16 mars 2017

L'ascension de l'extrême droite est résistible : la preuve en Hollande avec la nette défaite de Gert Wilders


« Mais peu importe l'issue des élections aujourd'hui, le génie ne retournera pas dans la lampe et cette révolution patriotique, que ce soit aujourd'hui ou demain, aura de toute façon lieu ». Wilders se console comme il peut. Quand ils perdent, les leaders politiques disent tout cela. Il n’échappe donc pas aux clichés ni à la langue de bois. Sévèrement battu (même s’il gagne quatre sièges) hier lors des élections législatives aux Pays-Bas, son parti d’extrême droite ne siégera pas au sein du gouvernement. La mobilisation importante des électeurs(trices) a mis un coup d’arrêt à celui que Marine Le Pen a célébré (un peu trop tôt) comme devant être l’exemple à suivre en France.

La preuve est faite, après l’Autriche, que les démocraties sont capables de résister à la pollution des esprits et à l’assèchement des cœurs. En marginalisant un peu plus le « Le Pen » batave, les Hollandais ouvrent un chemin. Ils ont refusé le racisme anti-musulman, refusé de sortir de l’Euro et de l’Union européenne, ils ont en quelque sorte rejeté les solutions simplistes que propose en France, le Front national. Puissent les Français s’inspirer de l’exemple hollandais !

Après le Brexit et Trump, chacun attendait avec anxiété leur vote. Pendant des mois Gert Wilders était en tête des sondages, comme Marine Le Pen dans notre pays. Mais le résultat d’hier est clair et net : l’ascension des populistes d’extrême droite est résistible. C’est le principal enseignement de cette élection qui, par ailleurs, fait passer le nombre de députés verts de 4 à 16 et lamine le parti travailliste qui lui, perd 29 sièges. Il se passe quelque chose de grave au sein de la sociale-démocratie. Mauvais signe pour Benoît Hamon…malheureusement.

15 mars 2017

Mise en examen de François Fillon : le voilà habillé pour l’hiver !


Je publie le texte que « La Dépêche » ne peut, pour des raisons qui lui appartiennent, soumettre au jugement de ses lecteurs cette semaine. Le rédacteur en chef du journal a en effet édicté des règles que chaque participant à la page blogueur doit accepter. J’ai personnellement donné mon accord au respect de ces règles.

La déclaration lue par François Fillon devant les trois juges d’instruction qui l’avaient convoqué, hier, a été préparée et argumentée par ses avocats. Cette lecture lui a permis de se défausser, d’éviter les questions des juges et de faire comme si de rien n’était. « Tout cela parce que, écrit-il, je suis candidat à l’élection présidentielle ». Pas que. Toujours la théorie du complot à laquelle personne ne croit plus. En réalité, François Fillon fuit les questions des juges parce qu’il est plus que gêné aux entournures et que sa défense est très fragile. Elle n’est d’ailleurs plus argumentée sur le fond mais seulement sur la forme.

François Fillon donne un exemple lamentable aux autres justiciables de notre pays. Non, il n’est pas au-dessus des lois. Non, il ne peut s’exonérer des fautes (éventuelles) qu’il a commises. Non, il ne pourra échapper à la recherche de la vérité même s’il bénéficie d’un sursis avec le temps judiciaire forcément plus long que le temps politique et l’urgence d’une campagne électorale.

Dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, Jacques Chirac, au lendemain de son départ de l’Elysée, avait rendez-vous avec les juges et avec la vérité. Il a été condamné. Quoiqu’il arrive, élu ou pas, Fillon sera dans la même situation. Bien sûr, grâce à ses moyens personnels (ou grâce à des mécènes ?) Fillon pourra s’offrir des avocats et des conseils de haut niveau. Ils vont se battre bec et ongles pour leur client, exploiter toutes les failles des codes. Autrement dit, les juges vont avoir la vie dure. Mais le juge Tournaire, réputé pour son impartialité et sa compétence, ne se laissera pas abuser par des manœuvres dilatoires.

Car le dossier semble solide. Et le contexte financier redoutable. Le prêt de 50 000 euros non déclaré, les vêtements offerts gracieusement, d’une valeur de 45 000 euros, la rétrocession d’une partie des indemnités d’assistants parlementaires des enfants du couple, les enveloppes de l’association des sénateurs ex-UMP dont a bénéficié François Fillon, composent un maelström inquiétant pour lui-même et son épouse. Il accrédite ce propos de Talleyrand : « le mal de beaucoup de gens c’est de croire qu’ils peuvent tromper les autres et que les autres ne peuvent pas les tromper. »

14 mars 2017

Et alors ?


