17 juin 2016

Le meurtre de Jo Cox fait trembler la Grande-Bretagne…quand l'Europe retient son souffle


Jo Cox, députée travailliste, assassinée pour ses convictions.
« Mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente » chante Georges Brassens. Jo Cox, député travailliste de Grande-Bretagne qui faisait campagne pour le maintien de celle-ci dans l’Union européenne est morte, elle, sous les balles d’un extrémiste de droite qui, en plus, l’a achevé à coups de couteau. Cette jeune femme de 42 ans, mère de deux petites filles, épouse d’un conseiller de Gordon Brown — ancien premier ministre — avait, dès son élection en 2015, frappé les membres de la Chambre des Communes par son intelligence et son courage. Ils ne sont pas très nombreux les députés (en Grande-Bretagne ou ailleurs, en France par exemple) à défendre bec et ongles l’accueil digne des réfugiés dans les pays « riches » de l’occident. Angela Merkel, chancelière allemande, a reçu une telle volée de bois vert de la part des nostalgiques du nazisme ou de ses propres collègues de la CDU-CSU, qu'elle sait de quoi il retourne quand on parle d’accueil de l’étranger.

En sortant de sa permanence où elle recevait ses électeurs, Jo Cox a donc été abattue de sang froid par un homme criant « Britain First » du nom d’un mouvement néonazi ardent défenseur du «Brexit». Il est donc possible qu’en 2016 dans un pays démocratique, ô combien, où les droits de l’homme sont vénérés, où la justice est portée au pinacle, de mourir victime de la haine d’un opposant fanatique. Un opposant travaillé par ses propres démons et par les Lucifers à la petite semaine. Ils crient tantôt « on est chez nous » tantôt « j’interdirai l’entrée dans mon pays des musulmans étrangers » tantôt encore « ils nous volent notre pain et nous prennent nos emplois. » Quand la folie meurtrière prend le pas sur la confrontation des idées et des débats, on n'est pas loin d'une société régressive plus proche de l'animalité que de l'humanité. C'est pourtant cette dernière qui fonde les civilisations durables…

A une semaine d’un scrutin décisif pour la Grande-Bretagne et l’Union européenne, le meurtre de Jo Cox sème de l’incertitude et de l’inquiétude dans l’esprit des électeurs et des partis politiques britanniques tous bords confondus. A Bruxelles aussi on gamberge mais pour d’autres raisons. Les bourses européennes baissent face à une éventuelle sortie de l’UE d’un pays considéré comme un grand de l’Europe, la City flippe à l’idée d’une hémorragie financière, les Britanniques qui vivent à l’étranger tremblent de peur de perdre leur statut privilégié leur accordant les droits de tout européen citoyen de l’Union.

Il faut voir plus loin et plus haut que la seule année 2016 ! Je ne dis pas comme Michel Rocard ou d’autres aux idées plus courtes « s’ils veulent partir, qu’ils partent ! » Quel est l’intérêt général de l’Union européenne à 10, 20, 50 ans ? Il est dans l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union avec ses voisins sans passe-droits et sans privilèges.

15 juin 2016

L'hommage à Christian Boucour a lieu ce mercredi


Christian Boucour.
Cet après-midi à 15 heures, aura lieu la cérémonie d’hommage organisée suite à la disparition de Christian Boucour. Décédé à l’âge de 66 ans, il appartenait à une famille lovérienne très connue et très estimée. Son grand-père Edouard Désert, son père Gustave, boucher, rue du général de Gaulle, son frère Pascal, ancien directeur du Crédit du Nord, disparu dans les conditions que l’on sait, ses oncles Maurice et Paul, ébénistes d’art réputés, sa cousine, Chantal Billouin morte dans un accident récent, et Kay, son épouse, qu’il connut lors des échanges opérés dans le cadre du jumelage franco-anglais…concouraient tous, hier et aujourd'hui, à l’animation de la vie lovérienne.
Christian était aussi, après avoir connu une carrière professionnelle réussie, un sportif accompli. Ancien joueur de football de l’USL, il avait opté pour un sport moins « violent » du moins sur le plan purement physique. A l'occasion de son décès, j’ai écrit un billet pour le site de l’association des séniors des golfeurs de Normandie à laquelle il appartenait. Je le reproduis ci-dessous :

