11 juin 2016

« J’ai pour seule richesse mon papier et mes crayons » Maurice Pons « Les Saisons »


Maurice Pons en 1976.
D'autres diront mieux que moi quelle fut la place (importante) de l’œuvre littéraire de Maurice Pons, mort ces derniers jours des suites de maladie, dans l’histoire des écrivains français. Ils seront mieux à même d’y lire ce mélange de fantastique et de rêverie poétique propre à cet homme d’une trempe d’exception dont je ne souhaite retenir que les rapports amicaux tissés au fil des décennies dans une loyauté et une fidélité à toute épreuve.

Avec des amies, déjeuner devant le Moulin
J’ai le souvenir — ancien — de ce chauffeur à la voiture rouge qui venait chercher les enfants de Suzanne Lipinska, sa muse de toujours, à la sortie des classes du lycée de Louviers. Il me subjuguait déjà mais j’ignorais alors combien Maurice Pons menait tambour battant et plume magique sa carrière d’écrivain, de traducteur, de scénariste, de…militant antifasciste et antiraciste, favorable à l’émancipation des peuples. Le manifeste des 121 (1) faisait alors les gros titres des journaux. Justement, une journaliste du Monde écrivait, hier, comment Maurice Pons est passé de l’admiration qu’il portait à Jules Romain à une carte du Parti communiste dont il resta jusqu’à la fin de sa vie un compagnon de route lucide.

Au Moulin d’Andé, — « il s’est éteint sereinement là où il a toujours vécu, écrit, pensé, rêvé » comme l’écrit si bien Suzon, la présence de Maurice était partout. Elle régnait surtout dans son coin à lui, en prise directe sur la prairie et la Seine, dans cette chambre qui lui servait à la fois de bureau, de standard téléphonique, de salon de réception et de lieu de fête. J’y ai rencontré tant d’hommes et de femmes à l’intelligence vive, issus des mondes de la presse (une presse qu’il consultait quotidiennement) ou littéraire car Maurice ne s’embarrassait pas des habitudes ou des manies qu’on prête trop vite à ceux qu’on connaît mal. Des musiciens, des peintres, des sculpteurs, des circassiens, des plasticiens, des comédiens (Ah Simone Signoret…), des écrivains, des politiques aussi, se pressaient chez lui où il les attirait pour remplir un livre d’or devenu la mémoire vive du Moulin d’Andé. C’était ainsi : il voulait marquer pour la postérité l’histoire collective du Moulin au travers des destins individuels durables ou éphémères. Ces livres d’or, ils sont le beau récit d’une aventure née pendant les trente glorieuses dont Suzanne Lipinska et Maurice Pons demeurent à tout jamais les auteurs d’un labeur, véritable défi au temps qui passe. Rien ne mourra donc jamais totalement puisque leur œuvre commune leur survivra.
Avec le peintre Vladimir Bougrine sur sa terrasse.

Maurice Pons, qu’on le veuille ou non, s’il était né à Strasbourg, était assez Parisien. Le Paris du quartier latin, le Paris des concours littéraires, le Paris du mouvement. Le Paris du travail, des relations avec les éditeurs, le Paris de la rue de l’Université où il possédait un pied à terre pour les besoins de son métier. Le Moulin d’Andé fut donc pour lui un refuge permanent, un lieu d’amour, de tendresse, un lieu familial, une résidence, d’artiste certes, mais surtout d’amitié, de création car d’écriture et d’échanges. Il aimait raconter comment, pour « la Disparition » de Georges Pérec, les résidents avaient pour tâche de construire des phrases sans la lettre E, travail commun en forme d’élucubrations oulipiennes.

