15 décembre 2017

Avec la fin de la neutraité du Net, les Etats-Unis deviennent-ils un état pré-fasciste ?


Finie la neutralité du net aux États-Unis d’Amérique, le soi-disant pays de la liberté. Il s’est trouvée une majorité républicaine pour mettre un terme à une égalité parfaite entre tous les opérateurs. Dorénavant, on pourra favoriser tel ou tel, blâmer tel ou tel et accélérer ou ralentir le débit au gré des humeurs, des points de vue exprimés et comme c’est encore un coup de Trump le maudit, il y a fort à parier que les associations, les ONG, les démocrates, les anti-Trump ne seront pas parmi les favorisés.

Imaginez la disparition de la neutralité du net en France ! Pour des raisons économiques, financières, politiques, on pourrait vous empêcher, chers lecteurs de ce blog, d’avoir un accès permanent, égalitaire, à vos sites favoris. Alors qu’Edouard Philippe, Premier ministre, annonce le déploiement global de la fibre optique en France à l’horizon 2020, je ne parviens pas à me faire à l’idée qu’une majorité politique, quelle qu’elle soit, pourrait agir pour créer des inégalités d’accès aux réseaux sociaux, aux sites d’informations, aux blogs, et autres éléments utilisés dans le débat public.

C’est pourtant ce qui se passe aux États-Unis. Bien que 84 % des Américains soient hostiles à cette mesure remettant en cause ce qu’on appelle la neutralité du net, il s’est trouvé un homme de main, un exécuteur des basses œuvres pour porter atteinte à ce qui fait l’essence de la toile pour le meilleur et pour le pire si j’en juge par les tweets présidentiels. N’en doutons pas, cette logorrhée-là, ne sera ni ralentie, ni gênée. Dès aujourd’hui, des groupes manifestent devant le bureau des « mécréants ». Ce qualificatif leur convient parfaitement dans la mesure où ils vont privilégier les amis de Trump, les puissances économiques et politiques de Trump, l’Amérique de Trump. Pourra-t-on continuer de parler de démocratie américaine ou de pays préfasciste ?

14 décembre 2017

« Tout ce qui n'est pas expressément cédé par l'auteur reste sa propriété »


© Jean-Charles Houel
Je découvre ce matin que le journal « La Dépêche » de ce jour a « pompé » sur ce blog une photo de Johnny Hallyday prise par mes soins lors du concert du chanteur à Louviers le 8 décembre 1979. La journaliste de l’hebdomadaire responsable de « l'emprunt » considère que cette photo « peut-être » parue dans La Dépêche de l’époque appartient au journal. Outre le fait que cette photo aurait dû être signée puisque les règles du copyright s’appliquent, c’est aussi démontrer une méconnaissance totale du lien contractuel qui me liait au journal que j’ai servi avec enthousiasme pendant tant d’années.

Conformément aux règles concernant le droit d’auteur, la direction de La Dépêche de l’époque me versait, pour chaque photo publiée, une rétribution financière. La cession de droit est l'autorisation écrite donnée par l'auteur d'exploiter son œuvre dans des conditions déterminées. C’est exactement ce qui s’est passé avec La Dépêche. Pour chaque photo publiée, La Dépêche me versait un droit d'auteur répété autant de fois que la photo était utilisée. Si le contrat des journalistes de cet hebdomadaire a évolué, il ne m’appartient pas de juger, ni de l’opportunité ni des effets aujourd’hui. Bien des patrons de presse, pour limiter les dépenses, s'assoient sur la juste rétribution d'un travail dont l'aspect créatif original n'est pas toujours apprécié à sa juste valeur.

La loi impose pourtant que les cessions de droit doivent être strictement et clairement délimitées quant à l'étendue, la destination, le lieu et la durée et que chacun des droits cédés fasse l'objet d'une mention distincte (art. L.131-3 du CPI).
La philosophie de cette disposition est de renforcer l'idée que l'auteur dispose d'un droit exclusif d'exploitation sur son œuvre et il doit toujours pouvoir contrôler l'usage qui en est fait.

