3 septembre 2016

Quelques réflexions au débotté : IVG, château de Versailles, Fillon-Sarko, Thierry Solère, trumperie…


Simone de Beauvoir avait raison. Les conquêtes féministes sont toujours susceptibles d’être remises en cause. Pour preuve, la résurgence du militantisme anti-IVG qui n’en finit pas de militer contre la loi Veil et contre un acquis conquis de haute lutte mais finalement assez fragile. Il n’est qu’à voir comment les personnels médicaux des cliniques, des hôpitaux, sont agressés (voire tués) aux États-Unis où des mouvements et associations contre l’avortement ont pignon sur rue. Il est vrai que la violence — mais cela se généralise à la planète — est devenue l’un des principaux moyens de conviction.
En France, tous les partis politiques (au FN les réticences sont nombreuses à l’image de Marion Maréchal Le Pen) sont à peu près d’accord sur le maintien de la loi Veil. On peut donc penser qu’une majorité de droite ne la remettrait pas en cause. Mais la vigilance s’impose car ce qu’une loi a fait une autre peut le défaire. De même pour le mariage pour tous. Même si Sarkozy est prêt à toutes les folles promesses, il fait profils bas sur la loi Taubira. Seul Mariton — mais il compte pour du beurre — assure qu’il remettrait en cause cette loi si par malheur il était élu président.

Qui pourrait croire que les conservateurs du château de Versailles seraient susceptibles de se faire avoir par le premier faux venu. C’est pourtant ce qu’il vient d’advenir si l’on croit un article paru Dans Libération de ce jour. Des meubles 18e parfaitement imités ont été cédés par des galeristes renommés et vendus, évidemment, comme des meubles d’époque. Le marché de l’art est un marché et comme tous les marchés, il compte en son sein, des aigrefins, des escrocs, des experts plus ou moins complaisants, plus ou moins honnêtes.
L’enquête journalistique démontre que ce fait est assez répandu. Toujours est-il que deux galeries de premier ordre ont été interdites de FIAC, le grand moment annuel de la foire aux antiquités. Il semblerait également que des commissaires priseurs soient associés à ces opérations frauduleuses. Quel que soit l’objet, quelle que soit sa valeur, mieux vaut acheter pour le plaisir plutôt que pour une spéculation réelle ou supposée. On a ainsi moins de chances d’être déçu.

Thierry Solère. (DR)
Les primaires battent leur plein. A droite, c’est une lutte à mort qui s’engage entre Fillon, Juppé, Sarkozy et Le Maire. Fillon a été fort aimable avec Sarko. Il a recensé ses mises en examen et ses frasques et s’interroge : « imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ? » Au-delà de la cruauté du propos, j’ai envie de rappeler l’affaire « Jouyet-Fillon » qui avait défrayé la chronique. Fillon avait-il, oui ou non, demandé à la présidence de la République, d’activer les enquêtes préliminaires dans les affaires Bygmalion et du dépassement des comptes de campagne de Sarkozy ?
J’ai envie de penser que Jouyet avait sans doute raison et que Fillon était demandeur. Personne, à part les intéressés évidemment, ne connaît la vérité. On ne peut que subodorer, supposer…et attendre les développements de l’actualité. Ils ne manquent pas de survenir, directement ou inconsciemment. Faisons confiance à Fillon pour savonner la planche de celui qui l’avait qualifié de « collaborateur »…

Cahuzac a ridiculisé la gauche. Solère ridiculisera-t-il la droite ? L’organisateur technique de la primaire à droite est poursuivi par Bercy pour fraude fiscale. Le député des Hauts-de-Seine pourra toujours voir la main de je ne sais quel cabinet noir de l’Elysée, il faudra bien à un moment ou à un autre, qu’il s’explique. Je veux bien croire en sa bonne foi mais Cahuzac, les yeux dans les yeux, nous promettait monts et merveilles. Il se trouve que les journalistes de Mediapart ont eu en mains quelques documents fort compromettants pour M. Solère. Au fait, comment a-t-il su avant tout le monde que des enquêteurs souhaitaient consulter sa déclaration de patrimoine ? Ce n’est pas dans les déclarations de patrimoine que les journalistes auront du grain à moudre. J’ai consulté la déclaration de M. Le Maire, député de l’Eure. RAS.

Et pour terminer, la petite dernière trumperie du candidat républicain (décidément cet adjectif ne veut plus rien dire). Il est allé au Mexique pour confirmer la construction d’un mur entre cet état et les Etats-Unis d’Amérique. Vous savez quoi ? Il veut même faire payer le mur par les Mexicains ! Quel toupet ! S’il croit récupérer le vote des Latinos comme cela, il peut repasser. 
Populiste lui irait mieux que républicain. C’est tellement vrai qu’Henry Kissinger, 93 ans, toujours vivant, bien connu pour la guerre conduite au Vietnam, a annoncé qu’il ne se prononcerait ni pour Trump ni pour Clinton. Au fond, c’est une voix de plus pour les démocrates.