Maurice Pons sut, au fil des années, se rendre indispensable tant il connaissait les habitudes des uns, les petites manies des autres et les susceptibilités qui font le commun des hommes et des femmes singuliers. Il écrivait, bien sûr, mais il manifestait envers Suzanne une attention si grande qu’il croyait la protéger quand c’est sur lui, Maurice, que Suzanne veillait…Et les soirées télé mémorables, les repas où chacun donnait du sien, les fêtes du Moulin de juin, les discussions interminables sur des domaines aussi variés que l’émancipation des peuples, les données géopolitiques, la vie littéraire, la psychanalyse ou l’avenir de l’URSS…

Lucienne Hamon accueillie au Moulin par Suzon et Maurice.
Je le revois à sa table, entouré de ses objets familiers, de ses cendriers (du moins quand il fumait encore) de son coupe-papier légendaire et des œuvres qui jalonnaient ses relations avec les artistes. Je revois les tableaux de Pierre Garcette, sa collection de cartes postales, tous ses livres et ceux des autres où il puisait son immense culture avant de lire « le Monde » daté du jour dont « bénéficient » si je puis dire les provinciaux. Je salue son imagination fertile, celle qui pouvait donner naissance aux « Saisons » dont Denis Lavant lut quelques pages en 2014 permettant de mieux apprécier le style ciselé de l’artisan attaché au mot précis, à la phrase juste, cohérents avec l’histoire globale du roman. « Ecrire c’est facile, disait-il, tous les mots sont dans le dictionnaire. La difficulté c’est de bien les agencer. » De leur donner un sens et de la vie. Avec « Les Saisons » Maurice Pons fut « Goncourable »…et de ce roman naquit un petit club d’initiés comprenant les admirateurs (trices) de cet écrivain inventeur d’histoires fantastiques et fantasmatiques. Dans la liste de ses livres, il ne faudrait pas oublier Rosa, Mlle B, les Souvenirs littéraires, les Virginales, les Mistons dont François Truffaut tira un court métrage non plus que son recueil de nouvelles primé par l’Académie…L'Académie ? Quelle horreur ! Son verbe était si élégant, son style si inscrit dans la tradition de notre belle langue et si travaillé que les hommes en habits verts ne pouvaient pourtant que lui décerner leur prix !

La vie de Maurice Pons, né en 1925, fut tellement riche. Pas riche de possession, pas riche de domination mais riche de relations fortes et sincères, de sentiments, et surtout de toute cette prose passionnée à partager. A l’heure de sa mort et maintenant qu’il est passé dans l’au-delà païen, j’aimerais que les lecteurs de ce blog conservent le souvenir d’un homme qui avait « pour seule richesse mon papier et mes crayons » (2). Qu’on en juge encore : « C’était un dimanche matin et comme tous les matins, je m’étais réveillé à huit heures vingt. Ni huit heures et demi, ni huit heures et quart, non, huit heures vingt. Il se trouve niché quelque part en moi, dans ma tête ou dans mon cœur, ou dans mes yeux, une sorte de déclic qui me fait resurgir à la vie chaque jour très exactement à la même heure. L’heure de ma naissance, je présume. J’ai souvent sur ce point interrogé ma mère mais je n’ai pu obtenir que des réponses imprécises…»
Enfin quand je dis « réveillé », j’exagère un peu. J’étais dans cet état, extrêmement plaisant qui se situe entre le sommeil et la veille. Immobile dans mon lit, allongé sur le dos, les yeux à demi ouverts, je reste longtemps à contempler en rêvassant les grosses poutres équarries du plafond. Sous les lumières de l’aube qui commence à filtrer à travers les rideaux de toile rouge, dans le silence de la maison endormie, je ne me lasse pas d’étudier les paysages que dessinent les nœuds éclatés dans le cœur du chêne, les fentes, les crevasses, les traces de gélivures qui marquent les frontières de l’aubier. J’y découvre des archipels inconnus, des coquillages étranges, de troublantes noctuelles. L’une a la forme enjouée d’un jeune pubis à peine nubile, une autre affecte les contours d’une oreille facétieuse… »
Extrait de l’île engloutie texte de Maurice Pons d’après un tableau de Paul Klee.
Un extrait des « Saisons ».

Le corps de Maurice Pons sera incinéré cette semaine. Sa belle et longue vie sera évoquée par ses proches, ses amis, au cours d’une cérémonie intime. Comme Christine Lipinska qu’il adorait, nous serons nombreux à nous poser cette question : « Comment imaginer que Maurice Pons n’est plus au Moulin d’Andé ? » La réponse est simple : personne ne peut l'imaginer.

Maurice Pons acteur dans un film de Christine Lipinska.