De nombreux contrats prévoient une cession de droit dans laquelle tous les modes d'exploitations, tous les supports, des droits cédés ad vitam aeternam, pour le monde entier sont envisagés. Ces contrats léonins ne sont pas conformes au CPI. Par conséquent, imaginer qu’une photo parue dans la Dépêche de 1979 appartient pour l’éternité à La Dépêche, est une hérésie. En effet, ces contrats, quand ils existent, ne définissent pas clairement le nombre d'exemplaires de la publication ou d'affichages et ne délimitent ni la durée, ni le territoire, ni la destination de l'exploitation. Il est concrètement impossible dans ces conditions d'envisager une juste rémunération pour le photographe. Devant l'insécurité juridique dans laquelle se trouvent les diffuseurs, il est du devoir des photographes de refuser ce type de contrat. Par conséquent, jamais je n’aurais accepté ce contrat si on me l’avait proposé, illégal qui plus est.

L'art. L.131-3 du CPI est une disposition impérative, on ne peut y déroger. De plus, en cas de litige, le juge opère une interprétation restrictive de ces clauses en faveur de l'auteur. Tout ce qui n'est pas expressément cédé par l'auteur reste sa propriété. La notion « libre de droits » n'existe pas en droit français. Cette appellation est manifestement contraire au Code de la Propriété Intellectuelle (articles L.111-1, L. 121-1, L. 131-3). 

Si donc on peut admettre que les photos publiées sur mon blog soient utilisées à des fins privées — les fans de Johnny pourraient l'imprimer et l'afficher chez eux — il est incompréhensible qu'un organe de presse n'applique pas la loi.


13 décembre 2017

Victoire du candidat démocrate dans l'Alabama sudiste ! Trump a du souci à se faire


Victoire ! Même si cette victoire vient des États-Unis, elle est bonne à prendre. Le candidat démocrate au poste se sénateur de l’Alabama a battu le sortant Républicain, un certain Roy Moore, ardemment soutenu par Donald Trump, le président des États-Unis. Cette victoire démocrate ramène la majorité au Sénat à une voix, compliquant sérieusement la tâche du président actuel. Avec deux voix d’avance il avait dû ferrailler pour faire passer ses réductions d’impôts après avoir dû renoncer à la réforme de l’Obamacare.

Que s’est-il passé pour qu’un Démocrate triomphe dans cet état conservateur ? Les récits d’agressions sexuelles à l’égard de toutes jeunes filles démentis par Moore et Trump (lui-même inquiété par des témoignages concordants de plusieurs femmes) ont atteinte la crédibilité d’un sénateur sortant qui avait l’habitude de laver plus blanc que blanc. Ses dénégations n’ont pas pesé lourd, notamment auprès de l’électorat féminin qui, à 57 %, a voté Démocrate ! Ce sont donc les femmes d’Alabama qui sont montées au créneau pour mettre fin à la carrière d’un sénateur à la réputation abîmée et aux idées passéistes. C’est ce Moore qui, il y a quelques mois, a osé répondre que jamais les Etats-Unis n’avaient été aussi grands que dans un lointain passé « même avec l’esclavage ».

J’ose espérer que répondant à l’appel de Barack Obama, les électeurs noir(e)s sont venus voter en masse, hier, pour priver Moore d’une victoire dont le caractère raciste n’eût pas été absent. Il est d’autant plus notable que le nouveau sénateur Démocrate est un ancien procureur nommé dans les années quatre-vingt-dix dont l’action engagée permit de juger des membres du KKK (Ku klux klan) responsables de l’incendie meurtrier d’une église qui causa le décès de quatre jeunes filles noires. Trump a beau souhaiter un court mandat au nouvel élu, il n’empêche. Les élections de mid-term s’annoncent délicates pour le président sortant et ses majorités fragiles. Anticipant ses volontés, peut-être les dirigeants républicains décideront-ils d’envoyer Trump lui-même sur la lune ?

