Macron ou la fête aux « journaleux » ?


Le métier de François Ruffin (notre photo Libération) c’était, si j’ai bien compris, journaliste. Avec son journal Fakir, il avait réussi à fédérer un certain nombre de Français, ceux de Nuit debout et ceux favorables aux thèses économiques de Frédéric Lordon notamment. Quand on est un vrai journaliste on l’est pour toujours. Entre temps il est devenu député de Picardie, membre du groupe de la France Insoumise. Ce groupe est dirigé de main de maître par un Jean-Luc Mélenchon au mieux de sa forme surtout quand il s’agit de « se faire » les journalistes.

Ainsi, une manifestation organisée par un journaliste ( Ruffin et la fête à Macron) se transforme en une manif contre la presse, manif que Benoit Hamon juge « festive, apaisée, joyeuse. » De « la Fête à Macron » on est passé à « la fête aux journaleux » : Camion de télévision viré, pare brise de la voiture de France Info cassé, voiture de BFM vandalisée, jet d’œufs sur les photographes et sur les reporters, manquerait plus qu’une femme de presse ou qu’un membre d’une rédaction soit molesté. Quand je pense que Jean-Luc Mélenchon vantait la non violence comme moyen politique de conviction. Il est vrai qu'il n'est pas l'auteur des bavures.

Dans une démocratie normale, dans une démocratie républicaine donc, la presse jouit du privilège de bénéficier de la liberté. La liberté ? On a vu ce que cela donnait chez Charlie Hebdo. Il arrive que le prix à payer pour cette liberté soit très élevé en dignité et en vies humaines. Alors, pourquoi s’en prendre à la presse quand il s’agit surtout de contester la politique d’un gouvernement élu démocratiquement et qui devra un jour dégager, s’il dégage, après le verdict des urnes. Même le général De Gaulle en mai 1968, bien mal en point, s’est résolu à solliciter les suffrages des Français qu’il a d’ailleurs convaincus.

« La démocratie c’est un état d’esprit » affirmait Pierre Mendès France. Jupiter semble n’avoir retenu de la 5e République que la verticalité celle que permet une constitution écrite pour le général De Gaulle et dont ses successeurs de sont accommodés. Il va sans dire que la violence et le mépris de certains des propos présidentiels ne favorisent pas la recherche du compromis ou mieux du consensus. Cela tombe bien : Jean-Luc Mélenchon n’aime ni le compromis ni le consensus. C’est tout ou rien. Il lui faudra cependant attendre son tour, patiemment, jusqu’aux élections européennes, d’abord et municipales ensuite, pour tenter de faire une vraie (cette fois) fête à Macron. Si je lis les sondages les plus frais, Jean-Luc Mélenchon n’a pas encore atteint le seuil de crédibilité susceptible de lui ouvrir les portes du pouvoir. Il n’est pas tout seul d’ailleurs puisqu’il a vu 160 000 participants, hier à Paris, alors qu’un comptage indépendant…des journalistes n’en a constaté que 39 000…à quelques unités près. La crédibilité commence par la vérité.
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