(1) 121 acteurs, écrivains, artistes publièrent un texte pour demander qu'on mette fin à la guerre d'Algérie et, surtout, qu'on autorise l'insoumission. Cette initiative vers l'indépendance de l'Algérie valut à Maurice Pons d'être invité aux cérémonies célébrant le trentième anniversaire de cette indépendance.
(2) Cette phrase est prononcée par Siméon, héros principal des Saisons.


7 juin 2016

La fermeture du Collège Pierre Mendès France à Val-de-Reuil : « une décision injuste, inepte, irréfléchie et irresponsable »


Vue partielle de Val-de-Reuil en I982. (photo Jean-Charles Houel).
Je savais que M. Sébastien Lecornu, président du conseil départemental n’était pas bon mais j’ignorais à quel point il pouvait être mauvais. En décidant, sans vote du conseil réuni en séance plénière, de fermer définitivement le collège Pierre Mendès France de Val-de-Reuil, M. Lecornu commet une faute contre l’intelligence pour des raisons évidemment politiques ce qu’il contestera sur la forme sans convaincre qui que ce soit.
Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil exprime, ci-dessous, une colère bien légitime. Comment accepter la disparition d’un collège du territoire de sa commune quand ce collège porte le nom d’un éminent homme d’Etat originaire de l’Eure, qu’il s’inscrit pleinement dans la mémoire de la ville, et joue évidemment un rôle essentiel au sein du réseau d’éducation prioritaire, élément fondamental de l’ascenseur social.
J’ignore si les actions que ne vont pas manquer d’entreprendre les élus de Val-de-Reuil mais également certains maires des communes concernées, permettront de remettre les idées de M. Lecornu à l’endroit. Le fait est qu’ils ne doivent pas être nombreux en France, les élus conduits à fermer des collèges quand le bon sens voudrait qu’on les rénove s’ils ne sont plus adaptés. Peut-être M. Destans, ancien président du conseil général, se mord-il les doigts pour avoir trop tardé dans son programme de rénovation rolivalois. Décidément, Val-de-Reuil sera toujours dans le collimateur de la droite !

Le communiqué de Marc-Antoine Jamet :

« On n'ignorait pas depuis son élection — et même avant — l’actuel conseil départemental fâché avec le monde de l’éducation, de l’école, des études. La preuve en est administrée puisque l’Eure, dirigée par la Droite, n’a eu de cesse, hélas, d’en  diminuer les budgets comme elle s’en est prise à ceux de tous les services publics locaux. On sentait la récente majorité par nature, par conviction conservatrice, peu amie des professeurs, des instituteurs et des maîtres. Il ne fallait pas être grand clerc pour le deviner. Elle n’en compte quasiment aucun dans ses rangs. On mesurait, à chacun de ses gestes, à chacun de ses mots, le divorce définitif qui existait entre le jeune Président du CD27 et toute idée de pédagogie, de culture ou d’enseignement. Ressentiment personnel ou obscurantisme idéologique, il ne voulait manifestement pas de cet ascenseur social pour la République. L’extrême brutalité avec laquelle il s’en était pris, dès l’aurore de son règne, comme s’il n’y avait pas d’autres priorités, aux élèves désirant parfaire leur connaissance des langues par un séjour à l’étranger, supprimant les bourses qui leur étaient destinées, en témoignait clairement. Pourtant, cela ne lui a pas suffi pas.

