5 septembre 2017

Il y en a marre des attaques de Mélenchon et de Macron contre les journalistes


Il est impossible pour l’homme de presse que j’ai été — et que je demeure — de rester muet ou indifférent face à l’avalanche de critiques et de blâmes adressés à la presse en général et aux journalistes en particulier. Ce n’est pas nouveau : Jean-Luc Mélenchon décroche la palme de la mauvaise foi. Il fustige sans toutefois les désigner nommément, les rédactions et les propriétaires de presse, attachées selon lui, à la perte de « la France insoumise » et des députés appartenant au groupe d’opposition de gauche qu’il préside.
Il n’est pas le seul. Emmanuel Macron, hier à Forbach, interpellé par un journaliste de radio lui répond sèchement : « les journalistes ne m’intéressent pas, ceux qui m’intéressent ce sont les Français. » Dans le genre langue de bois on fait difficilement pire.

Que se passe-t-il dans cette France de 2017 qui vient de connaître des bouleversements importants pour que des élus, des responsables de partis, des citoyens aussi, attaquent les journalistes devenus des parias. Ils seraient (presque) tous des vendus ou des achetés (c’est selon). Ils seraient au service d’officines évidemment non nommées. La recherche de la vérité serait le cadet de leurs soucis et, comme le rabâche Donald Trump, la presse assénerait mensonges et contre vérités à longueur d’antenne ou de colonnes.

Jean-Luc Mélenchon est devenu un expert dans l’art d’humilier les journalistes. Sûr de lui et dominateur, il s’est même permis (sur son blog) de rappeler l’histoire militante de certains éditorialistes pour leur reprocher leurs engagements d’antan qui au PC qui au PS…Comme si lui, Jean-Luc Mélenchon, devait sans cesse justifier d’avoir été un jour trotskyste ou membre de l’appareil socialiste. Il fut même ministre ! Les hommes changent, les contextes historiques aussi ainsi que le monde politique. Les journalistes ont le droit à l’engagement. L’objectivité absolue n’existant pas. Sans faire preuve d’esprit partisan ou sectaire, les hommes et femmes de presse ont le devoir, pour le coup, de dénoncer tous les abus, toutes les frasques, tous les excès, de ceux et celles qui aspirent à représenter les citoyens. Au prix de la critique et de la mise en cause…

Que serait notre pays sans Le Canard enchaîné ou Médiapart ? Fillon serait peut-être président de la République voire pire avec Nicolas Sarkozy ? Emplois familiaux, conflits d’intérêts, pantouflages, privilèges…sans la presse, pas de loi de moralisation de la vie publique, pas de clarté sur le financement des campagnes électorales, pas de dénonciation des scandales.

Mélenchon et Macron ont évidemment tort de mépriser le rôle de la presse dans une démocratie adulte et bien vivante. En ont-ils peur ? Préfèrent-ils voir les journalistes en prison comme en Turquie, au Venezuela ou en Chine ? Alors que Loup Bureau (1) croupit dans une geôle d’Erdogan, que plus d'une centaine de titulaires de la carte de presse meurent chaque année dans le monde, que des centaines de reporters sont pourchassés, stipendiés, menacés sur la planète entière, les élus Français feraient mieux de remercier la presse même imparfaite, même injuste parfois, car elle est indispensable au bon fonctionnement de la démocratie. Tout simplement.

(1) Loup Bureau est un journaliste français accusé par le pouvoir turc de soutenir les rebelles du PKK. Tout cela parce qu’il a rencontré — dans son rôle légitime qui est de donner la parole à toutes les parties en cause — des opposants à Erdogan ! Agissons pour le sortir de prison !

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