6 mai 2017

Emmanuel Macron face aux journalistes de Mediapart : sans connivence ni complaisance


Emmanuel Macron, hier soir, sur le plateau de Mediapart.
Abonné à Mediapart depuis trois ans, j’apprécie la compétence des journalistes et leur constante recherche de la vérité. Avec les équipes placées sous la direction d’Edwy Plenel, l’investigation est devenue un genre spécifique. Il a permis de sortir quelques affaires importantes nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie. Je pense évidemment au cas de Jérôme Cahuzac. Edwy Plenel a définitivement installé Mediapart dans le paysage nouveau de la presse Internet et lui assuré une crédibilité jamais démentie.

C’est pourquoi j’attendais avec une certaine délectation la venue en direct d’Emmanuel Macron sur le plateau de Mediapart, hier soir. Fidèles à leur pratique sans connivence et sans complaisance, les quatre journalistes choisis pour interroger le probable futur président ne lui ont pas laissé un poil de sec. Tout y passé : le banquier chez Rothschild, l’inspecteur général des finances, le secrétaire général adjoint de la présidence de la République, le ministre de l’économie…les questions ont porté sur les institutions (proportionnelle et contrôle du gouvernement par le Parlement), l’économie et le social (les conflits d’intérêts et le chômage) l’environnement et le nucléaire, les projets de lois urgents (moralisation de la vie politique notamment) le choix des membres du gouvernement, le tout en plus de deux heures de débat.

Emmanuel Macron, je dois l’avouer, m’a surpris. Par sa parfaite connaissance des dossiers, la cohérence d’un programme assumé (même si je ne suis pas d’accord sur tout) la rigueur de son argumentation, il a fait montre de belles qualités intellectuelles et d’un courage dont il devra être bien doté — et durablement — pendant le quinquennat à venir. Il n’a pas caché que le renouvellement et le rajeunissement de la vie politique allaient créer un choc, des ruptures, susciter un changement d’approche et d’état d’esprit.

Y sommes-nous prêts ? Emmanuel Macron prend des risques et ne les dissimule pas. Il fait le pari du « changement maintenant » (1) et fera ce qu’il dit à la différence de son prédécesseur qui n’a pas toujours dit ce qu’il allait faire. Ou fait le contraire de ce qu’il avait dit. En ce sens le résultat du second tour de la présidentielle conditionnera sûrement le visage de la future majorité de l’Assemblée nationale que M. Macron appelle de ses vœux. Il assure qu’il y aura de la place pour des centristes évidemment avec le MODEM, pour des socialistes (PS), des Républicains (LR), et tous ceux et celles qui se reconnaîtront dans le futur parti appelé à succéder à En Marche ! Sacré pari en effet.

(1) M. Macron n'a pas lui-même utilisé cette expression.

5 mai 2017

Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle à Louviers et par bureau de vote

Les Lovériens qui s'intéressent de près à la vie politique seront heureux de pouvoir consulter les résultats du premier tour de la présidentielle et, en fonction des reports envisagés par les sondages, imaginer quel pourrait être le résultat du second tour.

Débat présidentiel : la déroute de Marine Le Pen obscurcit son avenir


La presse française et étrangère, les téléspectateurs français dans leur immense majorité ont jugé Marine Le Pen minable, agressive, menteuse, lors du débat avec Emmanuel Macron. En pourrissant le face à face par des interruptions permanentes, en démontrant l’absence de projet crédible et cohérent, en méprisant son adversaire d’un soir, l’ex-future présidente du Front national s’est discréditée, décrédibilisée. Elle n’est prête ni à gouverner ni à devenir une opposante de long terme. Même des frontistes l’ont trouvée mauvaise et sans grandeur.