M. Lecornu vient avec la même violence de rayer de la carte scolaire plusieurs collèges de l’Eure. Pierre Mendes France, à Val-de-Reuil, en fait malheureusement partie. Devant cette décision purement arbitraire, puisque le crypto-maire de Vernon s’est arrogé, sans la moindre légitimité pour le faire, un droit de vie ou de mort sur des établissements que, selon son bon vouloir du moment, alternativement il reconstruit ou démolit, deux étonnements d’abord. Le premier est éthique. On veut espérer que ce n’est pas le nom d’un homme juste, efficace et intègre que le nouveau monarque départemental a voulu effacer, que ce n’est que, par ignorance, inadvertance ou désinvolture, bref involontairement, que, dans la circonscription qui l’a tant aimé, il fait disparaître d’un claquement de doigt énervé un symbole de l’intelligence et de grandeur de l’Eure. Cet exemple en forme de contrepoint ne lui était quand même pas à ce point insoutenable ? Le second est professionnel. On découvre, à cette occasion, les talents profondément cachés et les savoir-faire parfaitement insoupçonnés de l’ancien/toujours attaché parlementaire de M. Lemaire. Il s’enorgueillissait naguère d’être gendarme de réserve. Le voici également devenu recteur par auto-proclamation et par raccroc.
En effet, cette décision sans doute improvisée un soir de banquet, sur le coin de table des primaires de l’ex-UMP, n’a fait l’objet d’aucune consultation, ni du terrain et je pense avant tout aux directeurs des écoles qui dépendent du collège Pierre Mendès France, ni des autorités académiques compétentes, rectorat et DASEN qui ont appris le caprice de l’exécutif/exécutant départemental en lisant le journal, ni des élus qui représentent au quotidien la population du territoire concerné et dont l’avais a été méprisé. Pas une minute de concertation avec la communauté éducative, les formateurs, les parents, les collégiens. Pas une seconde pour prendre le conseil ou consulter ceux qui, à l’éducation nationale, sont en charge de nos enfants. Un despotisme pas même éclairé. La méthode n’est pas seulement détestable. Elle est nulle.

Quoi qu’il en soit, après avoir juré, croix de bois, croix de fer, qu’il écouterait les arguments du Maire de Val-de-Reuil avant de faire son siège, après avoir promis d’attendre pour se déterminer les informations que lui donnerait le conseiller départemental de Val-de-Reuil Jean-Jacques Coquelet, après que l’un de ses directeurs généraux a affirmé, 24 heures seulement avant l’annonce de cette suppression qu’elle n’était pas à l’ordre du jour, une courte lettre a suffi au Jupiter ébroïcien pour accomplir son forfait. Il est vrai qu’il ne s’agit « que » de la formation de nos enfants. Pourquoi perdrait-on du temps ? Pourquoi prendre des gants ? Pédagogie, éducation prioritaire, réseau, soutien sont des gros mots manifestement  inconnus de la collectivité départementale et du vocabulaire politique de son chef. Tout cela a donc été écarté d’une main molle et ennuyée.

Pour masquer sa très grande légèreté, M. Lecornu évoque en vieux cheval de retour, malgré son âge encore tendre, en politicien roué, malgré sa relative virginité élective, dans un grand fourre-tout, censé camoufler son absence de jugeote, de jugement et de justice, à la fois l’héritage de son prédécesseur qu’il met décidemment sans la moindre élégance à toutes les sauces les plus nauséabondes, le danger que représente les CES de type Pailleron que la déconstruction de Pierre Mendès France ne rendra pourtant pas moins inflammables, un nombre trop faible d’élèves et la sécurité du collège rolivalois. Ces deux derniers points méritent qu’on s’y arrête. « Qui veut noyer son chien dit qu’il a la rage ». PMF n’était pas le seul à connaître de faibles effectifs, mais il était, cas unique dans le département, entouré de 250 logements en construction. Ajoutons que, depuis des lustres, on sait que de nombreux enfants habitant les communes voisines parcourent à des horaires déments des centaines de kilomètres en car chaque semaine simplement parce que la carte des transports scolaires n’a pas été réajustée depuis la création de la Ville Nouvelle. Autant de solutions pour l’avenir. Quant à l’ordre et la discipline, il n’y avait aucun problème sur ce plan et avec mon équipe nous nous attachons avec assez de volonté à les maintenir pour trouver déplacé qu’un élu d’un territoire où la police nationale éprouve de lourdes difficultés m’en fasse la remarque incongrue. Non tout cela n’est que coquecigrues et billevesées. Cette décision reste irréfléchie, irresponsable, illogique et injuste.

— Elle est irréfléchie, parce qu’elle a été décidée, comme l’ont été nombre d’actes du département depuis deux ans, par un homme seul, sans expérience, sans évaluation, sans raison. Pas le moindre débat dans l’hémicycle d’Evreux. Un flou certain entoure ce mauvais coup. Que feront les écoles qui effectuaient un travail de proximité avec le collège Pierre Mendès France ? Où scolarisera-t-on un élève qui ne pourra plus l’être à Alphonse Allais, l’autre collège de la Ville ?

