23 septembre 2017

Des parents d'élèves de Val-de-Reuil écrivent au président du Conseil départemental : « Serez-vous un élu…»


« Monsieur,
Depuis plusieurs décennies, les enfants habitant au Cavé de Val-de-Reuil sont scolarisés à l’école primaire Léon Blum de Val-de-Reuil. Aujourd’hui une quinzaine d’enfants du Cavé âgés de 7 à 10 ans acquièrent des compétences dans cette école primaire. Leur collège de secteur est le collège Michel de Montaigne au Vaudreuil. Une rumeur prétend que des enfants de Val-de-Reuil n’iraient plus étudier dans leur collège de proximité mais au collège de Pont-de-l’Arche et/ou de Louviers. Nous voudrions porter à votre connaissance nos craintes concernant cette éventuelle nouvelle sectorisation du bassin scolaire de Val-de-Reuil et de ses alentours.

Les habitants du Cavé de Val-de-Reuil revendiquent leur volonté d’avoir voulu vivre sur ce territoire rolivalois pour bénéficier d’une chaîne scolaire complète et de qualité : école maternelle et primaire Léon Blum, collège Michel de Montaigne et lycée Marc Bloch. L’école Léon Blum, située à 1600 m, accueille nos enfants et établit depuis plusieurs années des projets pédagogiques avec le collège Michel de Montaigne afin d’optimiser la liaison CM2-6ème. Le collège Michel de Montaigne est un collège de proximité. Situé à 650 m de nos résidences, il permet à nos enfants d’emprunter des moyens de transports respectueux de l’environnement. Il offre également un temps précieux, source de bonne santé et de réussite éducative et scolaire. Nos enfants rejoignent leur collège en trois minutes en vélo. Vos services produisent des hypothèses de nouvelle sectorisation du territoire dans le cas où le collège Pierre Mendès France ferme. Nous vous prions de bien vouloir prendre en considération les éléments suivants.

   Le transport en commun des enfants du Cavé jusqu’ aux collèges Hyacinthe Langlois de Pont-de l’Arche ou les Fougères de Louviers s’accompagnera d’une empreinte carbone beaucoup plus impactante qu’un simple déplacement à pied ou en vélo. L’ambition légitime du nouveau président Emmanuel Macron et de son gouvernement est de réduire les émissions des gaz à effet de serre. Serez-vous un élu départemental de la majorité présidentielle dont l’action locale s’opposera aux objectifs politiques nationaux ?
   Le transport en bus émet également des particules solides fines et ultra-fines irritantes, allergisantes et cancérigènes au niveau de l’appareil respiratoire. Serez-vous un élu départemental indifférent à l’état de santé de vos concitoyens ?
   Le transport en commun des enfants du Cavé jusqu’aux collèges Hyacinthe Langlois de Pont-de-l’Arche ou les Fougères de Louviers générera une fatigue superflue. Traverser la ville de Louviers ou rejoindre Pont-del’Arche aux heures de pointe, le matin et le soir, sont des activités pénibles, chronophages et inutiles. A l’heure où nos administrateurs de la CASE ambitionnent de nous offrir « un territoire à haute qualité de vie, pour prendre le temps de vivre », serez-vous un élu départemental insensible au confort de nos enfants - pour ne pas dire - de « vos » enfants ?

Le transport en commun des enfants du Cavé jusqu’aux collèges de Pont-de-l’Arche ou de Louviersaugmentera le risque qu’ils soient victimes d’accidents de la route. La route des Falaises, segment de la voiedépartementale de l’axe structurant Val-de-Reuil/Louviers, est – faute d’entretien - accidentogène. Serez-vousun élu départemental irresponsable ?

-— Au-delà des répercutions sanitaires et environnementales, le surcoût de ce projet surprenant est faramineux. Le coût moyen du transport par autocar en France est estimé au minimum à 2,20 euros par kilomètre. Nos résidences sont distantes d’une dizaine de kilomètres des collèges de Pont-de-l’Arche et de Louviers. Les familles devront alors – au-delà de leurs devoirs fiscaux locaux - supporter des dépenses supplémentaires pour aider le département à faire face à ses obligations. Nous devrons aussi payer des frais supplémentaires de cantine puisque de nombreux jeunes de 10 à 14 ans rentrent actuellement chez eux pour se restaurer. Vous évoquez, pour rassurer les inquiétudes des parents menacés, qu’ils pourront bénéficier d’aides compensatrices. Vous ne pouvez pas ignorer que la majorité des situations des foyers du Cavé ne leur permettront pas de bénéficier de ces bourses départementales. Serez-vous donc un élu départemental de la baisse du pouvoir d’achat de vos administrés ?

