24 mars 2017

« La première fois c'est une erreur, la seconde c'est qu'on le fait exprès »


Christine Angot, indignée, blessée, n’a pas voulu engager le dialogue, avec François Fillon hier soir sur France 2, et elle a eu raison. De la même façon qu’on ne peut pas débattre avec un Donald Trump, il sera dorénavant écrit qu’on ne peut pas débattre avec François Fillon. Trop de contritions, trop d’erreurs, trop de fautes, trop de mensonges. Pour débattre, il faut des protagonistes sincères, francs, dignes. François Fillon n’appartient plus, dorénavant, à cette catégorie d’hommes politiques crédibles.

Hier soir, il a fait tapis comme un joueur de poker qui n’a pas de jeu risquant le tout pour le tout au prix d’un bluff inconsidéré. Depuis deux mois, les postures changent. Les costumes de Bourgi ? Il les a rendus. Mais que faire de costumes taillés sur mesure et déjà portés ? Le prêt de 50 000 euros de Ladreit de la Charrière ? Remboursé après l’ouverture de l’enquête préliminaire ! Les emplois familiaux de Pénélope et de ses enfants ? Erreurs de jugement qui déplaisent aux Français. Sans oublier les clients de la société 2F, le reniement de sa parole…et maintenant un cabinet noir de l’Elysée démenti par l’auteur du livre sur lequel se fonde l’agression de François Fillon contre François Hollande ! Comme celui-là le dit bien : « le cabinet noir n’existe que dans l’imagination de Fillon. La preuve, c’est ce soi-disant cabinet noir qu’il voulait utiliser contre Sarkozy lorsqu’il était allé voir Jouyet pour accélérer le processus judiciaire contre l’ancien président ». En vain puisqu’Hollande affirme n’être jamais intervenu dans une affaire judiciaire durant son quinquennat et que les magistrats ont considéré les lois sur la moralisation de la vie politique comme un progrès réel même si Fillon a voté contre les six textes approuvés par le Parlement. A la lumière de ce qu’on sait aujourd’hui, qui sera surpris par ces votes hostiles à une transparence nécessaire ?

Et le reste à l’avenant. D’ailleurs seuls 28 % des téléspectateurs ont été convaincus par Fillon loin des scores obtenus par les autres invités de l’émission politique. Seul subsiste après de lui le noyau dur des fanatiques. Et si, comme improbable, Fillon était élu président de la République, combien d’erreurs serait-il conduit à commettre avant de s’en excuser devant les Français : la TVA, la sécurité sociale, la réduction du nombre de fonctionnaires (casse-cou selon François Baroin) la politique pro-russe ou pro-Assad : il revoit tout à la baisse tant son programme est chamboulé par les affaires. La presse d’aujourd’hui, qu’elle soit française ou étrangère, n’est pas tendre avec François Fillon lequel pourra méditer ce proverbe chinois : « la première fois, c’est une erreur, la seconde c’est qu’on le fait exprès. »

22 mars 2017

« Pierre Mendès France et la vérité en politique » une bien belle nécessité par des temps confus et incertains


Vérité et politique, deux mots irréconciliables ? Les temps présents confirment cette opposition apparente quand deux candidats à la présidence de la République font l’objet d’enquêtes judiciaires, de soupçons pertinents quant à leur probité ou leur honnêteté morale. Les affaires Fillon-Le Pen empoisonnent le climat général de la campagne présidentielle. Que vaut en effet la parole publique d’un homme (ou d’une femme) politique si, dans le même temps, des turpitudes forcément inavouables polluent leurs propos et surtout leurs promesses ?