— Elle est irresponsable parce qu’elle fait fi d’un réseau d’éducation prioritaire performant (et des crédits qui vont avec), parce qu’elle ignore royalement que cet établissement avait été fait premier collège numérique du département, parce qu’elle méprise le travail des professeurs qui, au plus près d’élèves venant d’une population souvent en situation de grande pauvreté, font un travail remarquable.

— Elle est illogique parce qu’elle crée sur la dalle que l’ANRU, financée par le département de Jean-Louis Destans, avait magnifiquement réhabilitée, au contact de la Gare où se construit le développement immobilier de la Ville, une friche administrative dont nul n’imagine le devenir. Avec un cynisme consommé, le président du Conseil départemental propose même que ce soit sur l’enveloppe du Plan National de Rénovation Urbaine de Nouvelle Génération, le PNRU2, que l’on ponctionne les crédits nécessaires à une réaffectation de ces bâtiments, ce qui signifierait moins de moyens pour réhabiliter le logement, moins de moyens pour moderniser les services municipaux, moins de moyens pour améliorer les espaces publics de Val-de-Reuil qui ont un besoin vital de cette ressource qui, loin d’être une cagnotte, est dédiée à la correction des déséquilibres initiaux dont souffre la Ville. Un élu qui connaîtrait l’Histoire ce cette partie de l’Eure ne peut à ce point l’ignorer.

Non, à moins d’un an de deux élections générales, cette décision est tout simplement injuste. C’est un mauvais coup porté à la Ville la plus pauvre du département. On renoue avec la vieille politique de droite qui avait conduit l’un des  prédécesseurs de M. Lecornu, M. Collard, à construire de quelques mètres ridicules le troisième collège de Val-de-Reuil au Vaudreuil qui accueille donc en majorité des Rolivalois. C’est n’avoir aucune idée de ce qu’est l’aménagement d’un territoire et comment on peut remédier par le service public à ses inégalités. C’est n’avoir qu’une vision étroitement comptable de l’école et ne pas comprendre qu’elle est un outil de promotion pour ceux qui n’ont pas connu à la naissance la richesse d’un héritage. C’est ne rien comprendre aux difficultés urbaines. C’est agir en gribouille et penser en oiselet.

Parce que nous croyons en la nécessité d’une école forte et vivante, nous refusons cette mesure arbitraire et nous nous opposerons par tous les moyens à la fermeture du collège Pierre Mendès France. »


6 juin 2016

Du chagrin et de l'émotion à la cérémonie d'obsèques d'Ida Tombrey-Duguet…


J’ai déjà écrit, ici, combien Ida Tombrey-Duguet comptait d’amis et de relations à Louviers. La preuve en été administrée ce matin au crématorium d’Evreux où une foule énorme avait tenu à assister à la cérémonie d’obsèques de celle qui, dès aujourd’hui, nous manque terriblement. J’ai à l’oreille les mots si tendres et si sensibles que Baptiste et Cyril, ses deux fils, ont eu la force de prononcer avant que la dépouille d’Ida disparaisse de nos regards mais pas de nos pensées. Axel, Leslie, d’autres encore, effondrés par le chagrin, ont su donner un visage à la bonté.
Cette maman si attentive et si précieuse avait placé haut son rôle d’éducatrice certes mais surtout celui d’une personne dévouée à la cause de ses enfants et des enfants du monde. Ida épousait toutes les bonnes causes tant elle débordait de ce surplus d’âme qui fait de certaines personnes de belles personnes. De son esprit et de son attitude émanait ce qui fait, en effet, une personne généreuse, aimant la vie, attachée à la justice, combative quand il s’agissait de faire triompher ses idées ou ceux et celles qui les portaient. Il ne faut pas chercher ailleurs la présence si diverse ce matin des personnalités et membres de tant d’associations lovériennes au sein desquelles elle déployait tous ses talents. Nous conserverons le souvenir d’Ida, une femme remarquable, que Louviers perd à tout jamais. (1)

