27 février 2018

La situation des transports ferroviaires en Normandie : les élus socialistes et républicains écrivent à Hervé Morin, président de région

Les élus socialistes de la région Normandie viennent d'adresser un courrier à Hervé Morin, président de l'Asssemblée régionale, pour attirer son attention sur la situation des transports ferroviaires en Normandie. Je publie cette lettre reçue ce jour.
Départ en vacances. ©Jean-Charles Houel

« Monsieur le Président,
Nous souhaitons vous alerter sur la situation et les inquiétudes des Normands vis-à-vis du train en Normandie. Il est temps que la Région agisse. Depuis plusieurs mois maintenant, les conditions d’utilisation du service public ferroviaire se sont considérablement dégradées :  le nombre de rames en circulation sur les lignes Le Havre-Rouen-Paris et Cherbourg-Caen-Evreux-Paris a drastiquement diminué ; il n’y a plus assez de places, les passagers voyagent souvent debout dans des conditions inacceptables. Les retards au départ comme à l’arrivée sont désormais monnaie courante ; plusieurs guichets ferment (Vire, Mézidon-Canon) ou sont en passe de l’être (Avranches, Pontorson, Villedieu les poêles, Coutances) ; après la remise du rapport Spinetta sur la SNCF, de nombreuses « petites » lignes, pourtant cruciales pour l’aménagement et le désenclavement des territoires, sont menacées. C’est notamment le cas des liaisons Cabourg-Trouville, Serquigny-Elbeuf, Saint-Lô-Coutances-Granville, Argentan-Granville, Fécamp-Bréauté-Beuzeville, Abbeville-Le Tréport. Mais aussi des lignes entre la Manche et la Bretagne (Folligny-Dol-de-Bretagne) ou entre l’Orne et l’Eure-et-Loir (Surdon-Dreux). Ces tronçons menacés pourraient remettre en cause le fonctionnement des lignes Paris-Granville, Caen-Tours et Caen-Rennes. Certes, le Premier ministre a annoncé lundi qu'il n'engagerait pas -pour l’instant- de "réforme des petites lignes". Néanmoins l'inquiétude demeure quand on sait ce qu'une privatisation des lignes ferroviaires peut engendrer sur des tronçons jugés, depuis Paris, les moins économiquement 'rentables'. Par ailleurs, qui va payer pour la maintenance et le renforcement du réseau capillaire, si l’Etat se désengage ? Les majorités précédentes en Haute- et Basse-Normandie avaient investi massivement pour le réseau et le service public ferroviaire normand: mise en service de nouvelles rames Régiolis sur Paris-Granville et Rouen-Dieppe ; mise en place du plus grand plan de rénovation des gares normandes (Rouen, Yvetot, Fécamp, Bréauté-Beuzeville, Val-de-Reuil, Auffay, Vernon, Bernay, Argentan, Alençon, Bayeux, Coutances, Valognes, Avranches…) ; construction de centres de maintenance à Granville et Sotteville-lès-Rouen ; avancement des études de la Ligne Nouvelle Paris Normandie et inscription au Contrat de Plan Interrégional Etat-Régions de la Vallée de la Seine ; réouverture de plusieurs lignes qui avaient été fermées par l’Etat (Bréauté-Fécamp, Serqueux-Gisors)… et qui sont à nouveau menacées aujourd’hui ! 


Vous avez poursuivi la politique, décidée en juillet 2015 par l’Etat et qui concerne toutes les Régions, de renouveler les rames Intercités sur les lignes Paris-Normandie. Nous le saluons. Mais ces nouvelles rames n’arriveront pas avant 2020, au mieux. Il est impensable que les conditions de transport actuelles perdurent d’ici-là. Il est impensable que la Région ne fasse rien d’ici-là. Par ailleurs, vous avez fait le choix contestable et financièrement périlleux de prendre à la seule charge de la Région Normandie la totalité du déficit de gestion des cinq lignes Intercités, toutes les autres Régions françaises ayant, elles, négocié une compensation financière substantielle de l’Etat. Votre décision représente plusieurs dizaines de millions d’Euros par an. Elle prive potentiellement la Région de marges de manoeuvre qui seraient bien utiles aujourd’hui pour préserver le service public TER, investir dans les gares de proximité, dans le réseau capillaire, dans ces « petites lignes » qui sinon risquent d’être abandonnées. Qui les confortera, si l’Etat se désengage et si la Région n’a plus les moyens ? Dès 2016, nous vous avions alerté sur le risque que cette régionalisation des liaisons normandes vers Paris faisait peser, non seulement sur les finances publiques, sur le service public ferroviaire de proximité, mais aussi sur le projet stratégique de Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN), qui risquait du coup de ne plus être considéré d’intérêt national par l’Etat. C’est malheureusement ce qui est en train de se passer : le calendrier de la LNPN est remis aux calendes. L’arrêt à La Défense, pourtant stratégique pour le développement économique normand, est enterré. Et l’on voit bien que l’Ile-de-France, partenaire décisif du projet, pourtant présidée par votre amie Valérie Pécresse, traite la Normandie et ses enjeux avec, au mieux, une indifférence polie.