L’initiative prise par le Centre d’histoire de Sciences Po-Paris en collaboration avec l’Institut Pierre Mendès France (1) d’organiser une conférence-débat autour de la singularité et l’éthique de la communication politique de l’ancien Président du Conseil sur le thème « dire la vérité en politique » ne pouvait donc mieux tomber. Emmanuel Laurentin, producteur à France-Culture et médiateur du débat, nous avouait que la date n’avait, bien évidemment, pas été choisie au hasard : « Il fallait absolument que cette soirée ait lieu avant le premier tour de la présidentielle. »

jean-François Sirinelli. (Photo JCH)
En introduction, Frédéric Mion, directeur de Sciences Po et Jean-François Sirinelli, historien, ont rappelé les grandes étapes de la vie politique de Pierre Mendès France en insistant sur l’originalité de son parcours et de son positionnement. Certes, la carrière nationale et internationale du député de Louviers a brillé de mille feux mais il eût été judicieux de ne pas oublier l’engagement local de PMF puisque c’est d’abord à Louviers et dans l’Eure que l’homme politique a su « capitaliser » sur le lien indissoluble entre les citoyens et leur représentant. Alain Chatriot avait pour tâche de mettre en exergue le style de la communication gouvernementale du président du Conseil. Ses causeries du samedi soir sont restées mémorables. Quel autre dirigeant a fait l’effort systématique d’expliquer aux Français le sens de son action, les raisons de ses choix, les difficultés à surmonter ? Alors même qu’un Poujade flattait « les tripes », PMF s’adressait à l’intelligence et à la raison en pédagogue confiant sans jamais passer par dessus les parlementaires desquels il tenait la légitimité de son pouvoir.
Pierre Joxe. (Photo JCH)

Et vint Pierre Joxe. L’ancien ministre, ancien membre du Conseil constitutionnel est demeuré un militant. Il a érigé un éloquent tableau d’honneur à l’homme qui a sauvé toute une génération, lui permettant de croire en la synergie des idées et des actes sur la base de valeurs que les Lumières avaient inspirées.  Si PMF a été l’homme de la paix en Indochine, s’il a évité le pire en Tunisie et au Maroc, qui sait comment aurait évolué la guerre d’Algérie si René Coty, au lieu d’appeler Guy Mollet, avait convié PMF à diriger le gouvernement en 1956 ? Pierre Joxe, avec humour, affirme que PMF a « tout loupé » tout en affirmant aussitôt l’importance vitale du rôle qu’il joua sous la 4e et la 5e République comme un des principaux opposants au De Gaulle d’après 1958. Chargé d’évoquer la nécessité du secret incompatible avec le devoir de vérité, Pierre Joxe interpella ses auditeurs: « Que pensait PMF de la bombe atomique ? Quelle valeur accordait-il à la Communauté européenne de défense (la CED) ? » Le mystère restera entier.

Perrine Simon-Nahum. (photo JCH)
Pour Perrine Simon-Nahum, dans une démocratie moderne, la vérité doit demeurer la base du contrat avec le citoyen. Voilà bien un mot qu’affectionnait PMF : le contrat. A condition évidemment, comme le releva l’ancien ministre Georges Kiejman, que les deux parties en respectent les termes. Ce fut le cas de Pierre Mendès France, pas des députés qui le renversèrent en février 1955. Notre ère de Post-vérité et de « fake news »…autrement dit du mensonge, ferait horreur à Pierre Mendès France. Et pourtant. Il accordait une confiance illimitée à la démocratie représentative puisque, même désespérante parfois, elle est irremplaçable. Parmi les extraits aimablement prêtés par l’INA et diffusés pendant le débat, on entend PMF justifier l’engagement en politique s’il répond à des convictions profondes pour servir l’intérêt général. « Alors, oui, assure-t-il, il ne faut pas hésiter. Mais si c’est pour acquérir du pouvoir, lorgner des sièges ou des maroquins, mieux vaut faire autre chose. »

De ce grand résistant, de cet intransigeant — par un principe de réalité personnelle — de ce phare qui éclaira tant d’esprits, de cet homme de paix et de progrès, les étudiants de Sciences Po présents dans l’amphithéâtre devraient s’inspirer…à condition de mettre en application cette citation de Pierre Mendès France : « Le citoyen doit comprendre qu’au-dessus des intérêts particuliers, même très respectables, l’intérêt général doit toujours dominer : c’est le civisme. » (Discours d’Evreux du 23 juillet 1955).

(1) Françoise Chapron, secrétaire générale de l'Institut Pierre Mendès France, a été la cheville-ouvrière de cette soirée.