Est-ce si étonnant ? C’est une chose de jouer les grandes gueules dans des meetings de convaincus, de distribuer des sifflets pour agonir un adversaire, de s’inspirer de Donald Trump pour renverser la table ou de faire la lèche aux insoumis. C’en est une autre de débattre pendant deux heures trente, de dialoguer « projet contre projet » de s’affirmer comme candidat potentiel à la présidence surtout quand l’adversaire connaît parfaitement son texte et sa musique. Pour y parvenir, il faut être préparé, posséder les qualités personnelles et intellectuelles idoines et « couvrir » des domaines aussi complexes que l’économie, l’Europe, les relations internationales, le devenir des institutions, le rôle du Parlement…Manifestement, Marine Le Pen n’appartient pas à la catégorie, réduite il est vrai, des personnalités politiques capables de devenir chef d’Etat ou de gouvernement. Pendant deux heures trente, les Français ont découvert la vraie Marine Le Pen, digne héritière de son père, matériellement et idéologiquement. Sans l’imparfait du subjonctif mais avec le sourire sur commande, Mme Le Pen ressemble de plus en plus à celui qu’elle a voulu cacher et qu’elle a banni du mouvement qu’il avait créé. Mais les remarques aussi insidieuses que perfides, les mensonges éhontés, notamment sur le compte caché d’Emmanuel Macron aux Bahamas (1), ont rappelé aux Français de 2017 que Jacques Chirac avait eu raison d’affirmer : « on ne débat pas avec le Front national ».  Ce parti n’est pas dans le champ démocratique et républicain. Il joue son jeu, applique ses règles et parvenu au pouvoir, effacerait toutes les traces d’un débat contradictoire légitime.

« Jeanne d’Arc au secours ! » aurait donc pu s’écrier la candidate Le Pen pendant le débat. Alors qu’Emmanuel Macron parvenait tant bien que mal, à parler du fond, à expliquer les hérésies de son adversaire, Mme Le Pen s’enfonçait petit à petit dans ses épaules et dans son siège. Battue à plate couture, elle fut incapable de changer de stratégie alors que celle choisie la poussait à la faute et au KO. Les sondages d’avant second tour n’ont pas tardé en enregistrer une baisse sensible de Mme Le Pen. Les disputes entre amis sur le vote blanc, l’abstention ou le vote Macron n’en deviennent que plus anecdotiques voire dérisoires. Il reste à faire le travail et à donner aux abstentionnistes de gauche et de droite une satisfaction intérieure qu’ils n’auront pas méritée.
Tous et toutes ont maintenant en point de mire les législatives et la redistribution des cartes. La nouvelle partie qui commence sera conditionnée par le choix du Premier ministre et du gouvernement de transition, les investitures et la qualité des impétrants, la capacité des forces de gauche et de droite, à s’assurer un minimum d’esprit collectif. Voilà qui va nous occuper encore quelques temps.

(1) Des sites d’extrême droite relaient cette fausse nouvelle depuis des semaines. M. Macron a porté plainte, l’enquête est en cours.

3 mai 2017

J'élimine Le Pen et je choisis Macron


Les insoumis sont en passe de gagner leur pari. Le pari de Jean-Luc Mélenchon et de ses militants surtout, plus que celui de ses électeurs dont une majorité (51 %) votera pour Emmanuel Macron. Le pari de Mélenchon est très simple : Macron doit être élu avec la marge la plus étroite possible ! Il doit être affaibli avant les législatives que les insoumis espèrent gagner. Le sondage paru aujourd’hui dans le journal Le Monde, s’il prévoit une victoire du candidat d’en Marche ! exprime également un manque d’adhésion à sa personne et à son programme. Il est autant détesté que Marine Le Pen ce qui n’est pas peu dire ! Pourtant, 59 % de l’ensemble des électeurs(trices) annoncent qu’ils voteront pour Emmanuel Macron. Il apparaît comme un rempart face aux agressions que feraient subir à notre société le Front national et sa candidate. 

Sur le plan économique, la sortie de l’Europe et le retour au Franc, objets de bien des cafouillages sémantiques cette semaine, seraient une catastrophe pour l’ensemble des Français. Dévaluation de fait, taux d’intérêts de la dette insurmontables, considérable augmentation des prix des produits importés, perte de confiance de la part des investisseurs français et étrangers…La France serait mise à l’index. On voit déjà les conséquences du futur Brexit sur le vivre ensemble…et la baisse de la croissance en Grande-Bretagne !