-— Le découpage du quartier du Cavé du Vaudreuil et de Val-de-Reuil est complexe. Certaines familles résident sur la commune du Vaudreuil alors que leurs voisins directs dépendent de Val-de-Reuil. Les enfants valderoliens sont scolarisés à l’école primaire Général Leclerc alors que les jeunes rolivalois le sont à Léon Blum. Dans l’hypothèse où votre projet voit le jour, les valderoliens du Cavé seraient scolarisés au collège Montaigne alors que leurs voisins rolivalois seraient refoulés aux confins du secteur ! Serez-vous un élu département capable de justifier une telle sectorisation injuste ?

   Depuis plusieurs années, les personnels de l’école primaire Léo Blum et du collège Montaigne œuvrent pour favoriser la transition entre les niveaux CM2 et 6e du cycle 3. Les élèves de CM2 visitent leur futur collège, rencontrent les membres de l’équipe éducative et « vivent » des enseignements pendant plusieurs jours. Une journée sportive, moment d’étroite collaboration entre les deux niveaux, est également organisée. Elle donne du sens en aidant les élèves à se projeter dans leur scolarité. Serez-vous l’élu départemental qui rompra la chaîne éducative d’excellence qui unit l’école Léon Blum au collège Michel de Montaigne ?
   Le code de l’Éducation stipule que « la carte scolaire permet l’affectation d'un élève dans un collège correspondant à son lieu de résidence ». Le collège Michel de Montaigne est à trois minutes en vélo de nos résidences. Quelque soit vos scenarii de fermeture ou pas du collège Pierre Mendès France, nous souhaitons avoir la garantie que nos enfants soient encore scolarisés dans le collège le plus proche de nos domiciles. Dans un premier temps, la presse et les réseaux sociaux pourront relayer et amplifier, si tel n’est pas le cas, notre demande argumentée, votre silence ou votre position inexcusable.

Vous trouverez (NDLR : je ne l'ai pas publiée ici) la liste de toutes les familles rolivaloises du Cavé concernées et contrariées - pour ne pas dire révoltées - par la rumeur selon laquelle des enfants rolivalois n’iraient plus étudier dans leur collège de proximité mais au collège de Pont-de-l’Arche et/ou de Louviers.

En l’attente de vos sept réponses et en espérant que nos craintes et notre demande soient prise en considération, nous vous exprimons nos salutations les plus constructives.
Monsieur Hurtaud

Marc-Antoine jamet, maire de Val-de-Reuil, a pris connaissance de cette adressée au président du Conseil départemental. Il écrit : « Il n'y a pas un mot à rajouter, à enlever ou à changer à cette lettre intelligente, compétente, évidente. Il faudrait qu'elle soit lue et assimilée. Quel dommage que des intentions politiques, cachées, et comptables, exhibées, fassent oublier au conseil départemental les missions de service public que votre courrier rappelle. Je n'ai - quant à moi - pas eu l'honneur d'une conversation, même de quelques secondes, avec son nouveau Président délégué. Sans doute 16.000 habitants ne valent-ils pas la peine qu'il rencontre leur représentant élu ? Cela laisse plus de temps pour répondre aux appels de la ligne directe installée par M. Lecornu avant son irrésistible ascension gouvernementale ou pour paraître en photo aux côtés de mes collègues, les maires d'Evreux, de Louviers et de Vernon qui ne souffrent pas du même ostracisme. Le sort des enfants, la qualité de l'éducation qui leur est donnée, la chance que constituera pour eux, dans la vie moderne, un diplôme seraient-ils indifférents à ces gens ? Peut-être devrions-nous les interroger sur leur propre parcours scolaire et universitaire et comprendre ce que signifie un tel acharnement contre l'enseignement, les professeurs, les parents, les enfants ? Rien, je l'espère, qu'une bonne psychanalyse ne guérisse... Elle est cependant urgente. »




Aucun commentaire: