11 novembre 2017

Laissons la dépouille du général de Gaulle reposer en paix

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Pierre Mendès France et le général de Gaulle à Louviers après la libération.
Pathétiques. Pathétiques, oui, toutes ces personnalités — j’ai envie d’écrire tout ce «personnel» — politiques ou plutôt politiciennes venues ce 9 novembre au cimetière de Colombey-les-deux-Eglises pour se recueillir sur la tombe du général Charles de Gaulle. Mais que diable allaient-ils faire devant cette tombe ceux et celles dont les mouvements politiques avaient combattu le général de Gaulle, deuxième formule, de 1958 à 1969 ? Que diable ont-ils à gagner en tentant de s’emparer d’une partie de sa dépouille, fût-elle symbolique,  alors que l’homme du 13 mai revint aux affaires dans les conditions antidémocratiques que l’on sait.

Il n’est pas bien évidemment question de mettre en cause l’homme de la France libre, farouche défenseur des intérêts français, face aux Américains qui se méfiaient de lui comme…d’un général éventuel futur putschiste et face à l’empire britannique qui, bien qu’ayant accueilli les FFL sur son territoire, n’était pas forcément désespéré de voir son empire rival européen en difficulté. Le général de Gaulle sut s’en souvenir, lui qui refusa à plusieurs reprises l’entrée de la Grande-Bretagne, dans la communauté européenne. Il savait qu’entre le continent et le grand large, les Anglais choisiraient toujours la seconde solution. Ils l’ont prouvé depuis.

Dupont-Aignan, Wauquiez, Philippot, Hidalgo, Lebreton…LR, ex-PS, Ex-FN, FN, Debout la France, ils sont venus en bus ou en taxi les bras chargés de gerbes…à faire gerber. Qu’aurait pensé le général de Gaulle de tous ces hommages hypocrites chargés d’arrières pensées et de calculs bien pauvres ? Mais qu’en 2017, des politiques sans idées et sans colonne vertébrale soient obligés de se réclamer des cendres du grand homme, me paraît aussi abusif qu’inutile. Abusif quand on mesure l’étendue de la solitude du général de Gaulle après mai 1968, inutile quand on croit se draper dans un manteau bien trop porté pour être sans tache. Laissons la dépouille du général de Gaulle reposer en paix.

Les cérémonies du 11 novembre aux carrés militaires du cimetière en 1977…il y a quarante ans !


Jean Bart (à droite) cérémoniaire averti.
Dans les années quatre-vingt, les cérémonies du 11 novembre se déroulaient en divers endroits de la ville. Un défilé avait lieu dans Louviers qui conduisait les anciens combattants, avec à leur tête l’harmonie municipale, au cimetière où les carrés militaires des guerres mondiales étaient fleuris par les autorités civiles et militaires.
C’était encore l’époque où Jean Bart, président du comité d’entente des anciens combattants, épaulait les élus pour rehausser les cérémonies placées sous le sceau du souvenir.
Au cimetière près du carré militaire 14-18.
M. Lambert, rescapé de 14-18.
Tous les poilus n’étaient pas morts à l’image de M. Lambert, ancien combattant de 14-18, revenu handicapé des champs de bataille et véritable témoin de ce que les combattants de la grande guerre eurent à affronter pendant ces années terribles.
En regardant de près ces photos, on ne manquera pas de retrouver des visages familiers de toutes ces familles lovériennes qui ont payé un lourd tribut en défendant le sol d’une patrie qui faisait sens. Reconnaissons qu’à l’heure de l’Europe de la paix, ces souvenirs indispensables peuvent sembler anachroniques pour les jeunes générations qui devraient pourtant mieux connaître notre histoire et en tirer des conclusions pacifistes mais lucides.

7 novembre 2017

Gérard Longuet : « si des centaines de milliards d'euros ne viennent pas dans les caisses de l'Etat, tant mieux…»


Gérard Longuet ne manque pas d'air : il soutient l'évasion fiscale.
"Si ces centaines de milliards d’euros ne viennent pas dans les caisses de l’Etat, tant mieux, parce que l’Etat le gaspille assez largement et dépense de l’argent inutilement. Que l'Etat se remette d'abord à vérifier ses dépenses avant de prendre dans l'argent des autres."