930 000 euros brut pour l’emploi (fictif ?) de sa femme comme assistante parlementaire de lui-même et de son ancien suppléant, et alors ? 50 000 euros de costumes, pulls en cachemire, vestes forestières, offerts par des mécènes, et alors ? 30 000 euros rétrocédés par une association du Sénat liée à l’ancienne UMP, et alors ? Des rétrocessions par ses enfants Charles et Marie des indemnités à eux payées dans le cadre de leur emploi éphémère au Sénat, et alors ? Une caricature antisémite et anti-Macron publiées sur le site des Républicains, (avec excuses) et alors ?

Oui, et alors ? Quand les journalistes cesseront-ils de traquer le pauvre François Fillon, si propre sur lui à qui les plus fervents papistes donneraient le bon Dieu sans confession ? Quand ces articles de presse malveillants vont-ils disparaître du paysage ? Quand les malheureux supporteurs de François Fillon vont-ils devoir cesser de prier la Vierge Marie pour qu’il puisse, enfin, développer son programme si favorable aux privilégiés et si injuste pour les plus modestes ? Il faut le lire en détail ce programme : 500 000 fonctionnaires en moins, ISF supprimée, quotient familial rehaussé, TVA augmentée, entreprises favorisées, ménages pénalisés…la liste sera longue de la purge dont le bilan pourrait, si ce projet était appliqué, entraîner la mort du malade si tant est qu'il soit malade.

François Fillon sera demain dans le bureau des juges d’instruction. Et alors ? Alors, il pourrait bien être mis en examen pour détournement de fonds publics, trafic d’influence, déclaration insincère à la Haute autorité de la transparence de la vie publique, j’en passe et des meilleurs. Alors, cette mise en examen ne devrait lui faire ni chaud ni froid puisqu’il l’a déjà intégrée dans sa campagne ? Alors, il se pourrait bien que François Fillon ait quelque peine à élargir la base de son électorat ?

Et les Le Pen ? Ne le les laissons pas en paix. Au-delà des éventuels emplois fictifs des assistants des parlementaires européens — avec deux mises en examen — des différentes instructions en cours sur le financement des campagnes électorales du FN, le fisc se propose — si l’affaire ne va pas au pénal — de corriger sensiblement les déclarations de patrimoine du père et de la fille Le Pen qui, semble-t-il, ont largement sous évalué les valeurs de leurs propriétés. Encore un moyen d'éviter de payer ses contributions à l'intérêt général.

Voilà le monde politique français comme il va à l’extrême droite (on s’y attendait) et au sein d’une droite pour le moins bousculée (on s’y attendait moins). Il serait souhaitable enfin que M. Fillon cesse toute référence à la primaire de la droite et du centre et continue de se protéger avec les 66 % de suffrages qu’il a obtenus. Si les électeurs(trices) de la droite et du centre (surtout ceux du centre) avaient su ce qu’ils savent aujourd’hui, quel aurait été le résultat du vote ? Comme dirait Georges Fenech, député sarkozyste : « la primaire est caduque ». Et alors ?

13 mars 2017

« La presse dans l'Eure, des origines à nos jours » par Claude Cornu invité du Cercle vernonnais


Claude Cornu. (photo JCH)
Jeudi 23 mars 2017, à 20 heures 30 à Vernon, à l’Espace Philippe-Auguste (salle Maubert) Le Cercle vernonnais  vous invite à la conférence qui sera donnée par Claude Cornu de la Société d’études diverses de Louviers sur « La presse dans l’Eure des origines à nos jours » Entrée libre.

