19 mars 2017

Quelques réflexions au débotté : les costumes de Fillon, l'argent des Le pen, la clause Tartuffe, Loncle et Destans « En Marche »


J’aurais honte de me faire payer mes costumes
Il venait d’être désigné comme étant le vainqueur de la primaire de la droite et du centre. Une petite semaine venait de s’écouler quand Robert Bourgi, avocat de profession mais qui jamais ne plaida, proposa à François Fillon de lui payer deux costumes chez Arnys (d’une valeur de 13 500 euros) l’un des tailleurs les plus selects de Paris. Ou est-ce Fillon qui le sollicita ? L’enquête judiciaire en cours permettra de le déterminer.
Interrogé par un journaliste sur l’opportunité de ce cadeau, le candidat de la droite rétorqua : Et alors ? Et tous les Fillonistes de reprendre cet élément de langage : et alors ? Ma première réaction a été la suivante : je considère qu’il est humiliant de se faire payer des vêtements par un tiers. Il faut être peu scrupuleux voire radin pour accepter que quelqu’un — pas n’importe qui, soit dit en passant — vous offre vos costumes. Comme si François Fillon, ancien premier ministre, député de Paris, détenteur d’une société de conseil (bien juteuse) ne pouvait pas lui-même faire face à ses dépenses courantes ? A sa place, j’aurais honte. Mais je ne suis pas à sa place et je méconnais, sans doute, les us et coutumes de certains hommes de pouvoir au dessus de la loi commune. Quant au sulfureux Robert Bourgi, l’homme qui porta les valises remplies de millions d’euros de l’Afrique à la France, en faveur de MM. Chirac et Villepin « il se bidonne » face au scandale. Drôle de compassion à l’égard de celui qu’il voyait comme le futur président de la République…

Le nom de Le Pen est depuis toujours attaché à l’argent
Dans la famille « affaires judiciaires » je demande les Le Pen. L’émission « envoyé spécial » sur France 2 a permis aux Français intéressés par la vie politique de mieux connaître l’arrière cuisine de Marine Le Pen, là où elle mijote avec ses affidés, les coups les plus tordus et les plats les plus amers. Les Chatillon, les Lousteau, les anciens du mouvement étudiant d’extrême droite (le GUD) les nostalgiques d’Hitler et du fascisme, déploient des trésors d’imagination pour pomper l’argent des contribuables français et européens soit dans le cadre des campagnes électorales soit en utilisant des emplois fictifs, notamment à Strasbourg. Mises en examen, perquisitions, enquêtes policières et judiciaires, le panier de Marine Le Pen s’est alourdi avec le témoignage d’un de ses anciens proches, un certain Aymeric Chauprade. Il raconte en détail comment Marine Le Pen a mis au point un système élaboré destiné à doter chaque député européen FN (ils sont 20) d’assistants parlementaires dont l’un d’entre eux sera employé à travailler pour le parti. Une machine redoutablement efficace dont le principe est évidemment scandaleux mais pas si étonnant que cela. La Grande histoire nous apprend en effet que les pouvoirs autoritaires ou autocratiques aiment l’argent, beaucoup d’argent. Voyez Poutine, sa fortune est évaluée à 47 milliards de dollars.
J’ose espérer que lors du débat de lundi soir à la télévision (sur TF1) il se trouvera un candidat courageux pour dénoncer cette escroquerie intellectuelle qui voudrait nous faire passer des vessies pour les lanternes et le FN pour un parti « tête haute mains propres ». La tête est pourrie et les mains sont noires comme leurs chemises.

La clause Molière est surtout la clause Tartuffe
Certaines délibérations récentes de collectivités territoriales dirigées par Valérie Pécresse, Hervé Morin, Laurent Wauquiez, pour ne citer qu’eux, à travers la clause dite « Molière » visent à interdire à des salariés étrangers, ne parlant pas Français, de travailler en France. Derrière cette clause, « c'est la clause Tartuffe » (1) dont il faut se méfier. En effet, celles-ci ne sont pas inspirées par l’amour de notre langue, mais par l’objectif électoraliste de faire obstacle à la concurrence d’entreprises étrangères. Ces délibérations sont à la fois illégales, discriminatoires et inutiles car le droit en vigueur prévoit déjà les dispositions nécessaires (sécurité des chantiers, pratique du français nécessaire à l’objet du marché, lutte contre la fraude au travail détaché). Les collectivités dirigées par la droite, avec ces provocations gratuites, mettent en péril la situation des 150 000 travailleurs Français qui exercent leur activité en détachement dans d’autres pays de l’UE. Le vrai enjeu est d’aboutir à la révision de la directive travail détaché.

Loncle et Destans rejoignent « en Marche »
François Loncle et Jean-Louis Destans, les deux parlementaires de gauche de l’Eure, ont d’ores et déjà décidé de rejoindre « en Marche » et Emmanuel Macron. L’ancien président du conseil général de l’Eure, dont la situation électorale n’est pas des plus faciles dans une circonscription, disons délicate, agit suffisamment en amont pour ne être taxé d’opportunisme au cas où Emmanuel Macron deviendrait le prochain Président de la République. Rien ne dit, cependant, que la commission présidée par Jean-Paul Delevoye et chargée d’examiner les prochaines candidatures d’En Marche aux législatives, retiendra la candidature de Jean-Louis Destans. Ce dernier a tout de même pour lui son action à la tête du conseil général de l’Eure qui contraste fortement avec l’amateurisme de Sébastien Lecornu devenu ex-porte parole de François Fillon après le retrait des Le Mairistes.
Quant à François Loncle, son évolution de carrière l’a conduit là où il est. Tout près de Manuel Valls et contre les frondeurs et donc contre Benoît Hamon. Dans la mesure où il ne sera plus candidat aux législatives, les électeurs(trices) ne pourront pas lui reprocher d’avoir changer de casaque et de cheval…

(1) L'expression est de Bernard Cazeneuve, Premier ministre.

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