Cette phrase prononcée par Gérard Longuet, sénateur, ancien ministre de notre République, en dit long sur les pensées profondes de ceux qui, jusqu’au bout, ont soutenu François Fillon lors de la présidentielle. Face au scandale dénoncé par le consortium international de journalistes d’investigation qui ont travaillé pendant une année, on sait mieux comment les grandes fortunes et les grands groupes dissimulent leurs bénéfices et échappent à l’impôt. On pourrait attendre d’un représentant de la nation, parlant au nom du peuple français qui l’a élu, moins de morgue et plus de commisération pour les citoyens qui, eux, paient leurs impôts et leurs taxes. Ils en paient d’ailleurs plus qu’ils ne devraient si 20 milliards d’euros ne disparaissaient chaque année dans les paradis fiscaux situés à notre porte.

Bien sûr, on évoque les Bermudes ou les îles vierges. Mais sait-on que l’île de Man ou le Luxembourg ou les Pays-Bas, ou l’Irlande, ou Jersey, se sont organisés pour rafler le produit tantôt de l’évasion fiscale, tantôt de l’optimisation du même nom.
Les cabinets d’avocats se défendent en invoquant les failles des systèmes fiscaux des états. Comme dirait Donald Trump, répondant à une attaque d’Hillary Clinton qui lui reprochait de ne pas avoir payé d’impôts fédéraux depuis 20 ans : « c’est que je suis intelligent. » Je ne suis pas certain que l’expression soit adaptée au personnage. Malin et bien conseillé certainement. 

Finalement, Gérard Longuet est de cette trempe-là. On le savait peu ou prou. Il est de ceux qui n’aiment l’Etat que pour les privilèges qu’il lui apporte. Il aime un état faible, paralysé…car quand on ose affirmer que l’Etat dépense de l’argent inutilement c’est faire peu de cas des revendications des agents hospitaliers, des policiers, des magistrats, des ultra-marins, etc. lesquels demandent plus de moyens, plus de personnels pour satisfaire les services publics.

Gérard Longuet n’est-il pas de ceux qui se plaignent également du manque de moyens des collectivités locales ? Que certaines Régions, certains Départements, certaines grandes villes dirigées par la droite se remettent d’abord à vérifier leurs dépenses avant d’implorer l’Etat et ses subventions !

5 novembre 2017

DSK : « Je souhaite que le PS disparaisse » ! Pas de mai 68 pour Emmanuel Macron ?


DSK : « je souhaite que le PS disparaisse »
Dominique Strauss-Kahn souhaite la disparition du Parti socialiste sous sa forme actuelle. C’est ce qu’il a déclaré à des journalistes venus l’interroger à Marrakech où il possède un riad. DSK est-il le mieux placé pour commenter l’actualité politique française ? Après tout pourquoi pas. On peut être moralement discrédité sans devenir pour autant un paria sans cervelle. Surtout quand, comme lui, on a fréquenté les allées du pouvoir pendant des décennies. Et quand une majorité de Français se disaient prêts à voter pour lui à l’élection principale de notre démocratie.
Ce qu’il veut ? La résurrection d’un centre gauche. Il est vrai que les militants, les élus et les dirigeants socialistes semblent un peu perdus au milieu de l’agitation macroniste et après le coup de pied donné dans la fourmilière par les électeurs de la présidentielle et des législatives. DSK voudrait que le président de la République « soit de droite et de gauche » et « non ni droite ni gauche ». Pour l’ancien candidat devenu un supporteur de M. Macron, la politique actuelle présente nombre d’aspects positifs : « il fait ce qu’on a refusé se faire pendant 30 ans ! »
Le PS et ses 40 000 adhérents ne pèsent plus très lourd dans le débat politique actuel. De là à souhaiter leur disparition, il y a un pas que l’histoire même de la gauche nous interdit de franchir. Le PS est confronté à de vraies questions : comment s’opposer efficacement après une si lourde défaite ? Avec quelles forces ? Sur quelles bases idéologiques et politiques ? Les quatre ans et demi qui nous séparent de 2022 suffiront-ils pour redonner du sens à la gauche socialiste ?