« La naissance de la presse locale dans l’Eure a été freinée par la proximité de Paris et de Rouen, qui diffusent leurs journaux dans le département. Les premières tentatives de journaux politiques, sous le Directoire, tournent vite court. Par la suite, les contraintes imposées à la presse politique par les régimes dynastiques successifs (cautionnement, droit de timbre, autorisation préalable, menaces de sanctions…) constituent un obstacle difficilement franchissable. Longtemps, les périodiques imprimés dans l’Eure sont pour l’essentiel de simples feuilles d’annonces. Sous le Second Empire, il n’existe qu’un seul journal politique, soutien indéfectible du régime, le Courrier de l’Eure. Il faut attendre la toute fin du régime pour voir, à la faveur d’une relative libéralisation de la presse, l’apparition de journaux d’opposition.
 La Troisième République, en revanche, permet une floraison de périodiques qui atteint jusqu’aux cantons les plus modestes. Trois facteurs y contribuent : l’assouplissement de la législation grâce à la loi du 29 juillet 1881, le scrutin d’arrondissement qui contraint républicains et conservateurs à disposer d’un organe dans chaque circonscription, mais aussi les progrès de l’instruction qui créent les conditions d’un lectorat élargi. En dépit du coup d’arrêt de la Grande Guerre, la Troisième République est bien l’âge d’or de la presse départementale.
 Les années 1940-1944 entraînent une réduction drastique du nombre de journaux et ceux qui continuent à paraître doivent se plier aux consignes de l’occupant, quand, comme certains, ils n’appellent pas ouvertement à la collaboration. La presse autorisée peut certes ruser avec la servitude, mais la résistance n’est possible que dans la clandestinité. La Libération voit la renaissance d’une presse libre, non sans difficultés, la pénurie de papier ne permettant qu’à un petit nombre de journaux de reparaître dans un premier temps. Mais bientôt tous les titres doivent faire face à la concurrence d’autres médias. Aujourd’hui, où les rares titres qui subsistent appartiennent tous au même groupe et peinent à conserver leurs lecteurs, comment ignorer les menaces qui pèsent sur l’écrit ? »
Claude Cornu, vice-président de la Société d’études diverses de Louviers, brillant conférencier, présentera cette histoire longue de plus de deux siècles.

Les prochains rendez-vous du Cercle vernonnais :

-— Jeudi 27 avril 2017 : Nicolas Poussin, un peintre novateur  par Françoise Baron-Miseroux et François Bonnet, de l’association des Amis des sites andelysiens.
 — Vendredi 12 mai 2017 : L’influence de De Gaulle et de ses successeurs sur le rayonnement  international du Québec (1940-2016)  par Roger Barrette, historien québécois.
 — Vendredi 23 juin 2017 : soirée au château de la Madeleine et repas à Port-Mort.
Le CEV sur Internet : Adresse du site du CEV : http://cev27.free.fr
Adresse courriel : cev27@free.fr


12 mars 2017

François Fillon se fait payer ses «costards» en attendant de prendre une veste ?


Si maintenant on ne peut plus se faire offrir des costumes par des amis généreux, c’est à désespérer de l’humanité, non ? 13 500 euros payés par un chèque dont le nom du signataire n’a pas été rendu public (lequel n’a même pas été remercié !) pour deux ou trois costards, les 35 000 restants (pour d’autres effets) payés en espèces (dixit le JDD) depuis 2012. C’est vraiment de l’acharnement contre le malheureux François Fillon. Lui qui est déjà bien embêté avec le Pénélopegate, le prêt non déclaré à la HATVP, les redistributions du Sénat, le trafic d’influence…et sa convocation dans le bureau des juges d’instruction fixée à mercredi et dont il pourrait ressortir mis en examen.

Laurent Valdiguié est un journaliste expérimenté et généralement bien informé. S’il révèle dans le JDD d’aujourd’hui cette histoire de costumes payés en espèces et de donateur dont il respecte l’anonymat, c’est pour parfaire le portrait d’un homme qu’on croyait au-dessus de tout soupçon. La réalité est bien différente mais ce n’est pas vraiment étonnant. François Fillon vit, comme beaucoup, dans un autre monde, un monde hors sol. Et je ne suis pas certain que d’avoir été « le collaborateur » de Nicolas Sarkozy pendant cinq années lui a rendu service. Habitué à se censurer et à assurer sa discrétion, le provincial sarthois s’est pris en pleine face la Sarkomania du Fouquet’s et du yacht de Bolloré. Peut-être a-t-il éprouvé quelque jalousie ou quelque envie contraires à cette éducation si « religieuse » qu’une chapelle fut même dressée dans le conseil régional que présida Jadis François Fillon ?