Sur le plan sociétal, l’arrivée au pouvoir d’une Le Pen et de son clan de gudards et d’identitaires causerait d’énormes dommages dans la cohésion déjà abîmée des Français entre eux. Les socialistes, les communistes, les insoumis, les musulmans, les journalistes, les syndicalistes…tous ceux qui n’ont pas le doigt sur la couture du pantalon, devraient raser les murs. Il faut imaginer ce que serait la vie sous l’extrême droite. Il suffit d’écouter les opposants aux maires des quelques villes frontistes pour savoir quel climat de tension, quelle pression permanente, s’exercent actuellement à Béziers, Hénin-Beaumont, Fréjus, Beaucaire…sur les opposants ou ceux et celles qui pensent autrement. 

Quand j’entends un insoumis placer sur le même plan « le fascisme » de Le Pen et « l’esclavagisme social » de Macron, je m’interroge. Sait-il ce qu’il dit ? Connaît-il le sens des mots ? A-t-il une claire conscience de ce que c’est que de vivre comme en Turquie ou comme en Russie où les élections sont truquées, les oppositions muselées, les libertés fondamentales bafouées, l’économie rackettée ? Bien sûr que Macron n’est pas le candidat idéal ! En existe-t-il, d'ailleurs ? Bien sûr qu’il possède une forme d’arrogance propre à sa formation ? Bien sûr qu’il est jeune et manque d’expérience ? Bien sûr qu’il faudra combattre certaines de ses propositions ? Pour autant, nous serons dans le champ républicain et dans le respect de la démocratie donc le respect de l’opposition. En fait, nous n’avons pas vraiment le choix. C’est la loi d’airain de la constitution de la 5e République. Au second tour de la présidentielle, on élimine. J’élimine Le Pen et je choisis Macron.

30 avril 2017

Quelques réflexions au débotté : Le Pen-Erdogan : même combat, les regrets des Brexiters, Frau le caméléon, Dupont-Aignan plutôt Pierre Laval, faisons notre part du travail


Les bons conseils du maire de Grenoble
Eric Piolle
Eric Piolle, le maire EELV de Grenoble a choisi Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. Dans un entretien avec une journaliste du JDD, il annonce qu’il votera pour Emmanuel Macron au second tour, non pas parce qu’il a été séduit par le programme de l’ancien ministre, mais « parce que chacun doit faire une part du boulot pour battre Marine Le Pen. » Le vote blanc ou nul est un vote, qu’on le veuille ou non, qui favorise la candidate du Front national. C’est bien pourquoi elle cherche le meilleur moyen d’inciter les citoyens à s’abstenir ou à voter nul. Il paraît que 18 % des électeurs(trices) du chef de la France Insoumise serait prêt à mettre un bulletin FN dans l’urne ! C’est bien pourquoi Jean-Luc Mélenchon a eu tort de ne pas dire clairement quelle serait son attitude le 7 mai.
Si c’est le cas et si, par malheur, Marine Le Pen gagne la présidentielle, je n’ose même pas imaginer la tête des insoumis qui auront permis, en commettant l’erreur de leur vie, l’arrivée au pouvoir des apprentis fascistes.

Un plus ne font pas deux
De plus, il est vain d’imaginer que les résultats du premier tour de la présidentielle vont se répéter lors des élections législatives. Prenons le cas de la circonscription de Louviers. Le candidat de la France insoumise, du moins se présente-t-il comme tel, est Bernard Frau, le caméléon de la politique. En trente ans, il aura couvert à quelques exceptions près, l’ensemble de l’éventail politique. De la gauche à la droite et parfois à la droite extrême quand il fut pasquaïen mâtiné de de Villiers. Je ne comprends toujours pas comment les instances de la France Insoumise ont pu donner leur investiture à cet homme, vraie caricature de l’engagement à géométrie variable ?
Franchement, croit-on les électeurs de la circonscription de Louviers assez naïfs et stupides pour voter les yeux fermés en faveur du candidat mélenchoniste qu’on nous propose ? Il est évident que les électeurs (trices) de gauche et de centre gauche préfèreront le candidat PC, celui du PS ou celui d’en Marche ! Jamais M. Frau ne fera 20,72 % des voix dans la ville de Louviers, pour ne citer qu’elle…