12 décembre 2017

La campagne d'affichage indigne de Robert Ménard, maire de Béziers


Savoir d’où l’on parle. C’est essentiel dans tous les domaines. L’expert n’est pas le profane, le journaliste n’est pas le juge, l’élu n’est pas le citoyen. Quand l’un ou l’autre prend la parole, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, il importe de connaître le sens de la représentation qu’il projette. On doit savoir d’où l’orateur parle. Le maire de Béziers, Robert Ménard, à l’origine d’une nouvelle polémique d’affichage a tort quand il affirme : « mes affiches utilisent l’humour. Si on n’a plus le droit d’utiliser l’humour, c’en est fini de Charlie Hebdo » Je ne suis pas certain que les journalistes du journal satirique apprécieront le compliment…si c’en est un. Car un maire — un élu — n’est pas un amuseur ni un histrion. Dans sa fonction de maire, il se doit de respecter la population qu’il a pour tâche de représenter. Quand il s’exprime il le fait du haut de son siège, pas des WC.

Ménard se trompe donc complètement. Les faits : le maire de Béziers lance une campagne d’affichage mettant en scène une femme ligotée sur une voie ferrée prête à être broyée par une locomotive à vapeur. Dans le titre de l’affiche on peut lire : « avec le TGV elle aurait moins souffert ! » Ménard utilise ce moyen pour réclamer une accélération de la construction d’une ligne TGV conduisant les passagers dans sa ville. Il appelle cela de l’humour. Ce n’est même pas de l’humour noir. Il s’agit purement et simplement du rappel d’un fait divers, vrai celui-là, datant de quelques mois. Un fait divers ponctué par la mort de deux personnes.

Ménard affirme urbi et orbi qu’il consulte son épouse avant chacune de ses décisions. J’aimerais savoir si Mme Ménard, députée de la nation, soutenue par le FN, a avalisé cette campagne d’affichage. Si c’est oui, l’élue nationale mérite l’opprobre général et est indigne de la fonction. Si c’est non, elle désavouera son mari…ce qu’elle ne fera évidemment pas.

Plusieurs plaintes, dit-on, vont être déposées contre Ménard et sa campagne d’affichage. L’objectif est évidemment d’obtenir le retrait de ces placards infâmes. La secrétaire d’Etat à l’égalité homme-femme, Marlène Schiappa, a demandé au préfet de diligenter une procédure. Plutôt que d’entendre les justifications emberlificotées de Ménard et l’expression de sa (mauvaise) conscience, souhaitons que la justice rende sa dignité à la femme ligotée, bâillonnée, violentée. Car cette femme est devenue toutes les femmes.

11 décembre 2017

Quelques réflexions au débotté : Johnny encore et toujours, Wauquiez élu, quelle surprise ! Pourquoi pas une Corse indépendante ? Trump est fou…


Le Concert à Louviers a eu lieu le samedi 8 décembre 1979. © Jean-Charles Houel
En a-t-on trop fait après la mort de Johnny ?
En a-t-on trop fait, trop dit, trop écrit sur la mort de Johnny Hallyday ? Il est quand même paradoxal que Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de LIbération, pose ces questions alors même que son journal a fait cinq fois sa Une sur Johnny et a consacré un numéro (18 pages spéciales) à la vie du chanteur. Comment la jouer « modeste » quand 14 millions de téléspectateurs sont devant leur écran pour suivre les cérémonies d’obsèques et que plusieurs centaines de milliers de supporteurs ont affronté le froid dans les rues de la capitale dans le quartier de la Concorde et de la Madeleine.
Oubliés les frasques et les excès de Johnny Hallyday. Oubliés les démêlés avec les services fiscaux et les velléités de changement de nationalités. Oubliées les aventures sentimentales d’un teen-ager adulé, vénéré, devenu un mythe. La mort efface tout et c’est tant mieux. Avec le temps qui passe, ne demeurent que les images du bonheur…Laeticia, les enfants : David, Laura, Jade et joy, les anciens producteurs et managers, un Claude Lelouch caméra en main, les présidents, Sarko, Hollande, Macron, sans faute de goût, sans oublier les 700 bikers dont l’heure de gloire était arrivée lors de la descente des Champs Elysées…Reste le regret des vrais fans de voir partir le corps pour l’île de Saint-Barthélemy où le roi du rock français a souhaité être inhumé. On trouvera bien le moyen d’ériger une statue de Johnny à Paris.

Laurent Wauquiez élu président des Républicains !
Quelle surprise ! Qu’il soit passé dès le premier tour dimanche dernier avec plus de 70 % des suffrages des militants est bien le moins qu’il pouvait obtenir eu égard à la faiblesse de ses opposants dont on retiendra à peine les scores minables à défaut de retenir le nom des candidats. Avec Wauquiez, la situation à la droite de la droite s’éclaircit. Certes, rien ne dit — compte tenu de ses choix passés — que son positionnement actuel soit définitif. Quand on succède à Jacques Barrot pour devenir le Wauquiez de 2017 !
Inspiré par Buisson, aimanté par le FN, le roi des santons de Provence et des crèches dissimulées, commence par essuyer le refus des centristes de cheminer ensemble. Jean-Christophe Lagarde a prévenu son monde : pas d’accord avec celui qui n’a pas choisi au second tour entre Macron et Le Pen ! Pas de contrat avec un homme pressé, cassant, incapable à l’évidence, de rassembler son camp et notamment les partisans d’Alain Juppé, ou ceux de Valérie Pécresse, notamment. Je ne doute pas que les rangs clairsemés des Républicains risquent des hémorragies sensibles dans les mois à venir. Comment s’allier avec un homme dont le discours est si loin de la raison sur le social, l’Europe, les institutions et dont les attaques ad hominem forment le fondement de ses discours ?

Pourquoi pas une Corse indépendante ?
Je vais peut-être choquer certains de mes lecteurs. Mais je me lance. Pourquoi la métropole doit-elle s’accrocher coûte que coûte à la Corse ? Si les Corses, démocratiquement et majoritairement, veulent plus d’autonomie et à terme l’indépendance, pourquoi les leur refuser ? Même si je suis hostile personnellement à tous les mouvements indépendantistes en Corse ou en Catalogne à l’heure où l’ouverture au monde et à l’Europe s’avère si nécessaire, comment se rapetisser, se recroqueviller, en cherchant l’isolement et l’avenir dans le passé ?
Les Corses peuvent avoir culturellement et économiquement raison tout en ayant politiquement tort. Que les autochtones de l’île défendent leur langue, leurs chants, leur histoire, pourquoi pas ? Qu’ils rejettent la spéculation foncière empêchant les iliens d’acquérir des terrains ou des biens immobiliers, cela se comprend. Mais sans l’état français, la Corse devra souffrir sang et eau. Si l’avenir de l’île doit se jouer sans l’hexagone, si les « natios », comme ils disent, souhaitent couper le cordon avec lui, alors acceptons la solution finale de l’indépendance sans haine ni ressentiment. On avait le Brexit, on aura la Corsexit…Faudra-t-il un passeport avec visa ou la CI suffira-t-elle ?

Trump a un grain de folie
La reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’état d’Israël par Donald Trump a des conséquences internationales majeures alors même que cette décision est avant tout due à des considérations internes. Le fantasque président des Etats-Unis a voulu satisfaire les 60 millions de Chrétiens évangéliques sionistes plus sionistes que les juifs américains eux-mêmes. Quand la cote de popularité du président baisse, notamment à la suite de l’enquête en cours dans le cadre de l’affaire russe, il s’empresse de changer de conversation et de sujet.
Fidèle à son image…d’iconoclaste et de perturbateur majeur, Trump sème le vent de la violence au Proche-Orient et partout dans le monde. Ce type est fou ! Pas fou au point d’être interné (encore que…) mais fou dans son système de vie, dans ses rapports aux autres. Troubler les constructions patientes et laborieuses l’amuse. Il en va également de l’avenir de l’accord trouvé avec l’Iran. Trump s’apprête à la dénoncer sous la pression des faucons de son équipe et des Saoudiens. Enfin, tant qu’il n’envoie pas de bombe nucléaire sur la Corée du Nord, rien ne trop grave n’est encore arrivé !