7 septembre 2016

Jérôme Cahuzac n'hésite pas à remuer les cendres de Michel Rocard. Honteux.


Je suis très en colère contre Jérôme Cahuzac. Non seulement il a menti effrontément devant l’assemblée nationale et caché sa situation fiscale au gouvernement mais en plus il continue de se défendre comme un gamin pris en flagrant délit : il accuse autrui de ses propres turpitudes. C’est lâche. Aller chercher les cendres de Michel Rocard pour expliquer l’ouverture d’un compte en Suisse, voilà qui ne va pas améliorer l’image de celui qui a porté un coup fatal à la République exemplaire prôné par François Hollande.

Le quinquennat aura traîné comme un boulet les mensonges de l’ancien ministre et j’ai toujours dit qu’il s’agissait d’un tournant essentiel portant atteinte à la crédibilité du pouvoir actuel. Car choisir Cahuzac comme ministre revenait à démontrer soit une méconnaissance coupable de l’homme et de son histoire, soit une légèreté également coupable à l’égard de ses agissements soi-disant connus localement depuis des années. Il aura fallu trois mois à François Hollande pour se séparer de Cahuzac quand il aurait fallu agir vite et bien. Il est vrai que M. Woerth, ancien ministre, dans le secret semble-t-il, a lui-même été étrangement complice des agissements de M. Cahuzac.

La discrédit de la gauche est tel que les déboires et les écarts de Sarkozy semblent atténués dans leurs conséquences morales puisqu’un homme dit de gauche a été capable d’agir comme l’a fait Cahuzac. Cette fameuse gauche exemplaire en  a pris un sacré coup quand Médiapart a sorti l’affaire et l’enregistrement de Jérôme Cahuzac évoquant son compte UBS en Suisse. Bien sûr, il est naturel que l’accusé se défende et que ses avocats trouvent un moyen d’atténuer sa responsabilité. Je ne suis pas certain qu’aller chercher un financement — éventuel — d’une campagne électorale — éventuelle — de Michel Rocard en 1995 soit le meilleur moyen de convaincre les juges appelés à sanctionner des comportements coupables.

Manuel Valls, rocardien bien connu, se dit dégouté par le système de défense de Cahuzac. On le serait à moins. Aujourd’hui même les juges du tribunal correctionnel ont fait part de leurs sérieux doutes quant à la véracité des déclarations de l’ancien ministre. Il est vrai que ni devant les policiers, ni devant les juges d’instruction « les yeux dans les yeux » l’ancien ministre du budget n’a fait allusion à Michel Rocard. Il est vrai qu’à cette époque, l’ancien Premier ministre vivait encore…

6 septembre 2016

Les décodeurs devraient contraindre les politiques à moins tordre le cou à la vérité


Des quotidiens d’information comme Le Monde et Libération ont créé au sein de leurs rédactions des équipes chargées de contrôler les affirmations des hommes et des femmes politiques. Pendant des années, les vedettes médiatiques telles que Nicolas Sarkozy ou Jean-Marie Le Pen ont sans cesse asséné des arguments, des chiffres, des statistiques présentés comme autant de vérités définitives alors qu’un peu d’investigation aurait mis à mal ces affirmations. La plupart du temps, ces « ténors » de la télévision font peu de cas de la vérité des faits obsédés qu’ils sont par leur course à la notoriété et à la « petite phrase ».

Les décodeurs, donc, puisque tel est leur nom, vérifient aujourd’hui systématiquement les déclarations des candidats aux primaires de gauche, de droite, du centre, du FN, des Verts ou celles des membres du gouvernement. Ils sont conduits à analyser chaque phrase, chaque assertion de ceux et celles qui ont vocation à représenter le peuple et donc à lui dire la vérité. C’est évidemment très théorique dans la mesure où les généralités, la langue de bois et les faux semblants composent le plus souvent le menu quotidien des candidats. Les Mendès France ne sont pas pléthore.

Deux exemples suffisent à illustrer la nécessité de ce travail de contrôle et d’investigation. Le procureur de la république, au vu du dossier établi par les trois juges d’instruction de l’affaire Bygmalion, affaire du dépassement du plafond des comptes de campagne de Sarkozy en 2012, propose le renvoi en correctionnelle de l’ensemble des protagonistes dont l’ancien président de la République alors candidat. Me Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, a émis quelques remarques considérées comme «douteuses» par les décodeurs du journal Le Monde. Considérant ces remarques une par une, ces derniers démontrent, preuves à l’appui, que l’avocat prend des aises avec la vérité des faits et expliquent « pourquoi c’est faux ». Me Herzog est ainsi ridiculisé et le citoyen Sarkozy confondu.