« La vie de Christian Boucour ne fut pas un long fleuve tranquille. Les circonstances de sa mort si soudaine, si tragique, illustrent la brutalité injuste de certains destins. Christian, disparu la semaine dernière alors qu’il venait d’apprendre la nature du mal qui le frappait, s’était pourtant préparé au combat. Un combat plus qu’honorable puisqu’il s’agit, au fond, de toujours lutter contre soi-même. On sait pourtant que certains combats sont inégaux. Et celui-là en était un. La maladie fut la plus forte. Elle est venue à bout de ses espoirs en quelques jours.
Nous sommes bien tristes d’avoir perdu un être dont le comportement éthique et la conduite morale étaient irréprochables car Christian était un homme bien. C’est sans doute pourquoi la pratique du golf lui convenait parfaitement : fairplay, étiquette, rigueur, modestie, mais aussi et surtout partage amical composaient notre menu hivernal commun et nos rencontres annuelles au sein de l’association des seniors de Normandie. Chaque mercredi, la phalange des séniors du Vaudreuil, se retrouvait aussi pour des matches plays qu’il n’aurait manqués pour rien au monde. Il est vrai que l’arrière de football de l’USL qu’il avait été lui avait appris à s’obstiner pour devenir meilleur.
Réduire Christian à ses activités de retraité actif sportif serait un peu court. Il faut saluer la mémoire d’un père attentif, d’un mari très présent ouvert au monde, d’un citoyen et d’un Lovérien à part entière. Membre de plusieurs sociétés locales il aimait sa ville et ses soubresauts. Il n’ignorait rien des différences individuelles, des engagements des uns et des autres. Il s’en moquait bien ne voulant retenir que le partage des moments de grâce et de disgrâce qu’un sport, notre sport, suscitent et que la vie citoyenne n’épargne pas non plus. S’il fallait qualifier son comportement quotidien je dirais que Christian était droit, juste, tout simplement honnête. Ce qui est rare dans le monde bouleversé d’aujourd’hui.
Nous voulons assurer Kay son épouse discrète et omniprésente, ses fils dont il me vantait si souvent les mérites, de toute notre sympathie. Nous les assurons, qu’en ces moments de deuil, ils ne sont  pas seuls. »

13 juin 2016

L'homophobie est consubstantielle de l'islamisme radical


Homophobe et islamiste radical. Islamiste radical et homophobe. Peu importe l’ordre des qualificatifs car islamiste radical et homophobe forment un pléonasme. Les djihadistes de tous poils, Al Qaïda, Al Nosra ou Etat islamique boivent le sang des mêmes sources, celui des victimes de forces obscurantistes violentes et passéistes.

A Orlando, Floride, un citoyen américain né de parents afghans a tué une cinquantaine de personnes, hommes et femmes, en a blessé cinquante autres sous prétexte qu’ils (elles) étaient homosexuel(le)s ou présumé(e)s tel(le)s. Crime homophobe, crime de masse revendiqué par les animateurs du califat de l’Etat islamique. Crime d’un homme décrit par son ex-épouse comme brutal, intolérant, totalitaire…

Il s’agit donc, après les attentats de Paris, Bruxelles, Istanbul, Manilles…d’un combat planétaire. Ce combat nécessite ici et partout ailleurs une vigilance de tous les instants. Pourtant, au contraire des préconisations d’un Donald Trump « raciste », l’usage des armes de guerre, leur port, leur acquisition doivent être prohibés. On ne résout pas les problèmes collectifs de cet ordre par des initiatives individuelles de type milice ou sergent vengeur. Il appartient bien aux états d’organiser la défense de nos valeurs démocratiques. C’est au gouvernement et aux forces régaliennes (renseignement, police, gendarmerie, douane, justice) de traiter les coupables…de ces crimes odieux, aveugles.

C’est bien pourquoi les mots ont tellement d’importance et pourquoi certaines paroles peuvent conduire aux pires extrémités. Les tweets de Christine Boutin ou des opposants au mariage pour tous exprimant ce jour de la compassion pour les victimes d’Orlando, ne sont pas sincères. On ne peut pas allumer des mèches et se désintéresser des conséquences des explosions. On ne peut pas évoquer « l’abomination » (1) que représente l’homosexualité et verser des larmes autres que celles de crocodile. Les morts et les blessés d’Orlando sont les victimes d’une cause qui les dépasse et les honore tout à la fois : celle du droit à la différence et du libre exercice par chacun(e) de ses orientations sexuelles. En Amérique ou ailleurs.

(1) Christine Boutin a d’ailleurs été condamnée pour ses propos de « haine ».