Les Fillonistes vont, comme c’est l’usage, minimiser ces récentes découvertes. Comment faire autrement ? Comment justifier qu’un homme politique de la hauteur d’un Fillon se fasse payer ses costumes par un mécène…peut-être pas si désintéressé d’ailleurs…Qui sait si ces procédés pour le moins étranges n’ont pas été l’objet d’échanges que la morale pourrait réprouver ? Mais ce n’est qu’une hypothèse.

Au cours de ses voyages en Normandie, Victor Hugo a emprunté la route de Louviers. C'était en 1834 !


Gérard Gengembre. (photo JCH)
Gérard Gengembre, professeur émérite à l’Université de Caen et spécialiste de la littérature du XIXe siècle l'avoue : il est Hugolâtre. Il a lu les 18 000 pages de l’œuvre complète de Victor Hugo (correspondances, notes, romans, poèmes, théâtre, discours etc.) et « en est ressorti vivant » constate-t-il avec humour. Avis aux amateurs et aux étudiants  dont l’un s’est lancé dans une biographie du créateur appelée à faire autorité. Cela explique évidemment, son savoir encyclopédique, d’une part, et la facilité qu’il a à le partager avec des auditeurs curieux. Le public de la Société d’études diverses de Louviers et sa région est de ceux-là. Il a fait le plein de la salle Pierre Mendès France (toujours aussi inconfortable) samedi, attiré qu’il était par le sujet proposé : « Victor Hugo et la Normandie ».

Vaste sujet puisque les liens du grand écrivain avec la Normandie (1) ont été tissés dans le bonheur mais aussi et surtout dans le malheur et le deuil. S’il est vrai que les voyages de la première période hugolienne sont des voyages de découverte, de rêveries et de tension amoureuse (avec Juliette Drouet) placés sous le signe d’un romantisme effréné, la mort de Léopoldine va entraîner le grand Hugo dans la dépression d’abord et dans le culte du souvenir ensuite. Jamais, affirme le conférencier, Victor Hugo ne s’est totalement remis de la mort de sa fille, noyée accidentellement à Villequier (2). Il faut lire l’œuvre postérieure à ce décès à l’aune de cette douleur incommensurable. Gérard Gengembre, grâce à des détails infimes, explique comment Hugo a réussi, non pas une thérapie par l’écriture ce qui serait impropre, mais une résurrection à la vie et à la société.

Autre brisure, autre défi majeur pour Hugo : l’exil. Après avoir accusé Louis Napoléon de Haute trahison, Victor Hugo quitte la France en 1852. Il ne la reverra que vingt ans plus tard. A Jersey et Guernesey, les îles anglo-normandes, où il a trouvé refuge à Hauteville House (3) Victor Hugo écrit ses chefs d’œuvres : les Contemplations, les Misérables, la Légende des siècles…L’exil est pour le poète le contexte «idéal» bien qu'obligé pour imaginer, inventer, se sublimer. Cet exil aura été pour lui la grande période régénératrice, source de ses principales œuvres. En tout cas, Gérard Gengembre le suggère, Hugo devient le plus grand écrivain français sinon le plus grand écrivain planétaire du 19e siècle. Il n’avait, selon lui, qu’un seul rival digne de ce nom : Napoléon !

La dernière Normandie de Hugo sera celle de la vieillesse et des voyages d’agrément à Veules-Les-Roses ; Il sera beaucoup moins prolifique sur le plan littéraire mais cette Normandie-là lui rappellera ses amours avec Juliette Drouet, sa confrontation avec l’océan et l’infini, sa proximité avec les travailleurs de la mer. Il retournera à quelques reprises à Guernesey avant de mourir en 1885. Son nom restera comme celui de l’un des géants de la littérature mondiale sans oublier son messianisme politique et sa rhétorique incomparable. Enfin, s’il ne fallait lire qu’une œuvre de Hugo, Gérard Gengembre, très applaudi après sa conférence, plaiderait pour « les Misérables ». Jean Valjean n’est-il pas mort d’amour ?
(1) Victor Hugo a dîné au Mouton d'argent avec Juliette Drouet à Louviers en 1834. Il lui a en a coûté 6,70 francs. Une somme rondelette pour l'époque.
(2) Plusieurs membres de la famille Hugo sont enterrés dans le cimetière de Villequier (76).
)       (3) Hauteville House appartient à la ville de Paris et bénéficie d’un statut d’extra-territorialité. Les billets du musée sont libellés en Français.

Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo en hommage à Léopoldine