Idem avec une mise au point de Manuel Valls. Les mêmes décodeurs ont enquêté pour savoir si la contestation (par le premier ministre) d’un article du New York Times était justifiée ou non. Elle ne l’est pas. M. Valls a pris bien des libertés avec la vérité et ce n’est pas à son honneur surtout quand il s’agit de répondre à un article de presse. Dans ces cas là, l’expérience prouve que les contradicteurs des journalistes ont intérêt à vérifier plutôt deux fois qu’une la teneur de leurs réponses. Visiblement Manuel Valls a tiré plus vite que son ombre mais ce n’est pas la première fois.

On le voit, les politiques ou leur entourage (1) pratiquent l’art de l’enfumage avec une facilité déconcertante. L’existence des réseaux sociaux, la mémorisation aisée de leurs anciennes « vérités » comparées à celles d’aujourd’hui, devraient contraindre les discoureurs  à plus de précautions et plus de respect pour les citoyens que nous sommes. Nous disposons, avec une presse indépendante, d’outils nouveaux et incontestables. Fini de dire n’importe quoi pour gagner des voix.

(1) Les juges d’instruction disposent d’un délai d’un mois pour prendre leur décision : non lieu ou renvoi devant le tribunal correctionnel. Voilà pourquoi les Ciotti et consorts mettent la pression sur ces juges pourtant indépendants.

4 septembre 2016

Le 24 septembre, à Louviers, conférence-débat sur le livre de Pierre Mendès France « Liberté, liberté chérie »


La guerre a été pour Pierre Mendès France une période cruciale. En septembre 1939, il est mobilisé dans l’armée de l’Air et affecté au Levant, où il obtient son brevet d’officier observateur. C’est au cours d’une permission en France qu’il apprend l’offensive allemande du 10 mai. Aussitôt il demande à être envoyé sur le front pour se battre. Mais il lui faut pour cela effectuer un stage de formation sur les appareils en service et, dans la débâcle générale, ce n’est que le 10 juin qu’il est muté à l’école d’observateurs de Bordeaux-Mérignac.

Lorsqu’il y arrive le 19 juin, celle-ci vient de se replier au Maroc. C’est donc pour rejoindre son unité qu’il embarque le 21 juin sur le Massilia, en même temps que d’autres parlementaires. Mais, au cours de la traversée, les passagers apprennent la signature de l’armistice. Dès lors le gouvernement de Vichy va mettre à profit cet épisode pour discréditer les hommes de la IIIe République, en présentant les parlementaires qui ont pris ce bateau pour des fuyards et ceux d’entre eux qui étaient mobilisés pour des déserteurs. Mendès France est ainsi arrêté, transféré à Clermont-Ferrand et, le 9 mai 1941, au terme d’un procès qui n’est qu’une parodie de justice, condamné pour désertion à six ans de prison. Dès le rejet de son pourvoi, il s’évade le 21 juin et, après quelques mois de vie clandestine, rejoint Londres en février 1942 pour s’engager dans les Forces aériennes françaises libres et reprendre le combat.

Rédigé en 1942 et publié en 1943 à New-York, « Liberté, liberté chérie » est un témoignage capital sur l’épreuve subie par l’auteur et sur la situation de la France au lendemain de l’armistice. Pierre Mendès France y raconte son départ pour le Maroc, son incarcération, son procès, son évasion rocambolesque. Mais, à partir des observations qu’il a pu recueillir au cours de ses mois d’errance avant son départ pour l’Angleterre, il brosse aussi un tableau fidèle des difficultés de tous ordres que rencontrent les Français dans un pays asservi et de l’évolution des esprits face à la politique de collaboration entre Vichy et l’occupant.

Les éditions Demopolis ont procédé en 2015 à une édition de la version intégrale livre, avec le soutien de l’Institut Pierre Mendès France et de la Fondation Jean Jaurès. Le texte est accompagné d’une introduction et de notes de l’historien Vincent Duclert et comporte en annexe de nombreux documents écrits et iconographiques. Postface de Denis Salas (haut magistrat) Président de l’Association française pour l’histoire de la justice : spécialiste des années noires de la Justice Française.

C’est à la présentation de la nouvelle édition de cet ouvrage que la Société d’Études Diverses de Louviers, en association avec la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Pierre Mendès France, consacre la première de ses conférences mensuelles de l’année 2016-2017. Vincent Duclert, chercheur au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (EHESS) et inspecteur général de l’Éducation nationale, et Éric Roussel, auteur d’une biographie de référence, apporteront leur éclairage d’historiens sur la période évoquée dans le livre et la personnalité de Mendès France.

Samedi 24 septembre 2016, 16 heures
Hôtel de ville de Louviers, salle Pierre Mendès France
Conférence-débat sur le livre de Pierre Mendès France « Liberté, liberté chérie »
. Avec la participation de
– Vincent Duclert, historien, chercheur au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (EHESS)
– André Azoulay, président de l’Institut Pierre Mendès France
– Éric Roussel, historien et biographe de Mendès France

Entrée libre