29 août 2016

Les politiques devraient cesser de servir la soupe à Daech


Libérer la parole raciste c’est comme ouvrir les vannes d’un barrage. Vous ne retiendrez plus l’eau tout comme vous ne freinerez plus les pires outrances verbales. C’est bien pourquoi si on a fustigé pendant des années le verbe décomplexé d’un Jean-Marie Le Pen (à nouveau condamné ces derniers jours) on devrait adopter la même attitude à l’égard de Nicolas Sarkozy et son entourage. Tous ceux — les personnages publics en particulier — qui ne se contrôlent pas (ou mal), qui choisissent d’opposer plutôt qu’apaiser, qui pratiquent la politique du pire, ne méritent pas la confiance des électeurs(trices). Sarkozy est de ceux-là.

Le restaurateur qui, hier en région parisienne, a littéralement agressé deux femmes voilées (le voile n’est pourtant pas interdit) les sommant de débarrasser le plancher de son établissement (1) a évidemment été inspiré, j’allais écrire autorisé, par le contexte général et surtout par les propos de politiciens imprudents ou cyniques.

Réfléchissons deux minutes. Daech, l’Etat islamique, cherche à tout prix à opposer les différentes religions et à semer la pagaille au sein des démocraties occidentales, symboles aux yeux des fanatiques, du mal absolu et du pourrissement des idées et des mœurs. Selon la doctrine de l'EI les femmes et leurs corps surtout, appartiennent aux hommes et celles-ci doivent leur être soumises. En occident et en France, en particulier, la situation de la femme a changé dans la société. Même si c’est assez récent, les femmes ont conquis des droits qui eussent paru invraisemblables au début du 20e siècle. Hier donc. Non seulement elles votent mais en plus, elles disposent librement de leur corps et maîtrisent leur fécondité.

Que des femmes musulmanes vivant en France ne soient pas prêtes, pour des raisons choisies ou imposées (eh oui la culture !) à adopter le style de vie occidental ne doit pas être condamné par les lois si leur pratique ne porte aucun préjudice à autrui et ne nuit pas à l'ordre public. C’est ce que le Conseil d’Etat a redit avec pertinence dans son ordonnance visant à suspendre l’application des arrêtés pris par les maires contre le port du burkini mais pas seulement. Manuel Valls a tort, lui aussi, de remettre du charbon dans la chaudière en assurant que le débat n’est pas épuisé avec la décision de la haute autorité administrative. Le gouvernement ne légifèrera pas, soit, cela ne dispense pas le chef du gouvernement — comme le fait bien Bernard Cazeneuve — de rester raisonnable et pédagogue. Evitons donc de servir la soupe à Daech, d’alimenter la machine à rumeurs et de lancer des anathèmes. Laissons cela aux fanatiques.

(1) « Les terroristes sont des musulmans, les musulmans sont des terroristes » a-t-il crié

28 août 2016

A louviers, certains dimanches, les amateurs de journaux font ceinture


Avec ses 18 500 habitants, Louviers appartient à la catégorie des villes moyennes. Il arrive qu’elle le soit plus ou moins (moyenne). Prenons un exemple. Pendant plusieurs mois, il était impossible de trouver un journal le dimanche dans cette ville puisque tous les dépôts de presse étaient fermés. Pour lire son journal — j’ai la fâcheuse habitude de tenir à la lecture quotidienne de la presse d’information —les Lovériens avaient le choix entre se rendre au Vaudreuil, aller à Acquigny ou gagner l’aire d’autoroute de Vironvay où le dépôt est bien achalandé. Il arrive qu’on y fasse des rencontres surprenantes. (voir plus loin)

Heureusement, pour pallier un manque évident, les propriétaires du Tabac-jeux La Civette, rue Foch, ont eu la bonne idée d’ouvrir un dépôt apprécié et très fréquenté. Le mois d’août est le mois des vacances, pour les marchands de tabac aussi dont ceux de La Civette, si bien que la pénurie est redevenue la règle obligeant les lecteurs dominicaux à réemprunter des solutions de fortune. Je me suis donc rendu, ce matin, sur l’aire de l’A13 où j’ai croisé des Lovériens souriants d'une part, et fait d'autre part la connaissance, autour d’un café, de familles azéries et tchétchènes qui se rendaient de Paris à Deauville. Entendre parler des langues étrangères m’a toujours fasciné. J’en reconnais un certain nombre, je dois avouer cependant, que l’Azéri ne m’est pas familier. Je bénis ceux et celles, polyglottes, capables de se balader en Europe (et dans le monde) et d’être compris partout ! La rencontre fut cursive et amicale.

Finalement, peut-être vaut-il mieux, pour découvrir ce vaste monde et ses habitants se rendre sur une aire d’autoroute plutôt que de rester les deux pieds dans le même sabot lovérien. Je vais méditer cette belle rencontre d’aujourd’hui et lire le JDD puisque, par bonheur, le stock n’était pas épuisé. Une remarque enfin. J’entends dire que le commerce de notre ville est dans une passe difficile et que la situation générale ne le favorise pas. Pour commercer, la règle N° 1 n’est-elle pas d’être disponible et ouvert aux clients ? Disposer d’un (un seul !) marchand de journaux à Louviers, le dimanche, en toutes saisons ? Est-ce si impossible ?