21 mars 2017

L'hommage de Marc-Antoine Jamet à Henri Emmanuelli décédé ce 21 mars


Henri Emmanuelli avec Leslie Cléret alors conseillère générale. (photo JCH)
« Henri Emmanuelli est mort en emportant avec lui une époque. Il pensait que la démocratie était un « moteur à deux temps ». C’est ce qu’il nous répétait sans cesse. Depuis toujours, deux pistons luttaient sans relâche afin que la société avance. Pour l’éternité des siècles, la machine politique, ainsi réglée, ferait s’opposer l’ordre et le mouvement, les conservateurs et les progressistes, les riches privilégiés et les pauvres oubliés, ceux qui avaient tout et ceux qui n’avaient rien ou trop peu. D’un côté l’abondance indue. De l’autre la misère injuste. C’était la grande bataille, la lutte finale. On n’en sortirait pas. Aucune place pour les coalitions et les compromis dans son esprit. Pas question d’imaginer une troisième voie. Il y avait une Gauche et une seule, immense, belle et souveraine, celle de Jaurès et de Blum. Face à elle une droite sans la moindre majuscule. Un point c’est tout. Ce n’était pas une posture. Ce n’était pas une attitude. C’était une conviction. Peut-être était elle excessive ? Quoi qu’il en soit, elle lui était chevillée au corps. Il avait adopté cette ligne dans les années soixante-dix. Il n’en variait pas. La maladie, les maladies qui l’envahissaient depuis plusieurs années n’y avaient rien changé. Ce credo était toujours le sien. Entêtement disait les imbéciles. Fidélité proclamait-il tranquillement.

Il faut dire qu’il avait quelques raisons personnelles de s’être forgé cette constance. Rien n’avait été donné à ce petit enfant à la santé fragile. La fortune ne s’était pas penchée sur sa famille. Bien qu’il en parlât peu, il restait marqué par une jeunesse rude où chaque mètre gravi pour s’élever demandait sacrifices et travail. Il y était parvenu, lui le corse pyrénéen monté à Paris. Il y avait entendu les sarcasmes des petits marquis qui, à Sciences Po, moquaient son allure de provincial mal dégrossi. Il en avait souffert. Mais, à l’adversité il était parvenu à tout arracher : diplômes, statut, métier. Autant de revanches sur la bourgeoisie.

Du coup, il savait d’où il venait et n’avait rien oublié. Il aurait pu être banquier, haut fonctionnaire ou créer une entreprise. Il en aurait eu mille fois l’occasion. Il en possédait cent fois le talent. Mais voilà, son but était autre. Il voulait faire de la politique pour changer la vie. Dans ses références multiples et appuyées à la Grande Révolution, il s’était longtemps vu siégeant sur la Montagne, haranguant jacobins et cordeliers, conspuant les Girondins dont, verbalement, il avait les héritiers en exécration. Il ne détestait pas tout à fait Lénine et s’imaginait parfois, par une nuit froide d’octobre, prenant d’assaut le Palais des Tsars. Insurgés africains et leaders sud américains trouvaient auprès de lui asile pour échapper à la prison et de quoi vivre pour ne pas crever de faim. Pour autant, il ne croyait pas que la solution réside en un Grand Soir après lequel les lendemains chanteraient d’eux-mêmes. Sa recette était autre et bien plus raisonnable qu’il ne le prétendait. Il fallait par la progressivité fiscale, la solidarité sociale, l’éducation initiale et la formation professionnelle, une bonne dose de dirigisme économique et de la volonté industrielle, recréer les conditions de l’égalité des chances, de l’emploi pour tous et de la justice sociale. Ainsi était fait son monde, simple, facile à comprendre, rempli de certitudes bonnes à partager. On ne pouvait laisser des femmes et des hommes dans la détresse.
 