Le Premier ministre est normand. Le Ministre de l’Economie, qui tient les cordons de la bourse, est aussi élu dans notre région. Tous sont vos amis politiques et vous ont soutenu depuis des années. Vous êtes vous-même Président « au carré » : Président de Région, Président de l’Association des Régions de France. Nous vous avons laissé une Région Normandie en excellent état financier. Bref, vous avez tous les leviers nécessaires pour agir. Vous avez annoncé un "plan Marshall" pour le train en Normandie ; pour l’instant, les Normands ont surtout vu de rutilants portiques en gare Saint-Lazare, qui ont coûté une fortune et dont l'utilité peine à convaincre. Alors que les usagers normands du train voyagent dans des conditions plus déplorables que jamais, que les agents de la SNCF sont confrontés à des conditions de travail difficiles et à des évolutions de leur statut, que le Gouvernement vient d’annoncer une réforme de la SNCF qui met l’avenir même du service public ferroviaire en débat, nous vous demandons de prendre la mesure de l’enjeu et d’agir, dès maintenant, pour le train en Normandie : 1. en pesant sur la SNCF et l’Etat pour que la qualité de service soit très rapidement restaurée sur les grands axes reliant notre région à Paris ; 2. en intervenant auprès du Gouvernement et de vos amis politiques pour que nos projets ferroviaires stratégiques (LNPN en particulier) redeviennent prioritaires ; 3. en lançant un plan massif d’investissement pour l’ensemble du réseau ferroviaire normand, garantissant en particulier que le réseau des « petites lignes » soit préservé et renforcé ; 4. en sanctuarisant, enfin, les gares et les dessertes du service TER de la Normandie.
Comptant sur votre engagement, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l'assurance de notre respectueuse considération. »


1 Nicolas MAYER-ROSSIGNOL Président du groupe "Socialistes, Radicaux et Citoyens" à la Région Normandie, Benoît ARRIVE Maire de Cherbourg-en-Cotentin Conseiller régional de Normandie, Laurent BEAUVAIS Conseiller régional de Normandie Président de Argentan Intercom, Hélène BURGAT Maire de Mondeville Conseillère régionale de Normandie, Raphaël CHAUVOIS Conseiller régional de Normandie, Valérie GARRAUD Conseillère régionale de Normandie, Valérie GIBERT-THIEULENT Conseillère régionale de Normandie, Estelle GRELIER Conseillère régionale de Normandie, Franck GUEGUENIAT Maire d'Epron, Conseiller régional de Normandie, Marc-Antoine JAMET Maire de Val-de-Reuil Conseiller régional de Normandie, Muriel JOZEAU-MARIGNE Conseillère régionale de Normandie, Claudie LAUNOY Conseillère régionale de Normandie, Emmanuel MEZERAY Conseiller régional de Normandie, Oumou NIANG-FOUQUET Conseillère régionale de Normandie, Gaëlle PIOLINE Conseillère régionale de Normandie, Frédéric SANCHEZ Président de la Métropole Rouen Normandie Conseiller régional de Normandie, Catherine TROALLIC Conseillère régionale de Normandie, Timour VEYRI Conseiller régional de Normandie, Yvon ROBERT Maire de Rouen, Christophe BOUILLON Député de Seine-Maritime, Laurence DUMONT Députée du Calvados, Corinne FERET Sénatrice du Calvados, Didier MARIE, Sénateur de Seine-Maritime, Joaquim PUEYO, Député de l'Orne, Nelly TOCQUEVILLE, Sénatrice de Seine-Maritime, Gilles DETERVILLE Président du groupe Socialiste du Calvados, Janick LEGER, Présidente du groupe Socialiste et Républicain de l'Eure, Frédéric LEVEILLE, Président du groupe Socialistes et apparentés de l’Orne, Anna PIC, Présidente du groupe Socialistes et Républicains de la Manche, Nicolas ROULY Président du groupe Pour les Seinomarins socialistes et apparentés Département de Seine-Maritime, Caroline DUTARTE, Conseillère départementale du canton de Rouen 3, Eric VEVE Conseiller départemental du canton de Caen 5.

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