15 novembre 2017

Emmanuel Macron devrait relire (ou lire) les œuvres complètes de Pierre Mendès France


PMF : un grand inspirateur
L’élection d’Emmanuel Macron et celle de la majorité des députés en Marche ont bouleversé le paysage politique hexagonal. La droite se déchire avec un Wauquiez en quête des voix des électeurs du Front national, l’extrême droite n’en finit pas d’essayer de digérer la lourde défaite de Marine Le Pen dont l’avenir s’assombrit, la gauche  a le choix entre deux options : le jusqu’auboutisme d’un Jean-Luc Mélenchon qui reconnaît avoir perdu « le point » dans la bataille de la loi sur l’emploi et un PS en convalescence dirigé collégialement par 28 cadres dont aucun militant n’est capable de donner le nom.

Pour un homme ou une femme de gauche « contraint » au second tour de la présidentielle de choisir le président actuel (face au FN), est-il facile de se reconnaître dans les propositions de la France insoumise ou celle de la gauche dite nouvelle ? Sans doute pas facilement. Le regard porté sur l’action de la majorité nouvelle, elle, pour le coup, est évidemment teinté de bleu tant les premières mesures gouvernementales favorisent objectivement les plus aisés. Pourtant, la condamnation de l’action en cours censée favoriser les riches demeure modérée (malgré 62% de mécontents) comme si la majorité de mai attendait d’en savoir et d’en voir plus sur le long terme. Qu’il est difficile de se renier !

Cela dit, il faut plus que du courage pour transformer un citoyen en militant. C’est bien pourquoi les effectifs des membres des partis politiques fondent comme neige au soleil. Au PS, ils seraient 40 000 aujourd’hui quand on a compté plus de 200 000 adhérents pour soutenir  Ségolène Royal ! Pour un PS qui, en 2012, dominait les assemblées nationales, départementales, locales, le niveau d’influence du parti de Blum et Mitterrand est devenu marginal. Je ne mets pas en doute la sincérité et le désir de « refondation » — comme ils disent — des animateurs du PS actuel mais la route sera longue avant que les socialistes retrouvent une crédibilité susceptible de les rendre majoritaires en France. Car le quinquennat Hollande va laisser des traces durables dans les mémoires. L’affaire Cahuzac, si mal gérée par le pouvoir, la déchéance de nationalité si mal acceptée par les tenants de l’état de droit, vont masquer durablement le potentiel réformateur de la gauche de gouvernement. Sans insister lourdement sur la dérobade (y a-t-il un autre mot ?) de François Hollande en décembre 2016.

Alors quoi ? Faut-il baisser les bras et subir ? Sûrement pas. Le besoin de justice sociale est plus que jamais indispensable. Mais la France a besoin de se ressourcer à l’intérieur de ses frontières et au-delà. Emmanuel Macron, dont le chantier est immense eu égard aux lâchetés et abandons passés, a fait le choix d’occuper une place centrale et de rejeter les extrêmes qu’il a choisis comme adversaires privilégiés. Sa stature verticale manque singulièrement d’humilité mais doit on attendre d’un président « jupitérien » plus d’action et moins de bavardage.

Il serait bien qu’Emmanuel Macron relise les œuvres complètes de Pierre Mendès France. Les écrits de celui que je considère comme une référence morale autant que politique, serviteur de la vérité situé très haut dans le domaine du service de l’Etat, présentent une actualité jamais démentie. S’il est vrai que les institutions actuelles sont aux antipodes de celles que souhaitaient PMF, il avait fini par s’en arranger en insistant sur le contrôle exercé par les élus et surtout par la vigilance citoyenne. Il appartient à chacun de nous, quel que soit notre niveau de responsabilité, d’agir de manière éthique, responsable, collective, quoi.

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