Avec Michel Champredon à Evreux. (photo JCH)

Il trouva entre Epinay et Solferino celui qui allait lui permettre de réaliser son idéal. Il attacha ses pas à ceux de François Mitterrand et ne les quitta plus. Il en fût un sabra. Il le servit, à l’Outre-Mer, au Budget, non sans fulminer, le second septennat s’achevant, contre les décisions monarchiques de celui qu’il appelait le « vieux », non sans douter face aux révélations d’un sombre passé. Mais il l’aimait. Comme un fils aime son père. Plus qu’accéder à la Présidence de l’Assemblée Nationale, son bonheur, sa fierté, avait été d’occuper après lui le bureau du Premier Secrétaire du Parti Socialiste. Un jour, admiratif, il m’avait dit à l’oreille, alors que s’éternisait un bureau national où s’affrontaient pour la énième fois, Poperen, Fabius, Mermaz, Aubry Chevènement et les autres : « vous voyez Mitterrand a dû supporter les mêmes. Mais la pièce était plus petite et cela a duré dix ans… ». Il était député des landes, Président du Conseil Général de ce département, mais il avait l’orgueil d’être également l’élu de Latché. Jamais, il ne fit le moindre reproche au Président sibyllin qui, après l’avoir convaincu de prendre la tête d’un parti moribond et ruiné, le laissa se fracasser dans une primaire contre Jospin. Pour celui-ci qui l’avait défait, il mena avec panache une campagne exemplaire et ordonna à tous ses collaborateurs de faire de même « pour faire gagner Lionel ». Pour tout remerciement, il prit sur lui et sur lui seul les conséquences de l’affaire Urba, système auquel, en tant que Trésorier du PS, il m’avait donné instruction de mettre fin. Il fût condamné et compta alors ses amis moins nombreux qu’il ne l’avait été. Il ventait fort devant sa porte… Beaucoup d’éminences du Parti ne lui manifestèrent que peu de reconnaissance d’avoir accepté de se déclarer seul responsable de ce dont tant d’autres avaient profité pour régler leurs affiches et imprimer leurs bulletins. Laurent Fabius ne l’abandonna pas. Marie-Noelle Lienemann alla témoigner devant les juges de Saint Brieuc et de Rennes. Ce n’était pas beaucoup. Ce n’était pas assez. D’autres auraient pu faire un geste. Un ressort en lui alors se cassa.

Mais, à un « fils du tonnerre, de l’éclair, de l’orage et du vent, » ainsi qu’il ne lui déplaisait pas se nommer, ajoutant qu’il partageait cette parenté avec tous les enfants nés dans la vallée de l’Osso, le calme est étranger. Il avait connu l’époque des géants et des héros. Il aimait les corridas et les taureaux. Même si tout semblait rapetisser, il trouva avec le siècle nouveau d’autres causes, d’autres combats, le non au referendum européen en fût un, le développement de son département en fut un autre, pour exercer sa verve et faire entendre sa voix. Il était bon orateur. Il était impressionnant. De la Gitane permanente aux sourcils broussailleux, en passant par une crinière devenue poivre et sel et un accent à couvrir le bruit des torrents, il savait la crainte qu’il suscitait et en jouait habilement. Il fut un ténor de l’hémicycle. Dans l’opposition, il s’opposa. C’était en fait le meilleur des hommes, émerveillé devant ses enfants, jouant avec les miens à quatre pattes sous le bureau du premier des socialistes, toujours bienveillant pour ses amis. Pour ses proches, Henri était paternel, fraternel et presque maternel. Sa témérité, son assurance, sa manière d’en imposer, cachaient réserve, pudeur et timidité. Il exécrait l’extrême droite, l’injustice, la misère. Il avait une grande et réelle affection pour Benoît Hamon.

La politique et le socialisme étaient sa vie. A moi, qui suis devenu son collaborateur, son directeur de cabinet, âgé de guère plus de trente ans, il a donné des mots, de l’idéologie, des repères et des valeurs. De congrès en congrès, nous nous retrouvions. De conseil national en conseil national, nous poursuivions notre conversation. Nous nous sommes toujours vouvoyés par respect et par amitié pour marquer notre différence dans un parti où chacun se tutoie y compris pour s’affronter. J’ai longtemps vu le monde à travers sa manière de l’expliquer. Il m’a beaucoup appris. La lutte contre l’esclavage, la guerre d’Espagne, l’exploitation des ouvriers, la résistance, étaient ses repères pour penser. Parlementaire d’exception, il vivait pour le débat, pour la confrontation, pour la controverse parce que de la crise naît la rédemption. Dans sa vie, tout avec lui n’était que bruits et fureurs. Il était difficile à suivre. Mais si exceptionnel. Jamais on ne s’ennuyait avec lui. Il y avait toujours une salle à retourner. On s’entassait à l’arrière de sa voiture pour voler au secours de la section d’un ami. On se précipitait dans un cortège. On tentait de construire une majorité. C’était éreintant. C’était réjouissant. On riait avec Henri. On pleurait avec Henri. On partageait ses joies et ses peines. Trop. On y laissait des plumes. Personnelles. Professionnelles. Epuisé, il nous épuisait. Mais on en était heureux et, la fois, d’après, encore on le suivait. Imagine-t-on d’Artagnan sans mousquetaires ? Pas dans le Béarn. Les années, les unes après les autres, étaient ponctuées de motions et de synthèses, de nuits blanches et de jours de gloire, de déclarations et de manifestations. Il n’arrêtait jamais de bataille en bataille. Banquier il méprisait l’argent. Ministre, il ne vénérait pas le pouvoir. Premier secrétaire du Parti Socialiste, il en aurait été le dernier militant. Tu n’imagines pas ce que va être notre tristesse sans toi Henri Emmanuelli. »