Pas de mai 68 pour Emmanuel Macron ?
Une barricade… (DR)
Emmanuel Macron, si l’on en croit les gazettes dominicales, ne commémorera pas mai 1968. Il faut croire que le président de la République a été sensible aux commentaires peu amènes des conservateurs qui voient en mai 68 et ses événements une période de troubles et de « chienlit ». Comme il ne faut pas défriser la droite qui le soutient, le président préfère reculer et ignorer l’un des faits historiques majeurs du 20e siècle en France et en Europe voire dans le monde.
Mai 68 ce fut une révolte estudiantine et une période de conquêtes sociales. Les deux portées par un irrépressible besoin d’air et de dignité. 
Séparés dans un premier temps, les « travailleurs » et les universitaires ont cheminé ensemble contre les violences policières et l’archaïsme de ceux qui voulaient que rien ne bouge. Mai 68, ce fut le départ de nombreux mouvements dont l’action agit en ombre portée jusqu’aujourd’hui : l’autonomie communale, le féminisme, la libération sous toutes ses formes ! Quand j’entends M. De Calan, candidat à la présidence des Républicains, déplorer que mai 1968 fut le temps de l’excès de jouissance et de désir, je comprends mieux pourquoi la droite, même jeune, semble souvent compassée…ou dépassée.

Trump : encore trois ans à subir
Une année de Trump ! N’en jetez plus ! Même les Américains (à 66%) rejettent la politique, les manières, le style du président des Etats-Unis. DSK assure que Donald Trump ne respecte ni règles ni codes ce qui en fait un dirigeant imprévisible donc dangereux. En un an, Trump a démontré qu’il était le roi des fake news ces fausses nouvelles qu’il reproche si promptement aux journalistes non inféodés au maître de la maison blanche. Et de tweeter à tort et à travers, en mal plutôt qu’en bien, de susciter l’effroi jusque dans les rangs des Républicains de moins en moins nombreux à le soutenir. Le Trump raciste et machiste, roi de la télé réalité ne semble pas avoir perçu qu’il avait changé de monde. Président ou animateur, ce n’est pas le même métier. Que vont être les trois années qui viennent ? Car s’il n’est pas destitué suite à l’enquête conduite par le procureur spécial Mueller dans l’affaire des liens de campagne des siens avec la Russie de Poutine, Trump a encore pas mal de temps devant lui pour entraîner bien des dommages. Je ne suis pas certain que le lancement d’essuie tout dont il est devenu spécialiste suffira à remplir les livres d’histoire.

Tariq Ramadan enfin dévoilé sous son vrai jour ?
Tariq Ramadan est la bête noire de Caroline Fourest. Depuis des années, la journaliste-essayiste essaie de montrer le prêcheur islamiste sous son vrai visage mais l’homme est retors, il possède plus d’une corde à son arc d’où la difficulté de le cerner et de le dénoncer pour ses multiples turpitudes. Plusieurs femmes ont aujourd’hui le courage de dénoncer les viols qu’elles ont subis ou les agressions sexuelles que le prêcheur islamiste aurait commises contre elles. Des journaux helvétiques évoquent même des relations sexuelles avec des mineures !
Si les faits reprochés à Tariq Ramadan viennent à être étayés et donc prouvés, il en sera fait de la crédibilité de cet homme à deux voire trois visages. Il en va souvent ainsi avec les pères-la-rigueur, ils s’imposent rarement à eux-mêmes ce qu’ils veulent imposer aux autres. Les temps changent. La domination masculine, consciente ou non, perd de sa superbe. Les Weinstein et autres harceleurs-violeurs savent que  leur toute puissance arrive à son terme. Les femmes ont raison de se révolter.