31 janvier 2017

Julien Dray et Bernard Debré à tu et à toi pour défendre François Fillon

Julien Dray

Malgré l’insistance d’Anne-Sophie Lapix, animatrice de l’émission C à vous sur la cinq, hier soir, qui souhaitait en savoir plus sur la nature des emplois d’assistants parlementaires, il n’a pas été possible d’enfoncer un coin entre Bernard Debré, député LR et Julien Dray, conseiller régional socialiste et lui-même ancien député. Le thème de leur discours courtois et amical avec tutoiement à tout va et tapes dans le dos était simple : les parlementaires sont des employeurs d’un genre particulier, ce sont eux qui décident des tâches que doivent remplir les assistants et personne ne doit venir leur chercher des noises…cette proximité d’intérêts entre Julien Dray et Bernard Debré était évidemment choquante.

D’ailleurs, à plusieurs reprises les animateurs ont tenté de ramener ces messieurs au réel ce à quoi Julien Dray a répondu, sentencieux, qu’il travaillait pour l’avenir et pour empêcher (on voit très bien qui) des gens mal intentionnés de porter atteinte à notre belle démocratie. Comme le dit Julien Dray, et je suis sûr que la formule fera florès « si un député demande à son assistante de repasser ses pantalons » c’est un travail comme un autre que nul n’a le droit de mettre en cause. On avait eu les confitures de Pénélope Fillon, on a maintenant les pantalons de Julien Dray. Comme quoi, dans certains milieux, le sexisme a de beaux jours devant lui.

Quel argument sérieux avance-t-il pour défendre une position pareille ? La séparation des pouvoirs ! La séparation des pouvoirs interdirait à la justice de se mêler des petites affaires des parlementaires. Elle ne devrait à aucun moment s’intéresser à la réalité du travail demandé aux assistants même si les parlementaires utilisent des fonds publics pour satisfaire leurs besoins…Sauf que l’argument de Julien Dray ne tient pas. Si la séparation des pouvoirs, constitutionnelle et nécessaire dans une démocratie, doit favoriser l’autonomie d’action des représentants du peuple, elle n’autorise pas toutes les dérives. Pour preuve les enquêtes en cours et les mises en examen de sénateurs ex-UMP qui avaient constitué une cagnotte substantielle alimentée par le trop plein des crédits d’assistants non utilisés. Des comptes avaient été ouverts leur permettant de se distribuer ces sommes pas perdues pour tout le monde. François Fillon, sénateur pendant deux ans, en aurait même été bénéficiaire.

Quant à Bernard Debré, il était venu sur le plateau pour raconter une anecdote. J’aurais aimé le soumettre au sérum de vérité quand il a affirmé sans broncher qu’un jour, à une inauguration, François Fillon, absent, avait eu la gentillesse de « déléguer son assistante » qui n’était autre que, devinez qui ? Pénélope Fillon ! Bingo !
Pour défendre l’emploi des conjoints ou conjointes de parlementaires, Dominique Bussereau, député, a eu cette phrase magnifique, hier : « va-t-on devoir empêcher les femmes de bouchers et de boulangers de travailler aux côtés de leurs maris ? » Sauf que les femmes d’artisans et de commerçants sont souvent bénévoles et quand elles sont payées, elles le méritent bien car leur emploi à elles n’est pas fictif.

Je reviens sur ce que j’écrivais sur ce blog il y a quelques jours. Dans le bilan positif de Hollande, figure sans conteste la création de ce parquet financier indépendant chargé de chasser les dérives et les fraudes. Les lois votées sous ce quinquennat et visant à plus de transparence sont de bonnes lois. Il faudra y ajouter un nouveau texte, celui interdisant les emplois familiaux, directement ou indirectement. De même et sans s’immiscer en quoi que ce soit dans l’utilisation des indemnités parlementaires pour frais de représentation (plus de 5000 euros tout de même) peut-être le Sénat et l’Assemblée pourraient-ils organiser un contrôle a posteriori et exiger des justificatifs permettant de comprendre l’utilisation des fonds. Des fonds qui, je le rappelle, sont des fonds publics collectés par Bercy sur les sociétés, les ménages, la consommation, les transactions…l’impôt de tous et toutes en un mot.

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