Marc-Antoine Jamet

20 mars 2017

Il faut imaginer Richard Jacquet élu député de la 4e circonscription


Richard Jacquet, au centre de la photo. (Photo Jean-Charles Houel)
Il n’attendra pas le résultat de la présidentielle pour annoncer sa candidature aux législatives. Engagé dans la vie municipale depuis 23 ans à Pont-de-l’Arche, maire depuis deux mandats de cette commune qu’il a changée et améliorée, Richard Jacquet fait partie du paysage politique de la 4e circonscription et bénéficie d’une notoriété évidente. Il est un homme du pays qui y vit et y travaille. En tenant, lundi, sa première conférence de presse après son élection avec 94 % des suffrages au sein des sections socialistes, il prend son courage à deux mains et affiche une légitime ambition, celle de succéder à François Loncle, arrivé au terme d’une carrière débutée en 1981 et achevée dans une relative confusion.

Richard Jacquet est un homme de parole. Il est fiable et fidèle. Il est solide et efficace. Quand on aura dit qu’il également crédible et honnête, on aura dressé le portrait d’un candidat tel qu’en lui-même pouvant compter sur ses propres forces et sur celles des différents sympathisants et militants des huit cantons de cette circonscription classée à gauche depuis des décennies. Sa campagne active ? Elle débutera dès le 9 mai. Il l’axera sur les propositions sociales et économiques dans la dynamique des propositions de Benoît Hamon. Mais aussi et surtout, il tiendra compte des signaux d’alerte que lancent les rurbains et les ruraux, ces populations qui se sentent abandonnées, privées de services publics, d’écoles ou de poste voire même de commerces : « Je demande à ceux qui proposent de supprimer des postes de fonctionnaires de dire où ils vont engager des coupes claires. Pour l’un c’est 500 000, pour un autre 120 000 ! Ce sera donc encore moins de services publics. Idem pour le système de retraite par répartition et l’âge légal. J’espère que les électeurs et les électrices vont lire avec attention les programmes car ce sera projet contre projet. »

Pour cette conférence de presse tenue à Val-de-Reuil où la gauche a su se montrer aussi entreprenante que tonique , Richard Jacquet avait à ses côtés Marc-Antoine Jamet, maire de la ville et premier secrétaire de la fédération du PS de l’Eure, Jean-Jacques Coquelet, conseiller départemental, Thomas Toutain, représentant la fédération, Albert Naniyoula, secrétaire de la section de Pont-de-l’Arche et Catherine Duvallet secrétaire de la section de Val-de-Reuil. Marc-Antoine Jamet considère la candidature de Richard Jacquet comme porteuse d’avenir et riche de symboles. Il vante les qualités humaines de ce dernier mais également ses engagements d’élu dans sa ville et au sein de l’agglomération. Il met en avant son bilan ô combien éloquent et son travail : « Ni héritage, ni parachutage. » Les habitants de la 4e circonscription, s’ils l’élisent, auront un représentant présent auprès des associations, des syndicats, des forces vives du territoire qu’il connaît comme sa poche. Il faut imaginer Richard Jacquet élu député de la 4e circonscription de l'Eure ! A l’Assemblée nationale, il s’intègrera dans une future majorité de coalition et représentera son territoire avec la conviction qui, jamais, ne lui a fait défaut. Pour MAJ, une histoire importante se termine, un nouveau livre va s’écrire avec Richard Jacquet en première page…