Après cet hommage, le texte qui suit semble totalement inapproprié. Mais la mort ne chasse pas la vie. L’information, donc, est totalement passée inaperçue pour ceux et celles qui ne sont pas abonné(e)s à Mediapart. Elle est pourtant d’une grande importance. Les juges chargés de valider ou non la thèse défendue par Mediapart depuis des années ont validé cette dernière après maintes expertises et surtout maintes contestations du clan Sarkozy.
Mediapart affirme ainsi depuis longtemps qu’un document signé de Moussa Kassa, un proche du dictateur libyen Kadhafi, est un document authentique. Ce document prouve que le chef libyen s’était engagé à verser 50 millions d’euros pour la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy. Ce dernier a pourtant déclaré que ce manuscrit était un faux, il a parlé de fable, d’où les poursuites engagées contre Mediapart. Tout dans ce document atteste pourtant de sa validité. La forme, le style, les témoignages et surtout les déclarations des très proches de Kadhafi avant qu’il ne soit, sans doute, exécuté par une balle française.
Certes, Nicolas Sarkozy va pouvoir faire appel de la décision des juges d’instruction qui ont validé le document et prononcé un non lieu. Mais la tâche de ses défenseurs s’annonce difficile voire impossible. Alors que l’ancien président aurait pu poursuivre les journalistes pour diffamation, il a préféré cette voie de « faux et usage de faux » visant à rendre non productive une pièce essentielle du dossier. Mediapart aurait pu être abusé. Depuis toujours, ses journalistes affirment que leur source était fiable et le document vrai. Les juges leur ont donné raison. Attendons la suite, elle s’annonce passionnante.

A la veille du match d’ouverture du championnat d’Europe de football des nations, la polémique « Benzema » n’a pas pris fin. L’avant-centre du Real Madrid, l’une des perles du champion d’Europe des clubs, n’a pas, pour une sale histoire de sexe tape n’a pas été retenu par le sélectionneur Didier Deschamps. Bien des commentateurs, à commencer par le Premier ministre — celui-là même qui avait déclaré faire une confiance totale à Michel Platini ! — considèrent que les footballeurs de haut niveau doivent être exemplaires et, à ce titre, exempts de toute tache. Comme les ministres, les parlementaires et tous ceux qui aspirent à représenter leurs concitoyens. Le quinquennat Hollande n’a d’ailleurs été marqué par aucun scandale ni aucun problème avec le fisc. N’est-ce pas M. Cahuzac, n’est-ce pas M. Macron etc. L’exemplarité commande de balayer devant sa porte.
Revenons à Karim Benzema. La polémique a enflé après les déclarations d’Eric Cantona et celles de Djamel Debouze accusant à demi-mot, le staff des cadres de l’équipe de France d’être plus ou moins raciste. Les bonnes âmes ont crié au scandale ! Les spécialistes du football ont juré leurs grands dieux que ni Deschamps ni aucun autre sélectionneur ne pouvait être accusé de racisme.
Allons donc. Depuis les attentats de janvier et novembre 2015, les musulmans en particulier et les Arabes en général ne sont pas bien vus. Ce sentiment grandit dans la population et tous les sondages le montrent ainsi que le vote FN. J’ai toujours affirmé sur ce blog que le vote Le Pen était avant tout motivé par rejet de l’autre. Et cela ne va pas en s’améliorant. Si Benzema seulement avait été évincé de l’équipe…mais Ben Harfa ? Qu’a-t-il commis comme péché ? Les savants précisent qu’il ne rentre pas dans le schéma du système tactique mis au point par Deschamps. Je ne suis pas assez savant moi-même en technique sportive pour juger du bienfondé de cette assertion. L’avenir nous dira si Didier Deschamps a eu raison de se priver du talent du joueur de l’OGC Nice sur lequel lorgnent bien des clubs européens de première importance.

(1) En rendant compte récemment de la cérémonie d'hommage à Florence Valet, j'ai omis de citer Sévy Golden et sa compagne. J'ai eu tort car leur apport musical et la qualité de leurs voix ont magnifiquement rehaussé ce moment de communion…dans l'amitié et le souvenir de Florence.