Dupont-Aignan : Pierre Laval, pas Jean Moulin
Pour rassurer les électeurs(trices) de notre pays, Mme Le Pen — si elle gagne — propose de confier la conduite de la politique à Dupont-Aignan ! Si elle croit atteindre son but, elle se trompe parce que le maire d’Yerres n’a rien de rassurant. Je viens de relire son programme des présidentielles. Il est effrayant. Tout de même, quand il exige que les candidats aux élections aient un casier judiciaire vierge, sait-il que bien des membres du Front national dans l’entourage proche de la candidate FN sont mis en examen et que la candidate FN elle-même, grâce à son immunité, a échappé provisoirement à l’interrogatoire des juges d’instruction qui ne manqueront pas, c’est le cas de le dire, de lui demander des comptes sur les emplois présumés fictifs ? Dupont-Aignan aussi veut supprimer les régions alors que la loi territoriale a démontré toute leur utilité et leur efficacité au bénéfice de l’éducation, de la formation, de l’emploi et du développement économique ? S’agissant de l’Europe, il veut supprimer l’euro et en faire une monnaie de réserve ! Comme Mme Le Pen. Je comprends donc que les Gaullistes voient en lui un Pierre Laval plutôt qu’un Jean Moulin. D’ailleurs Daniel Cordier, l’un des sept compagnons de la Libération encore vivant évoque l’imposture de Dupont-Aignan et appelle à voter pour Emmanuel Macron.

Le Brexit et Trump n’ont plus la cote
Marine Le Pen est une fanatique du Brexit et de Donald Trump. Elle a laissé éclater sa joie quand les Britanniques ont choisi, par 51,8 % des suffrages, de quitter l’Union européenne. Elle a fait de même quand Trump a été élu. Si j’ajoute qu’elle fricote avec Poutine depuis des lustres, le tableau de sa politique étrangère est complet. Pour autant, elle devrait y regarder à deux fois. Un sondage récent (il y a trois jours) indique que les habitants de la Grande-Bretagne regrettent majoritairement le Brexit. La Livre sterling a perdu 30 % de sa valeur renchérissant d’autant les produits importés. Theresa May a rencontré Junker et Barnier cette semaine et la rencontre s’est fort mal passée. May veut un accord commercial avant de s’engager à payer son dû à l’UE, ce que refusent les 27 !
Quant à Trump, sa popularité, après cent jours de présidence, est au plus bas. Les manifestations succèdent aux manifestations, il a annulé toutes les mesures de protection de l’environnement prises par Barack Obama. C’est sans doute pourquoi Mme Le Pen a fait son cinéma aujourd’hui, près d’une industrie polluante du sud de la France. Dupont-Aignan est sur la même ligne : vive le tout nucléaire ! Si par malheur les Français élisaient ce couple infernal, ils regretteraient très vite ses décisions. Mais il serait trop tard pour pleurer.

Manifestations interdites : Le Pen-Erdogan même combat
Demain jour de 1er mai, des Français vont défiler dans les rues de nos villes. La fête du travail est célébrée par les syndicats de travailleurs même si leur unité n’a pas pu se réaliser. La CFDT sera en pointe avec la volonté de faire battre Marine Le Pen au second tour. Les autres n’en pensent pas moins mais ne veulent pas heurter des militants FN membres de leur famille syndicale. On connaît un tas d’élus FN membres de la CGT ce que ses dirigeants acceptent mal.
Donc, on manifestera en France demain. Savez-vous que si Marine Le Pen était présidente, ces manifestations seraient interdites ? Elle a déclaré que pendant l’Etat d’urgence, elle interdirait les manifestations de rues. Comme l’état d’urgence est tellement urgent qu’il va durer des mois ou des années, on a compris que le FN voulait museler toute opposition. Le Pen-Erdogan même combat !