François Fillon abandonne « le courage de la vérité »…à moins que ce ne soit le contraire


Cela pourrait passer pour un événement insignifiant. En politique, surtout pendant une campagne électorale, les faits et gestes des candidats sont passés au crible surtout ceux des favoris qui s’appellent Fillon, Macron, Le Pen ou Hamon. Ainsi, François Fillon vient-il de changer de slogan de campagne. Il abandonne « le courage de la vérité » pour « une volonté pour la France. » Nous devons nous arrêter un instant sur la symbolique de ce changement qui en dit plus long qu’un discours d’une heure trente.

A l’évidence, François Fillon est atteint moralement et politiquement par les affaires. Pas un jour ne passe sans un commentaire, une allusion, un mot d’humour ou de dépit. Pas une interview de ses soutiens et des militants sans une référence aux costumes, aux emplois (fictifs ?) à la mise en examen de lui-même ou des siens (bientôt ?). Elu lors de la primaire de la droite et du centre sur des critères de probité et d’honnêteté, la France esbaudie a constaté que M. François Fillon n’était pas celui qu’elle croyait qu’il était. Le 26 janvier, il déclarait sur une chaîne de télévision « si je suis mis en examen, je me retirerai de la campagne présidentielle. » Depuis ce 26 janvier historique, François Fillon a été mis en examen et il a décidé de se parjurer en poursuivant sa campagne électorale.

Dans ces conditions « le courage de la vérité » devait disparaître. Ce n’est pas rien pour un candidat que de renoncer au courage. Il s’agit d’une valeur forte qui fait appel à des qualités personnelles de dignité, de respect, de volonté. Exit donc le courage. Mais pas seulement. François Fillon a menti. En assurant aux électeurs (trices) qu’il agirait conformément aux règles morales communément admises tout en se dédisant, le candidat de la droite et du centre ne pouvait décemment plus faire référence à ce besoin de vérité. Exit aussi la vérité.

Quel slogan de substitution ? « Une volonté pour la France. » Franchement, c’est le type même de slogan publicitaire qui ne mange pas de pain. Avec cela, il ne fera de mal à personne, même pas à lui-même. La France éternelle n’attend rien de François Fillon et sa volonté ressemble plus à de l’entêtement qu’autre chose.

19 mars 2017

Quelques réflexions au débotté : les costumes de Fillon, l'argent des Le pen, la clause Tartuffe, Loncle et Destans « En Marche »


J’aurais honte de me faire payer mes costumes
Il venait d’être désigné comme étant le vainqueur de la primaire de la droite et du centre. Une petite semaine venait de s’écouler quand Robert Bourgi, avocat de profession mais qui jamais ne plaida, proposa à François Fillon de lui payer deux costumes chez Arnys (d’une valeur de 13 500 euros) l’un des tailleurs les plus selects de Paris. Ou est-ce Fillon qui le sollicita ? L’enquête judiciaire en cours permettra de le déterminer.
Interrogé par un journaliste sur l’opportunité de ce cadeau, le candidat de la droite rétorqua : Et alors ? Et tous les Fillonistes de reprendre cet élément de langage : et alors ? Ma première réaction a été la suivante : je considère qu’il est humiliant de se faire payer des vêtements par un tiers. Il faut être peu scrupuleux voire radin pour accepter que quelqu’un — pas n’importe qui, soit dit en passant — vous offre vos costumes. Comme si François Fillon, ancien premier ministre, député de Paris, détenteur d’une société de conseil (bien juteuse) ne pouvait pas lui-même faire face à ses dépenses courantes ? A sa place, j’aurais honte. Mais je ne suis pas à sa place et je méconnais, sans doute, les us et coutumes de certains hommes de pouvoir au dessus de la loi commune. Quant au sulfureux Robert Bourgi, l’homme qui porta les valises remplies de millions d’euros de l’Afrique à la France, en faveur de MM. Chirac et Villepin « il se bidonne » face au scandale. Drôle de compassion à l’égard de celui qu’il voyait comme le futur président de la République…