« Non, M. Lecornu, l'Eure ne veut pas de votre école « low cost » »

A quand la non fermeture du collège Mendès France ? (photo archives JCH)
Réunie en Bureau Fédéral, la Fédération du Parti Socialiste de l’Eure a condamné la décision prise par le Président du Conseil Départemental de fermer deux collèges eurois : Pablo Neruda à Evreux et Pierre Mendès France à Val-de-Reuil. De manière particulièrement choquante, ces deux établissements ont été rayés brutalement de la carte scolaire selon une logique étroitement comptable sans prendre le moindre avis pédagogique, sans consulter à un seul moment les autorités compétentes, rectorat et direction académique, grossièrement mises devant le fait accompli, sans en informer les communautés éducatives, parents, élèves, professeurs, traitées avec mépris. Au-delà de la méthode désinvolte à l’égard du monde de l’enseignement et symptomatique de cette gouvernance faussement décontractée, qui tient lieu désormais d’attitude au CD27, cette décision acte le tournant pris par la droite de démanteler les politiques éducatives et culturelles également indispensables aux habitants des quartiers les plus fragiles de notre département :

Parce qu’elle vise les deux seuls établissements classés réseaux d’éducation prioritaire du département, où ils participaient au maintien de la cohésion sociale notamment dans ces quartiers de grande pauvreté, de grave précarité, où vivent de nombreuses familles fragiles. Ce sont donc les deux collèges qui accueillent les populations les plus défavorisées du département que la droite a décidé de raser, perdant les crédits de fonctionnement et les moyens qui allaient avec. Par cette décision, plusieurs centaines de collégiens, à Evreux comme à Val-de-Reuil, ne bénéficieront plus du niveau de soutien, d’aide et d’encadrement qui permettait de corriger injustices et inégalités. Sébastien Lecornu a décidé de frapper sciemment deux quartiers dont l’électorat ne lui est pas promis, deux territoires dont les suffrages ne lui seront très probablement jamais acquis. C’est une décision tactique, opportuniste et politique. C’est un choix politicien d’un Président qui sert d’abord les intérêts de ses amis des Républicains. Ce n’est ni digne ni correct pour celui à qui a été confié l’intérêt général et les services publics locaux.

Parce qu’elle déstabilise des territoires et détruit leur homogénéité éducative au profit d’une carte scolaire remaniée dans une improvisation qui frise l’amateurisme : alors que M. Lecornu parle d’ordre et de discipline, il organise une vraie insécurité. Où et dans quelles conditions seront accueillis les centaines de collégiens qui étudiaient jusqu’à présent dans ces deux établissements ? Des élèves entassés dans des locaux inadaptés, des enfants empilés dans des cours de récréation, des postes d’éducateurs et de conseillers d’éducation disparaîtront, on entassera les élèves à 30 par classe. Ce sont non seulement les deux établissements directement concernés qui payeront les pots cassés de cette politique de gribouille, mais aussi tous ceux qui, autour, vont devoir compenser cette disparition et vers lesquels on va transférer les élèves de Neruda et Mendès France. On va créer des collèges ghettos et fragiliser des établissements qui connaissaient une certaine réussite comme Michel de Montaigne au Vaudreuil. On connaissait la préférence de la droite pour une justice de classe. On la découvre dans l’Eure adepte d’une éducation à deux vitesses.

— Parce qu’elle est, par désinvolture, incompétence ou arrogance, en train de détruire l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire. Il faut bien réaliser que le Président/collaborateur de député qui, depuis 15 mois, dirige l’Eure du haut de ses 29 ans, mastère de droite en poche, refuse de s’adresser au monde de l’enseignement et n’a pas daigné siéger une seule fois au Conseil Départemental de l’Education, instance stratégique de l’Education Nationale dans le département. C’est la preuve d’un désintérêt pour les enjeux éducatifs qui ne sont plus une priorité sur notre territoire.

Parce qu’elle méprise le travail des enseignants et plus généralement de l’ensemble de la communauté éducative. C’est un manque de considération global pour le travail réalisé dans les écoles. La droite préfère une politique éducative « low cost », une politique éducative au rabais dans laquelle les collégiens eurois ne sont que des unités sur des mètres carrés. On compte les surfaces au sol mais on ignore volontairement les projets pédagogiques développés pour aider chaque jeune à s’épanouir et se construire. La réalité d’un collège est tout autre. Il suffit de fréquenter ces établissements, de les visiter et d’y pénétrer dans d’autres occasions que les inaugurations pour s’en rendre compte. C’est un lieu de promotion sociale où l’acquisition des savoirs et de la connaissance permet de trouver sa place dans la société indépendamment de son origine ou de son milieu. C’est la fin de l’ascenseur social.

En fermant deux collèges de notre département, Sébastien Lecornu s’en prend à un pilier de notre modèle républicain. Les socialistes, fidèles aux valeurs d’égalité et de solidarité partout dans tous nos territoires, s’opposent à cette casse de l’école et appellent toutes celles et ceux, enseignants, parents, associations, qui sont attachés à une école de la réussite pour chacun à manifester leur opposition le lundi 20 juin à 9 heures devant le Conseil Départemental.