19 février 2017

Quelques réflexions au débotté : fillon se discrédite, Macron se repent, l'andropause est-elle un naufrage ? Mélenchon et le corbillard, Frau le révolutionnaire


François Fillon se renie et se discrédite
En assurant qu’il irait jusqu’au bout de la campagne présidentielle et ne renoncerait pas en cas de mise en examen ou de renvoi en correctionnelle, François Fillon revient sur une de ses promesses. N’avait-il pas déclaré solennellement que si la justice décidait de le poursuivre il ne pourrait continuer d’être le candidat de la droite et du centre et se retirerait de la course présidentielle. Quelles que soient les raisons invoquées par l’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe, ce reniement a plusieurs conséquences. Il discrédite, une fois de plus, la parole politique, il réduit à néant la confiance qu’on peut accorder à ceux qui se disaient honnêtes, il favorise le populisme qui se nourrit de ces trahisons et de la remise en cause de la parole donnée.
François Fillon ne semble pas être conscient de l’importance de son choix. Quand bien même 70 % des électeurs de droite souhaitent son maintien dans la campagne (faute de plan B) l’immense majorité des citoyens de toutes opinions (71%) fustigent une attitude qui n’est pas celle d’un homme responsable et digne. François Fillon devrait savoir « qu’un seul mensonge fait plus de bruit que cent vérités » et qu’un renégat aura bien peu de chances d’obtenir la majorité des suffrages des Français. Les casseroles n’ont pas fini de faire entendre leur vacarme.

Emmanuel Macron demande pardon
Emmanuel Macron, en affirmant que « la colonisation a été un crime contre l’humanité » a confondu définition juridique et histoire. S’il est vrai qu’un crime contre l’humanité répond à une imputation précise incluant la volonté génocidaire, la colonisation n’en a pas moins été l’occasion de crimes humains nombreux commis sur des populations vulnérables. La France n’a pas été exempte de ces crimes souvent barbares, toujours inadmissibles. Emmanuel Macron, baigné par le confort de sa visite en Algérie, est sans doute allé au-delà de sa pensée.
Etait-ce une raison pour demander pardon aux pieds-noirs et aux harkis qu’il aurait, soi-disant, blessés ? Nombre d’historiens considèrent que son propos, sans doute excessif, était une bonne occasion pour rappeler ce que fut l’action de la France dans les territoires de divers continents et quelles conséquences elles eurent pour des peuples autochtones victimes d’exactions et de crimes abominables. Ces crimes ne furent pas commis par les Français ordinaires mais par des armées organisées au service d’une idéologie raciste et conquérante. Mais attention aux anachronismes : Jules ferry était un colonialiste forcené qui voulait apporter la civilisation aux sauvages ! Qui penserait comme cela aujourd’hui ?

Du capitaine de pédalo au corbillard
Jean-Luc Mélenchon avait glosé « sur le capitaine de pédalo » qu’était, selon lui François Hollande et l’image avait fait florès. Amateur de métaphore notable, le chef de la France insoumise affirme aujourd’hui qu’il ne montera pas à bord du corbillard symbolisé par le mouvement de ceux qui soutiennent Benoît Hamon. Dans les sondages, Hamon se situe à 16 % des intentions de vote et Mélenchon à 12 %. Le rapport d’avant la primaire de la gauche est plus qu’inversé puisqu’il donnait Mélenchon à 14-15 % et le candidat PS à 5, 6%. Certes, on n’ignore pas ce que valent des sondages faits deux mois avant le premier tour. Quand on sait que 50 % des électeurs de la primaire de droite ont choisi Fillon quatre jours avant le premier tour de ladite primaire, on doit se montrer circonspects et prudents. Tout de même, On ne voit pas pourquoi Benoît Hamon devrait s’effondrer au point de n’être plus qu’un figurant. Déjà, l’hémorragie de parlementaires PS vers Macron tant promise et tant redoutée à gauche n’a pas eu lieu et seuls quelques députés et sénateurs aigris (dont une majorité de ne se représentera pas) franchiront le rubicon. Localement, le député Loncle pourrait bien en être. Alors Jean-Luc Mélenchon s’obstinera, poursuivra sa mission impossible et obtiendra un beau succès d’estime. Jusqu’à la prochaine fois.

L’andropause est-elle un naufrage ?
La prochaine fois ce sera en 2022. Et si j’en juge par le message que m’a adressé un lecteur (1) de ce blog, mécontent d’une remarque le concernant, M. Mélenchon aura 70 ans et pourrait bien être victime de l’andropause dont mon correspondant considère qu’il s’agit d’un naufrage. Un naufrage testiculaire, sans doute, qui n’affecte pas — normalement — les cellules cérébrales. Certes, cet éminent élu local n’a que la cinquantaine. Lui aussi connaîtra le poids des ans. Aurait-il tort d’insulter l’avenir ?
A mon tour donc de lui transmettre un message. Un citoyen lambda indépendant des puissances d’argent et des lobbies, autonome par rapport à toutes les forces politiques, n’ayant aucunement l’intention de concourir pour obtenir un mandat, a parfaitement le droit de commenter les engagements, les déclarations, les positions de ceux qui se présentent devant les électeurs. Cela a un nom : cela s’appelle la démocratie. Et tant que les lois de ce pays permettront aux hommes et aux femmes de bénéficier de la liberté d’expression, j’avoue que j’en userai sans modération.
(1) Je tais son nom par respect pour ses mandats et la confiance que lui ont accordée les électeurs de sa commune et de son canton.

Bernard Frau « trompé et abusé »
Bernard Frau a été touché au cœur par mon récent billet sur ses pérégrinations politiciennes. Dans une réponse rendue publique sur le site de Mediapart mêlant méchanceté et acrimonie, le candidat à la candidature de la France insoumise dans la circonscription de Louviers reconnaît « qu’il a longtemps été abusé et trompé » avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui, un révolutionnaire ! Dans cet aveu explicite tout est dit : Génération écologie : abusé ! PS : trompé ! Pasqua-de-Villers : abusé ! MODEM : trompé ! France insoumise : il est trop tôt pour répondre à la question. Attendons les prochains développements.

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