Le nom de Le Pen est depuis toujours attaché à l’argent
Dans la famille « affaires judiciaires » je demande les Le Pen. L’émission « envoyé spécial » sur France 2 a permis aux Français intéressés par la vie politique de mieux connaître l’arrière cuisine de Marine Le Pen, là où elle mijote avec ses affidés, les coups les plus tordus et les plats les plus amers. Les Chatillon, les Lousteau, les anciens du mouvement étudiant d’extrême droite (le GUD) les nostalgiques d’Hitler et du fascisme, déploient des trésors d’imagination pour pomper l’argent des contribuables français et européens soit dans le cadre des campagnes électorales soit en utilisant des emplois fictifs, notamment à Strasbourg. Mises en examen, perquisitions, enquêtes policières et judiciaires, le panier de Marine Le Pen s’est alourdi avec le témoignage d’un de ses anciens proches, un certain Aymeric Chauprade. Il raconte en détail comment Marine Le Pen a mis au point un système élaboré destiné à doter chaque député européen FN (ils sont 20) d’assistants parlementaires dont l’un d’entre eux sera employé à travailler pour le parti. Une machine redoutablement efficace dont le principe est évidemment scandaleux mais pas si étonnant que cela. La Grande histoire nous apprend en effet que les pouvoirs autoritaires ou autocratiques aiment l’argent, beaucoup d’argent. Voyez Poutine, sa fortune est évaluée à 47 milliards de dollars.
J’ose espérer que lors du débat de lundi soir à la télévision (sur TF1) il se trouvera un candidat courageux pour dénoncer cette escroquerie intellectuelle qui voudrait nous faire passer des vessies pour les lanternes et le FN pour un parti « tête haute mains propres ». La tête est pourrie et les mains sont noires comme leurs chemises.

La clause Molière est surtout la clause Tartuffe
Certaines délibérations récentes de collectivités territoriales dirigées par Valérie Pécresse, Hervé Morin, Laurent Wauquiez, pour ne citer qu’eux, à travers la clause dite « Molière » visent à interdire à des salariés étrangers, ne parlant pas Français, de travailler en France. Derrière cette clause, « c'est la clause Tartuffe » (1) dont il faut se méfier. En effet, celles-ci ne sont pas inspirées par l’amour de notre langue, mais par l’objectif électoraliste de faire obstacle à la concurrence d’entreprises étrangères. Ces délibérations sont à la fois illégales, discriminatoires et inutiles car le droit en vigueur prévoit déjà les dispositions nécessaires (sécurité des chantiers, pratique du français nécessaire à l’objet du marché, lutte contre la fraude au travail détaché). Les collectivités dirigées par la droite, avec ces provocations gratuites, mettent en péril la situation des 150 000 travailleurs Français qui exercent leur activité en détachement dans d’autres pays de l’UE. Le vrai enjeu est d’aboutir à la révision de la directive travail détaché.

Loncle et Destans rejoignent « en Marche »
François Loncle et Jean-Louis Destans, les deux parlementaires de gauche de l’Eure, ont d’ores et déjà décidé de rejoindre « en Marche » et Emmanuel Macron. L’ancien président du conseil général de l’Eure, dont la situation électorale n’est pas des plus faciles dans une circonscription, disons délicate, agit suffisamment en amont pour ne être taxé d’opportunisme au cas où Emmanuel Macron deviendrait le prochain Président de la République. Rien ne dit, cependant, que la commission présidée par Jean-Paul Delevoye et chargée d’examiner les prochaines candidatures d’En Marche aux législatives, retiendra la candidature de Jean-Louis Destans. Ce dernier a tout de même pour lui son action à la tête du conseil général de l’Eure qui contraste fortement avec l’amateurisme de Sébastien Lecornu devenu ex-porte parole de François Fillon après le retrait des Le Mairistes.
Quant à François Loncle, son évolution de carrière l’a conduit là où il est. Tout près de Manuel Valls et contre les frondeurs et donc contre Benoît Hamon. Dans la mesure où il ne sera plus candidat aux législatives, les électeurs(trices) ne pourront pas lui reprocher d’avoir changer de casaque et de cheval…

(1) L'expression est de Bernard Cazeneuve, Premier ministre.