15 mars 2017

Mise en examen de François Fillon : le voilà habillé pour l’hiver !


Je publie le texte que « La Dépêche » ne peut, pour des raisons qui lui appartiennent, soumettre au jugement de ses lecteurs cette semaine. Le rédacteur en chef du journal a en effet édicté des règles que chaque participant à la page blogueur doit accepter. J’ai personnellement donné mon accord au respect de ces règles.

La déclaration lue par François Fillon devant les trois juges d’instruction qui l’avaient convoqué, hier, a été préparée et argumentée par ses avocats. Cette lecture lui a permis de se défausser, d’éviter les questions des juges et de faire comme si de rien n’était. « Tout cela parce que, écrit-il, je suis candidat à l’élection présidentielle ». Pas que. Toujours la théorie du complot à laquelle personne ne croit plus. En réalité, François Fillon fuit les questions des juges parce qu’il est plus que gêné aux entournures et que sa défense est très fragile. Elle n’est d’ailleurs plus argumentée sur le fond mais seulement sur la forme.

François Fillon donne un exemple lamentable aux autres justiciables de notre pays. Non, il n’est pas au-dessus des lois. Non, il ne peut s’exonérer des fautes (éventuelles) qu’il a commises. Non, il ne pourra échapper à la recherche de la vérité même s’il bénéficie d’un sursis avec le temps judiciaire forcément plus long que le temps politique et l’urgence d’une campagne électorale.

Dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, Jacques Chirac, au lendemain de son départ de l’Elysée, avait rendez-vous avec les juges et avec la vérité. Il a été condamné. Quoiqu’il arrive, élu ou pas, Fillon sera dans la même situation. Bien sûr, grâce à ses moyens personnels (ou grâce à des mécènes ?) Fillon pourra s’offrir des avocats et des conseils de haut niveau. Ils vont se battre bec et ongles pour leur client, exploiter toutes les failles des codes. Autrement dit, les juges vont avoir la vie dure. Mais le juge Tournaire, réputé pour son impartialité et sa compétence, ne se laissera pas abuser par des manœuvres dilatoires.

Car le dossier semble solide. Et le contexte financier redoutable. Le prêt de 50 000 euros non déclaré, les vêtements offerts gracieusement, d’une valeur de 45 000 euros, la rétrocession d’une partie des indemnités d’assistants parlementaires des enfants du couple, les enveloppes de l’association des sénateurs ex-UMP dont a bénéficié François Fillon, composent un maelström inquiétant pour lui-même et son épouse. Il accrédite ce propos de Talleyrand : « le mal de beaucoup de gens c’est de croire qu’ils peuvent tromper les autres et que les autres ne peuvent pas les tromper. »

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