29 mars 2017

L'invisible cabinet noir du clan Fillon


Gérard Larcher, président du Sénat et supporteur de François Fillon, interrogé ce mardi sur France Info, est comme Saint Thomas. Il ne croit que ce qu’il touche ou ce qu’il voit. Et d’un cabinet noir à l’Elysée, il n’a jamais vu la couleur ? Il ne peut attester l’existence de cette officine puisqu’il n’y a aucune preuve formelle permettant d’accuser le pouvoir en place d’une quelconque manœuvre destinée à déstabiliser ses adversaires. Quand un élu du premier cercle — ce qu’est Gérard Larcher — refuse de reprendre la chansonnette c’est qu’il y a de l’eau dans le gaz. Et plus que des doutes sur les accusations sans preuves du clan Fillon.

Un journaliste de BFM TV n’a d’ailleurs eu aucune peine à retrouver la fameuse citation de Charles Pasqua sur les affaires. Quand vous êtes mis en cause dans une affaire, créez en une autre puis encore une autre dans cette dernière au point que personne n’y comprend plus rien. François Fillon est passé maître dans l’art de l’enfumage. Il applique donc à la lettre la doctrine Pasqua embarquant dans sa galère six « ténors » de la droite plus ou moins obligés de remonter le courant avec lui. J’avoue que la présence de Nathalie Kociusko-Morizet parmi les signataires de la demande de saisine du parquet m’étonne. On l’a connue plus circonspecte et mieux avisée.

Alors ce cabinet noir ? Pour les auteurs du livre brandi comme le petit livre rouge par les Fillonnistes, à aucun moment ils n’en ont révélé l’existence. Ce qu’ils affirment ? Que sous Hollande comme sous Sarkozy et comme sous n’importe quel président de la 5e République, le président est informé des déboires ou des turpitudes des responsables politiques ou autres. Ils précisent : « C’est bien le moins qu’on puisse attendre d’un chef d’Etat. Il est normal qu’il sache ce qui se passe en France. »

Oui mais voilà. François Fillon « s’embrouille, patauge, s’égare dans un tissu d’inepties ». Il risque même la noyade. Placé troisième, au premier tour, dans des sondages à prendre avec des pincettes, il est vrai, le candidat qui ne pouvait pas perdre la présidentielle se trouve aujourd’hui dans l’impossibilité de la gagner. Cette histoire de Cabinet noir va donc se dégonfler rapidement…plus rapidement sans doute que les affaires judiciaires, bien réelles celles-là, qui le conduisent là où il va.  

(Texte à paraître dans La Dépêche de ce jeudi)

26 mars 2017

« Les Borgia : tel père, tel fils, mais Lucrèce... ? » par Danielle Serrano, professeur émérite


Lucrèce Borgia.
Dans le cadre de ses conférences mensuelles, la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure, association laïque fondée en 1798 sous le Directoire, a invité le samedi 1er avril Danielle Serrano, professeur émérite, enseignante en techniques professionnelles en langues étrangères au lycée Aristide-Briand à Évreux de 1975 à 2004. Cette conférence est intitulée « Les Borgia : tel père, tel fils mais Lucrèce... ? ». Elle aura lieu comme de coutume aux Archives départementales de l’Eure à Évreux, 2 rue de Verdun, à partir de 14 h 30.

Une série télévisée a récemment mis en scène cette famille Borgia à la réputation pour le moins sulfureuse mais si passionnante. Quelle famille ! Trahisons ! Complots ! Incestes ! Empoisonnements ! Quelle source d’inspiration pour les romanciers ! Et pas des moindres : Alexandre Dumas fait revivre ses membres dans sa série des « Crimes célèbres ». Michel Zévaco, l’auteur des Pardaillan et du Capitan, l’un des héros incarnés au cinéma par Jean Marais, leur consacre un livre. Jusqu’à Mario Puzo, l’auteur du « Parrain », qui publie « Le sang des Borgia ». Sans oublier Victor Hugo et son drame « Lucrèce Borgia » en 1833. Et bien d’autres…Mais qu’en est-il vraiment ? Cette période est bouillonnante : guerres, découvertes des grands navigateurs, des génies artistiques mais troublants. Une famille de dignitaires de l’Église : des prélats, des cardinaux et deux papes, d’abord Alphonse Borgia sous le nom de Calixte III de 1455 à 1458, et Rodrigo, autrement dit le pape Alexandre VI de 1492 à 1503.

Qu’en est-il des réalités et des fictions sur ce pape Rodrigo Borgia et sur ses enfants, César et surtout la mythique Lucrèce ? Une longue vie – pour l'époque – pour ce pape intelligent, retors, jouisseur, subtil connaisseur de l'âme humaine. Un parcours rapide, dense, foisonnant pour César Borgia, inspirateur de Machiavel pour son livre majeur, « Le Prince ». Une existence brève, trois mariages et une réputation d'empoisonneuse pour Lucrèce Borgia, immortalisée à l’écran sous les traits de Martine Carol dans le film de Christian-Jaque en 1953. Les recherches d’Ivan Cloulas, ancien directeur des Archives départementales de l’Eure et ancien secrétaire général de la Société libre de l’Eure, spécialiste de la Renaissance, ont été l’une des sources documentaires de la conférencière.

Entrée libre et gratuite.
Société libre de l’Eure, 2 rue de Verdun 27025 Evreux cedex. – http://societe-libre-eure.org


Marine Le Pen est allé baiser les babouches de Vladimir Poutine


Un ex-député russe, abattu de plusieurs balles en Ukraine ! Boris Nemtsov, le principal opposant à Vladimir Poutine, abattu de la même façon près des murs du Kremlin l'année dernière ! Anna Politkovskaïa, journaliste gênante, elle aussi assassinée en 2006. Difficile de ne pas voir, dans ces meurtres organisés et prémédités la forte influence du maître de la fédération de Russie. Il ne supporte ni une quelconque opposition interne, ni une presse libre, ni des états frontaliers réellement indépendants. Il faut une Marine Le Pen pour justifier l’annexion de la Crimée ou demander la levée des sanctions économiques de la part de l’occident sans contreparties des Russes.

Ce sont les babouches de ce Poutine-là que Marine Le Pen a choisi de baiser. On avait Sarkozy–caniche de Bush, on a maintenant une Le Pen prête à manger dans les mains du dictateur manipulateur… même si Marine Le Pen sait très bien ce qu’elle fait quand elle va rendre visite à l’autocrate tchadien ou au dictateur russe. Elle envoie des messages internes et externes destinés à la faire passer pour une dirigeante crédible. Ce qu’elle vient en réalité chercher à Moscou (pas à N’Djamena) c’est de l’argent et pas de la respectabilité, une denrée rare en politique et difficile à obtenir quand on puise ses racines dans la tradition historique d’une extrême droite raciste et antisémite. Poutine veut la dislocation de l'Union européenne et tous les moyens sont bons. Point. 

Ne vient-on pas par ailleurs d’apprendre — c'est effarant — qu’un élu FN avait proposé qu’on extraie les dents en or des Roms pour qu’ils paient leurs dépenses d’enseignement, de nourriture et d’hébergement ? Après coup, il a dit que c’était de l’humour. Quant au dénommé Chatillon, admirateur d'Hitler, spécialiste du « print » comme le dit joliment Marine Le Pen son amie de trente ans, il est surtout un spécialiste des détournements de fonds à l'aide d'un système mis en place lors des élections (tous genres confondus) avec achat obligatoire de kits par tous les candidats FN, avec un taux d’intérêt de 6,5 %, et d'autres fariboles destinés à piller les fonds publics. Le FN peut bien se moquer de François Fillon.

Marine Le Pen pourra toujours traiter René Dosières de « voyou », le député de l’Aisne est celui qui, parmi les parlementaires, aura le plus fait  pour obtenir des lois de moralisation et de contrôle du bon usage des contributions collectives. D’ailleurs qui pille l’Europe (qu’ils exècrent pourtant) sinon Marine Le Pen, Nigel Farage et leurs acolytes d’extrême droite eurosceptiques ? Aymeric Chauprade, ancien conseiller proche de Marine Le Pen et toujours député européen, a bien décrit devant les magistrats instructeurs, les mécanismes des emplois fictifs qui, si la candidate FN respectait à la lettre nos lois, lui vaudraient d’être aujourd'hui mise en examen. Elle a évidemment préféré fuir ses responsabilités et crier au loup en attendant que la campagne électorale prenne fin. Pourvu que les Français ouvrent enfin leurs yeux.